Docteur Foster [mini-série] : série made in UK « surprisingly amazing »
[Carozine se délecte devant la série Docteur Foster de Mike BARTLETT (scénario) et Tom VAUGHAN (production)]27 Fév. 2017
Allez ! Aujourd’hui, je change de routine. Oui, je sais, c’est fou. Et je m’intéresse à comment vous aider à passer votre soirée, si votre libraire est fermée et que vous ne savez pas comment occuper vos deux yeux. C’est simple. Allumez votre téléviseur, direction Netflix (qui nous sauve de bien des soirées ennuyeuses comme la pluie !) où se niche une (nouvelle) petite série britannique qui ne paie pas de mine (oui, un peu comme l’excellente série Happy Valley) : Docteur Foster (Doctor Foster a woman scorned dans la langue de feu Shakespeare). Non parce que bon, ça fait un bout de temps que je ne vous parle plus des séries que j’engouffre et je me suis aperçue que mes coups de coeur commençaient à dater un peu. Nous ne sommes pas encore remontés aux reptiles carnivores exterminés, mais tout de même, un peu se sang neuf parmi les séries du moment ne nous fera pas de mal ! Donc voilà. On se cale dans le canapé et on regarde Docteur Foster. (Qui n’a pas de saison puisqu’il s’agit là d’une mini série. Du moins, je crois. Mais sait-on jamais, devant le succès rencontré outre-Manche.)
Docteur Foster, mini-série : une femme dans la tourmente
Gemma approche sereinement de la quarantaine et a tout pour être heureuse. Cette belle femme est à la tête d’une clinique médicale qui roule toute seule ou presque, et la gère d’une main de maître avec ses deux autres associés. Elle est doté d’un mari plutôt beau gosse qui lui a donné un gamin tout mignon et pas bête. (Une chance.) Mais voilà. Alors qu’elle prépare son sac juste après une partie de jambes en l’air, elle trouve un stick à lèvres sur la moquette. Qui ne lui appartient pas. Forcément. Mais son homme lui répond placidement et sans l’ombre d’une hésitation qu’il lui appartient car, oui, avoir de jolies lèvres n’est pas l’apanage des femmes. Fort bien. Drame évité. Sauf que (re)voilà. Gemma accroche son écharpe (qui est en fait celle de son époux) au porte-manteau de son bureau, et tombe sur un long cheveu blond. Étant brune à cheveux courts parfaitement bien coiffés, forcément, il n’est pas issu de son scalp. Alors Gemma, aussitôt, se persuade que son mari la trompe. Avec sa secrétaire, peut-être (en faisant fi des clichés), la blonde Betty ? Ou leur voisine un peu trop tactile ? Ou la femme de son nouveau partenaire ?
Docteur Foster, mini-série : une série au rythme lent et envoûtant
Dès les premiers instants de la série Docteur Foster, on s’attache à Gemma Foster… que dis-je. On s’accroche à elle, comme la caméra qui ne la quitte pas. De la jalousie, à la colère, à l’abattement, à l’angoisse ou à la tristesse, la palette d’émotions qui traversent Gemma Foster est large : rapidement convaincue que son mari la trompe, elle sombre lentement dans la folie, perdant peu à peu pied dans sa vie familiale et professionnelle. Elle qui avait été si catégorique pour pousser hors du cabinet son collègue (et ami) alcoolique, Gemma prend rapidement la même direction en se laissant absorber par ses certitudes et craintes. Mais jusqu’où son mari la trompe-t-elle ? Si les premiers gestes de Gemma Foster sont forcément des clichés du genre (fouiller les poches et le téléphone), Docteur Foster nous conduit insidieusement vers le drame psychologique, le thriller qui, l’air de rien, tient en haleine. Chaque regard et chaque non-dit est important, fissurant inévitablement les masques longuement portés et bien trop rodés de la (bonne ?) société. Car sous les apparences, on s’aperçoit rapidement qu’une femme au caractère bien trempé, brillante et jamais démunie, est finalement perçue comme un danger par la société qu’elle côtoie. Parce que trop parfaite. Parce que donnant l’impression d’être nécessairement inférieur. Et parce que quand cette femme se transforme en électron libre qui déraille complètement, forcément, elle devient dangereuse pour le confort mensonger des autres. Car, oui, toutes les décisions qu’elle prendra seront prises sous l’assaut des émotions, et donc discutables. Alors, oui, je me suis laissée absorber par Docteur Foster, qui est une série palpitante et intelligente, bien menée, fascinante au possible. D’autant que l’actrice, Suranne Jones, est parfaite dans ce rôle à fleur de peau.
Les détails
Petits secrets de Docteur Foster
Scénario : Mike BARTLETT
Producteur : Tom VAUGHAN
Gemma Foster : Suranne JONES
Simon Foster : Bertie CLAVEL
Ros Ghadami : Thusitha JAYASUNDERA
Tom Foster : Tom TAYLOR
What's the gist, physicist?
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