Séjour à Nauplie : ravissante cité de la Grèce libérée
[Carozine voyage dans le Péloponnèse, en utilisant les moyens de transport locaux - L'Argolide et la ville de Nauplie /Nafplio - Grèce]
28Oct.2015
Carozine se promène dans le Péloponnèse : Nauplie /Nafplio
Et si, en ces journées automnales, je vous proposais de prolonger un peu l’été et de repartir au soleil ? Ce ne serait pas de refus, n’est-il pas ? Allons-y gaiement, alors, et reprenons notre périple (abandonné nonchalamment en cours de route) dans le Péloponnèse, parce qu’il faut toujours achever ce que l’on a commencé ! Un peu de principes, non mais des fois. Comme cela fait quelques temps, déjà, revenons un peu en arrière : après quelques jours dans la ville balnéaire de Kalamata (en Messénie), nous étions donc arrivés dans le ravissant village de pêcheurs qu’est Pylos, toujours en Messénie. De là, nous reprenons nos pérégrinations en utilisant les moyens de transports locaux : direction la microscopique station de bus KTEL du village (nichée entre la station essence et la boulangerie, ouverte quelques heures par jour : prenez vos billets avant !) pour nous rendre dans la ville de Nauplie, en Argolide. Après un premier arrêt du bus à Kalamata (ce qui n’était pas réellement prévu au programme mais, en Grèce, il faut s’avoir s’adapter et baragouiner !), nous parvenons à Tripoli (où il n’y a strictement rien à voir), pour notre changement en direction de Nauplie (Ναύπλιο en VO dans le texte).
Carozine découvre le Péloponnèse à pied (du moins, en utilisant les moyens de transport locaux, dont les bus KTEL)... Quatrième étape : Nauplie /Nafplio
Nous arrivons dans la cité, capitale de l’Argolide, sous un soleil radieux, après avoir longé la mer. Il faut bien admettre que si le bus KTEL n’est pas le plus pratique des moyens de transport (et mieux vaut être zen quand il s’agit de faire des changements), il a du moins le mérite de nous faire voir les magnifiques paysages du Péloponnèse, entre montagne, falaises escarpées et mer miroitant au soleil. Une merveille !
Carozine découvre le Péloponnèse : Nauplie /Nafplio [Grèce - Argolide]
Voyage dans le Péloponnèse - Argolide : Nauplie, la cité tranquille et marbrée
La vieille ville de Nauplie
A notre arrivée, en plein après-midi, les ruelles sont désertées (traditionnelle sieste oblige, avant de reprendre pour la soirée) et le soleil embrase les pavés de marbre (on ne fait pas les choses à moitié en Grèce !)… et ce n’est qu’à notre arrivée à l’hôtel (sur la place centrale de la vieille ville de Nauplie : la place Syntagmatos) que nous comprenons la structure de la ville : la cité de Nauplie est un enchevêtrement de ruelles qui sillonnent et se nichent à flanc de montagne. La ville de Nauplie (qui doit son nom à l’un des fils de Poséidon, Nauplios) est dominée par le rocher Palamède (père des inventeurs et petit rejeton de Poséidon) sur lequel s’encastre une magnifique forteresse vénitienne, sentinelle du golfe Argolique.
Nauplie ... quatrième étape de ce voyage en utilisant les moyens de transport locaux [Grèce - Péloponnèse - Argolide]
Séjour à Nauplie /Nafplio (pourquoi choisir ?!) : un brin d’Histoire, histoire de (« I’m on fire »)
La porte de l'ancienne cité de Nauplie
Passons rapidement sur sa création (par le fils de Poséidon, donc, si vous suivez bien…!) et sa domination par la ville d’Argos, pour sauter directement au VIe siècle, où les Byzantins utilisèrent l’Akronauplie (promontoire naturel dominant la cité de Nauplie) pour y cantonner leurs troupes… ce n’est, cependant, qu’en 1180 que l’Akronauplie sera fortifiée, avant d’être assiégée et récupérée par Geoffroi 1er de Villehardouin (souvenez-vous, on l’a déjà aperçu dans l’Histoire de Kalamata : on lui avait confié les clefs de la ville), soutenu par les Vénitiens. En 1389, la ville de Nauplie /Nafplio est tout bonnement vendue aux Vénitiens et, renommée Napoli di Romania, elle devient une étape cruciale de la route commerciale vers l’Orient… alors, forcément, elle attire les convoitises ! Nauplie subira de nombreuses modifications et verra ses fortifications renforcées, notamment avec l’îlot Bourdzi, petite forteresse baignant dans le port. La menace ottomane faisant son travail, les populations fuient rapidement les villages voisins pour trouver refuge à Nauplie : la ville nouvelle, aux pieds du piton rocheux de Palamède, est alors fondée.
Nauplie surplombée par le promontoire de l'Akronauplie (et son hôtel abandonné)
La forteresse vénitienne de Nauplie
Comme toujours en Grèce, les troupes ottomanes débarquent en force et les fortifications de Nauplie ne tiennent pas longtemps face à Soliman le Magnifique, en 1540… avant d’être reprises par Francesco Morosini (qui construit la forteresse actuelle)… puis re-re-prises par les Ottomans, en 1715, entraînant la chute du Péloponnèse. La cité de Nauplie sera alors mise à sac régulièrement par les mercenaires albanais, à la botte de l’Empire ottoman et censés lutter contre la Russie. J’aime autant vous dire que les Grecs ne l’entendirent pas de cette oreille : les insurgés entamèrent un blocus, en 1821, poussant les Ottomans à se rendre, en 1822, aux forces de Theodoros Kolokotronis (déjà, lui aussi, aperçu dans les précédents chapitres de notre séjour dans le Péloponnèse). Nauplie deviendra alors la capitale de la Grèce libérée, jusqu’en 1834 (date à laquelle elle cède le pouvoir à Athènes). Pendant cette période, la ville de Nauplie se sera transformée à vive allure : bye bye les maisons en bois de style ottoman, et bonjour le style néoclassique !
La place Syntagmatos, coeur de la vieille ville de Nauplie, sa vue imprenable sur l'Akronauplie et son clocher
Découverte de Nauplie : un peu de tourisme local
Les icones de la fécondité, musée archéologique de Nauplie
Puisque notre hôtel s’y trouve, commençons nos déambulations dans les ruelles de la vieille ville par la place Syntagmatos, où se trouve un ancien arsenal vénitien dans lequel s’abrite le musée archéologique de Nauplie (à voir, notamment pour la cuirasse en bronze, plutôt impressionnante dans son genre mais que je n’ai pas été fichue de prendre en photo —en échange, vous avez les icones de la fécondité qui m'amusent toujours beaucoup avec leurs bras levés comme lors d'un hold-up). La place Syntagmatos est bordée de terrasses de café et, le soir, les enfants viennent y jouer au foot… quand il n’y a pas un concert. Depuis la place, il ne vous reste plus qu’à emprunter l’une des nombreuses ruelles de la ville, admirer les maisons agglutinées les unes contres les autres, et vous perdre au gré des escaliers reliant les ruelles les unes aux autres.
Le golfe Argolique, baignant la cité de Nauplie /Nafplio
En rejoignant le port et son bord de mer peuplé de cafés (le quai Bouboulinas), vous pourrez observer l’îlot Bourdzi, et vous diriger jusqu’au bout de la promenade, qui s’achève en un sentier sillonnant entre piton rocheux et mer. Vous découvrirez la forteresse vénitienne sous un autre angle, mais, surtout, vous arriverez alors sur la plage d’Arvanitia qui fut le théâtre d’un événement plutôt sanglant : les Ottomans ont attiré sur l’Akronauplie les Albanais, dont ils saturaient un poil des pillages, en leur promettant un salaire ; au lieu de pièces d’or, les Albanais trouvèrent la mort en étant précipités depuis les hauteurs de la ville. Vous rejoindrez la vieille ville de Nauplie en longeant le piton de Palamède…
La forteresse de Palamède, dominant la ville de Nauplie
L'un des trésors du musée archéologique de NauplieLe piton rocheux de Palamède et la forteresse
Venons-en au coeur névralgique de Nauplie (Nafplio pour les puristes) : la forteresse vénitienne… que je vous conseille de visiter le matin, car il vous faudra gravir les 200m de dénivelé par de petits escaliers escaladant le piton rocheux de Palamède (notez que les fainéants pourront toujours faire du stop ou louer une voiture pour accéder par la route à la forteresse vénitienne). J’ai perdu le décompte des marches, mais il y en avait un paquet ! (Peut-être même plus que pour accéder au monastère de l’île d’Amorgos, dans les Cyclades… et ce n’est pas peu dire !) Une bouteille d’eau, un sacré panorama sur la ville de Nauplie (et l’hôtel abandonné qui bousille un peu le paysage) et un arrêt cardiaque plus tard, vous arriverez donc au coeur de la forteresse vénitienne Palamède. La place forte est composée de huit bastions, éparpillés sur différents niveaux et reliés par une enceinte.
La forteresse vénitienne de Nauplie, sur son piton Palamède [Argolide - Péloponnèse]
Fait des plus incongrus : (et nous replongeons temporairement dans l’Histoire de la Grèce) en 1832, les puissances occidentales imposent un souverain à la Grèce, Othon (fils du roi de Bavière, Louis 1er) qui débarque la bouche en coeur, à Nauplie, en 1833… c’est alors qu’on juge le héros de la Guerre d’indépendance grecque, Theodoros Kolokotronis, pour désobéissance civile (sombres histoires de politique et d’Assemblée nationale non reconnue et peut-être un peu trop efficace) ; il fut donc enfermé dans la forteresse vénitienne (bastion Miltiade) et, pour avoir vu sa cellule, je peux vous dire que l’image de « trou à rat » n’était pas usurpée !
La ville de Nauplie, avant-dernière étape de notre voyage dans le Péloponnèse
(*) [testés et approuvés par des végétariens] O’Christophoros [Staikopoulo, 26, Nafplio]
Pas hyper fin, mais bien fait : les gigantes y sont bons, de même que les pommes de terre farcies au fromage. Aiolos [Vasilissis Olgas, 30, Nafplio]
Taverne typique, à l’ancienne… avec des plats délicieux MAIS attention aux feuilles de vigne (dolmades) : elles sont farcies à la viande. Pour ceux qui ont envie de changer : Popeye [Staikopoulo, 32, Nafplio] propose de délicieuses pizza. Petites choses typiques à tester : le rakomelo de Nauplie, qui vous sera apporté dans une petite casserole chaude, avec un bâton de cannelle ; le frozen yogurt, saupoudré de fraises et nappé de chocolat noir... un régal !
