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Le cavalier de la nuit : chef d’oeuvre incompris

[Carozine se plonge courageusement dans le roman Le cavalier de la nuit - Robert PENN WARREN]

Carozine lit le roman Le cavalier de la nuit - Robert PENN WARREN
Il y a quelques semaines de cela, Léa, qui s’occupe de mon club de lecture chouchou (j’ai nommé le Picabo River Book Club, sur la littérature nord-américaine), proposa un concours pour gagner un exemplaire de l’oeuvre de Robert Penn Warren : Le cavalier de la nuit. J’ai hésité. Hésité encore. (—Non, mais t’es sérieuse, là ? Tu réfléchis pour un livre gratuit ?!) Non parce que, l’air de rien, j’ai des palpitations à chaque fois que je jette un oeil à ma PAL et que je calcule rapidement le temps dont je dispose. Les vacances arrivant, je me suis dit « Allez, ma grande ! Fonce Alphonse ! En voiture (Simone) ». Oui. J’ai donc reçu Le cavalier de la nuit. Et maintenant ? Je prends mon courage à deux mains et je me lance dans cette étrange aventure qu’est celle de tenter de vous parler de ma lecture du Cavalier de la nuit. Pas simple !

Au premier coup de frein, le train ralentit en grinçant, et la foule, tassée dans le couloir, se pencha en avant d’un mouvement lourd, écrasant, comme celui d’un glissement de terrain à son départ. Percy Munn, sentant venir la poussée de l’homme qui était derrière lui, et comme celui-ci le heurtait dans une embardée, arqua le dos et essaya de se caler pour recevoir le choc.  Le cavalier de la nuit - Robert PENN WARREN

Le cavalier de la nuit : un homme face à son destin (rien que ça)

Le cavalier de la nuit - Robert PENN WARREN [ed. Séguier]
Sur les terres des plantations de tabac, les petits fermiers ont bien du mal à faire face aux grosses compagnies. Voit le jour une association destinée à négocier les prix au plus haut. Sauf que bon. Ça marche moyen. Peu de fermiers sont motivés pour adhérer (parce que n’est pas encore né celui qui leur dira ce qu’ils doivent faire et comment ils doivent le faire ! Crénom d’un petit bonhomme en mousse) et leur tête de file, le sénateur Tolliver, se fait la malle chez l’ennemi qui a su l’attirer par des espèces sonnantes et trébuchantes. Alors l’association prend les devants en régulant de manière un peu brute de décoffrage l’offre face à la demande. Au centre de cette association se trouve Percy Munn, jeune avocat qui n’a pas vraiment d’avis sur la question et se trouve enrôlé là-dedans sans bien savoir pourquoi ni comment. Et au fil des mois, il se laisse consumer par la flamme.

Quand, au sortir du petit bois, la route tourna brusquement en pleine campagne, ils aperçurent la maison, qui s’élevait au bout d’une longue côte : un vaste bâtiment de briques, avec des ailes symétriques et des colonnes blanches, flanqué de massifs de grands cyprès noirs. Des barrières blanches bordaient le chemin qui conduisait à la maison. Des arbres sombres et dénudés qui s’élevaient le long de la pente, et dont les troncs surgissaient, tout noirs, du sol brun, avaient quelque chose d’artificiel, de convenu. A cette distance, dominant la route montante, les champs et les vastes pâturages, la maison, qui se détachait sur l’arrière-plan des collines fermant l’horizon, paraissait solitaire, sombre, austère. Le cavalier de la nuit - Robert PENN WARREN

Le cavalier de la nuit : une oeuvre poétique

Le cavalier de la nuit - Robert PENN WARREN [ed. Séguier]
Le souci que je rencontre, moi, pauvre blogueuse face à ce qui est le chef d’oeuvre de Robert Penn Warren, est que je suis passée à côté du roman. Mais alors pas qu’à moitié. Je trouve merveilleuse l’écriture de Robert Penn Warren, à la limite de la poésie. Philosophique. J’ai apprécié cette manière de sonder l’obscurité des âmes. D’exposer les faiblesses. De montrer le cheminement d’un homme vers son destin et ce qu’il est sans même encore le savoir. De mettre en lumière cet univers viril que sont les exploitations fermières du sud des États-Unis. Mais je me suis perdue dans les dialogues. Et pourquoi diable faut-il attendre les 3/4 du roman pour trouver que ce Percy Munn a finalement un peu d’étoffe ? J’ai eu de lourdes tendances schizophrènes à cette lecture : envie de rester plongée dans cet univers (magnifiquement dépeint), ennui devant ce personnage de glace (tout le problème de la lectrice qui a besoin de s’identifier !) et perdue dans l’intrigue. Avouez que c’est tout de même un peu couillon. Mais, fichtre, quelle écriture et quelle ampleur romanesque !!

Le fusil était toujours là, comme avant, mais l’impulsion mystérieuse qui l’avait fait, ce jour-là, mettre en joue et presser la gâchette avait disparu, évanouie au moment même où elle se réalisait. Les actes demeuraient, irrévocables dans leurs conséquences, et rien ne pouvait les annuler, mais l’impulsion, le désir, le dessein qui les avaient provoqués n’existaient plus. Il était parfois impossible de deviner ce qu’ils avaient été. Le cavalier de la nuit - Robert PENN WARREN

Les détails du livre

Le cavalier de la nuit

Auteur : Robert PENN WARREN
Traducteur : Michel MOHRT (V.O.: Nighrt Rider)
Éditeur : Séguier
Prix : 22,00 €
Nombre de pages : 608
Parution : 10 février 2022

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Le Cavalier de la nuit

Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!

Autres lectures de Carozine : Indulgences : intrigues et passion sur fond de Réforme.

. 20 February 2022. Caroline D.