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Séjour à Porto, la « capitale du Nord » du Portugal

[Carozine voyage dans la région du Douro, à Porto - Portugal]

21 Déc. 2015

Carozine se promène dans la ville de Porto
Allez, on fait une pause dans la découverte du Péloponnèse (car, oui oui !, il reste encore une étape pour y achever notre voyage) et, pendant que c’est encore frais (nous y étions la semaine dernière), je vais vous parler de Porto, surnommée la « capitale du Nord » du Portugal et qui égrène ses maisons, entre grandeur et décadence (excellent roman d’Evelyn Waugh, soit dit en passant), sur les bords du Douro… et qui m’a permis de découvrir le Portugal, mais surtout cette région aux nombreuses facettes bien trop souvent réduites au porto d’importation, plutôt mauvais et n’ayant rien, mais alors rien, à voir avec la boisson de la ville de Porto. Vous êtes prêt ? Go go go ! Les passagers du vol Ryan Air 4507 à destination de Porto sont priés de bien vouloir se présenter à la porte 15 pour un embarquement immédiat.

La ville de Porto, dans le nord du Portugal... et ses façades en faïence et azulejos (si, si, regardez bien dans le coin à droite !)

Porto : une ville au charme bien présent… quoiqu’un brin décrépi

L'avenida dos Aliados
On m’avait prévenue que Porto était une ville « qui monte et qui descend » et qu’il valait mieux laisser mes escarpins au placard… à peine arrivée (oui, parce que l’Homme ne porte pas d’escarpins et n’aurait donc pas eu ce problème) à notre hôtel que j’ai compris pourquoi. Ce n’est pas que la ville de Porto « monte et descend ». Non non. C’est une ville perchée. Ni plus ni moins. Et quand on parle de pente, à Porto, on parle de ruelles abruptes qui vous essoufflent en quelques secondes le temps de grimper à leur sommet, avant de redescendre en vous éclatant les genoux (souvenirs de ski). Mais voilà : le charme de la ville agit. Entre les façades à l’abandon, les azulejos* pimpants ou ravagés par les intempéries, l’antique tramway qui trimballe des touristes et des petits vieux nostalgiques, Porto envoûte et semble être hors du temps… bien que rattrapée par une réhabilitation galopante du centre ville (et c’est nécessaire !), qui permettra, au bout de quelques années, de ne plus avoir de ruines qui soutiennent un faisceau d’immeubles colorés et avachis les uns contre les autres (notez que les ruines en question sont souvent à vendre, pour les amateurs de tas de pierres sans toit ni sol et servant de villégiature aux pigeons).

(*) Les azulejos sont ces morceaux de faïence peints à la main, qui recouvrent les façades des églises de Porto... entre autres : ils sont ornés de figures géométriques ou décoratives. Bien que les carreaux d'azulejos soient généralement bleus, le mot ne vient pas d'"azul" (azur en espagnol), mais de l'arabe "al zulaydj", qui signfie petite pierre polie.

La ville de Porto et ses immeubles bigarrés, surplombant les cais da Ribeira.

Séjour à Porto, ou comment déambuler dans la Baixa

L'antique tramway de Porto : Electrico Uno
Nous avions décidé de ne pas prendre de carte de transport, partant du principe que tout le centre historique (la Baixa, aka la ville basse de Porto) se tenait dans un mouchoir de poche. C’est exact. Mais, avec ses enchevêtrements de ruelles pavées (c’est d’ailleurs un belle surprise de Porto : les façades peuvent tomber en ruine mais les trottoirs, eux, sont impeccables, et souvent tapissés de carreaux noirs et blancs disposés en formes géométriques ou abracadabrantes), la ville de Porto vous fera faire des kilomètres ! Et, comme notre hôtel était à côté, nous commençons par le quartier de la gare São Bento, édifice magnifique à la surprenante salle des pas perdus (j’adore ce nom ! partir du principe que l’on perd nos pas en attendant notre train ou une personne m’amuse grandement) couverte d’azulejos retraçant l’histoire et la culture de Porto : l’évolution des moyens de transport au Portugal ; Henri le Navigateur à la conquête de Ceuta (à l’époque où ce port souffrait des attaques musulmanes qui revendaient les habitants sur les marchés aux esclaves : 1414*)…

(*) Ayant opté pour un guide censé être pratique, je ne m'étendrai pas sur l'histoire de Porto ou du Portugal, car mon guide en était singulièrement dépourvu... en plus de ne pas être si pratique que cela, à force de découper la ville en plans qui se récoupent partiellement. Bref !

(re)(*) Petite anecdote à ce sujet : la ville de Porto étant alors prospère, elle fut chargée de ravitailler la flotte royale pendant le siège, ne laissant aux habitants que les restes : les tripes. Les Portuans furent alors surnommés les tripeiros, aka les mangeurs de tripes.

La façade de l'imposante gare de São Bento...
... et les magnifiques azulejos de sa salle des pas perdus.

La façade aux lions, en face de São Bento
De là, vous rejoindrez la praça da Liberdade (où les manifestations populaires s’achèvent généralement au pied de la statue équestre de Pierre IV) et sa magnifique avenida dos Aliados (dominée par d'imposants immeubles aux façades travaillées et dont l'une d'elle m'a fait étrangement penser au BHV de Paris), au bout de laquelle trône l’hôtel de ville (et son miroir d’eau miniature). A quelques pas de là se trouve la rua Formosa à l’angle de laquelle vous dénicherez (sans trop de mal, d’ailleurs) le mercado do Bolhão. Ce large bâtiment accueille le ventre de Porto (à peu de choses près) : des baraques s’entassent et proposent légumes, souvenirs, charcuterie et autres joyeusetés… tandis que l’étage, qui manque s’écrouler sous le poids des ans et s’ouvre sur la cour intérieure, réserve une partie plus populaire, avec ces stands tenus par de petites vieilles.

L'hôtel de ville de Porto, à la fin de la Praça de Liberdade.
L'intérieur du marché de Porto, le mercado do Bolhão.

Voyage à Porto : la découverte des nombreuses églises, des places... de la ville, quoi !

La salle des pas perdus de la gare de Porto
En sortant par la rua de Fernandes Tomás, vous arriverez à la rua de Santa Catarina (qui, comme à Bordeaux, est une rue piétonne et commerçante… serait-ce donc le cas de toutes les rues Ste Catherine du monde ?! La question est posée !), pile à l’emplacement de la capela das Almas de Santa Catarina… que vous ne pourrez pas louper grâce à sa façade recouverte d’azulejos au bleu pimpant (15.947 carreaux recensés !) et retraçant le martyre de sainte Catherine. En descendant la rue, vous tomberez sur le Café Majestic et son auguste façade un poil art déco (et qui est un peu l’équivalant, à Porto, du café Florian aperçu lors de notre voyage à Venise… où j’avais tout de même payé 9 euros mon cappuccino, si vous avez bonne mémoire). Toujours est-il que nous l’avons snobé pour nous diriger vers la praça da Batalha où se trouve l’un des vieux tramways de la ville de Porto : les lignes 22 et 18, vous permettant un tour mémorable de Porto, sur des sièges en cuir épais et au son du démarrage et du freinage de l’antique tram.

La capela das Almas de Santa Catarina...
et le haut de la rua de Santa Catarina.
Pour les plus curieux d'entre vous : le Café Majestic !.
Le tramway, ligne 22, au départ de la praça de Batalha.

Séjour à Porto : partons sur les quais

Sé e claustro, la cathédrale de Porto
En redescendant vers le rio Douro (et en obliquant légèrement sur la droite, pour être précise), vous tomberez sur le Sé e Claustro, où se trouve la cathédrale (et ses allures de forteresse) qui domine toute la ville et le quartier de São Bento, ainsi que le palais épiscopal. Mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Si vous êtes à Porto, après tout, c’est aussi (ou surtout !) pour tester le vin local : le porto… Zou ! On poursuit la descente vers le rio Douro, on traverse le Ponte Dom Luiz I (sublime ouvrage en fer forgé dont la silhouette restera associé à la ville de Porto), qui date de 1886 et fut conçu par l’associé de Gustave Eiffel, Théophile Seyrig : le tablier supérieur accueille piétons et métro, pour se rendre au mosteiro da Serra do Pilar ; la partie inférieure supporte piétons et voitures, pour visiter le cais de Gaia, rendu célèbre par les maisons de porto qui s’éparpillent sur ce quai, et ouvrent leurs caves et chais aux visiteurs curieux de la fabrication du porto… qui n’est pas un vin cuit ! Nenni. Tout est question de fermentation ! (Et d’ajout d’eau de vie, accessoirement.) Vous y trouverez les caves Sandeman et leur Zorro, Porto Cruz (dont on retrouve les bouteilles en France), Cálem ou encore Croft… celui que nous avons choisi pour une dégustation de trois portos : rosé ; ruby (généralement mis en bouteille 3 ans après la récolte) et tawny 10 ans (pour la petite histoire, le « 10 ans » ne signifie pas qu’il vieillit dix années en tonneau, mais qu’on lui associe d’autres cuvées plus anciennes, obtenant ainsi un assemblage au goût fruité, légèrement boisé).

Les quais de Porto et l'emblème de la ville : le Ponte Dom Luiz I.
L'autre rive de Porto et ses quais où se trouvent les (gros) producteurs du vin de porto : cais da Gaia... et le célèbre Sandeman.
Dégustation de porto dans les caves de Croft : le rosé au premier plan, suivi du ruby et, enfin, du porto tawny 10 ans (les deux verres du milieu, si vous suivez bien !).

Voyage à Porto : le rio Douro

La capela de Santa Caterina
Sur le cais de Gaia, vous trouverez une autre attraction touristique de Porto : le téléphérique ! (Et d'ailleurs la ville l'a bien compris en vous amputant de quelques euros pour un trajet pas vraiment mémorable, si l'on est honnête.) Sur lequel on vous tirera le portrait, un peu comme à Space Mountain… mais passons ! Sur la colline qui domine les quais, le jardim do Morro est un peu le point de rendez-vous des étudiants, tandis que l’église et le cloître (qui exige une énième montée de votre part) vous narguent… pour rien, car ils ne se visitent pas. Il ne vous reste donc plus qu’à traverser une nouvelle fois le rio Douro pour rejoindre le quartier Ribeira et ses maisons collées les unes aux autres, bariolées et parfois défraîchies, qui surmontent le quai… et rendent la vue sur la baie de Porto si mémorable. Des rabelos vous emmèneront faire le tour des six ponts du fleuve et vous permettront d’avoir une vue d’ensemble de la baie.

Porto et ses rabelos.

Vacances à Porto : prolonger jusqu'à la mer et le quartier de Matosinhos

Le jardim dos Sentimentos
Le tramway Electrico Uno vous transportera jusqu’à l’Atlantique (ou presque), où vous attend le port de Porto, le castelo do Queijo et le parque da Cidade… L’avenida de Montevideu est surprenante, alternant ruines et somptueuses façades ; la praja de Matosinhos, quant à elle, sera un étonnement pour toute personne habituée aux stations balnéaires dans le genre d’Arcachon : elle est entourée de barres d’immeubles, surmontée d’une sculpture rouge (représentant probablement un filet de pêche), et les abords du parque da Cidade ne sont pas des plus engageants. Avec ses pièces d’eau et ses oiseaux migrateurs, il vaut néanmoins le coup d’une petite visite, à l’abri du bruit de la circulation. Et il vous permettra de déguster tranquillement l’une des spécialités pâtissières de Porto : l’éclair au chocolat farci à la chantilly, qui sont particulièrement succulents chez Leitaria de Quinta do Paço. Tout au nord de Matosinhos, vous trouverez l’igleja paroquial do senhor de Matosinhos, qui vaut vraiment le détour, avec sa façade baroque. Si jamais l’envie vous prend de rentrer à pied à Porto, sachez que la distance est tout de même de 10 kilomètres… (encore faut-il le savoir avant de se lancer dans ce marathon) mais, en chemin, vous rencontrerez le jardin de la casa de Serralves (payant), ou encore le jardim botânico (je passerai outre l’immeuble Vodafone qui ne présente pas franchement d’intérêt).

Le castelo do Queijo, dans le quartier de Matosinhos, en bord d'Atlantique.
Le jardim do Palacio de Cristal, dont je ne vous ai pas vraiment parlé, et pour cause : en hiver, il n'est pas folichon. Le palais n'a plus rien de cristal mais a été remplacé par du béton... le jardim dos Sentimentos, surplombant les quais, est, en revanche, ravissant et mérite le détour.

Séjour à Porto, une ville qui se savoure

Le marché de Porto
Après une telle épreuve, il ne vous restera plus qu’à vous diriger vers les galerias et leurs bars pour y déguster une assiette de fromages portugais (injustement méconnus ! Le fromage de vache des Açores, légèrement piquant, est une merveilleuse surprise… de même que le Serra da Estrela qui, après deux mois d’affinage, est coulant et se savoure avec une cuillère !). Oh ! Sans oublier le cocktail local (et rafraîchissant) : le Porto Tonic. Vous l’aurez compris, Porto est une ville où il fait bon déambuler entre les rues biscornues, le nez en l’air pour apercevoir les façades souvent recouvertes d’azulejos des immeubles, à découvrir les églises qui s’éparpillent de-ci de-là (et j’ai oublié de vous parler de la igleja de São Francisco décorée d’or, et payante)… et pour, enfin, savoir ce qu’est vraiment le porto, en découvrir les nombreuses saveurs, mais également pour vous apercevoir que le Portugal est étrangement méconnu gustativement, alors que son huile d’olive est délicieuse, de même que son fromage, ainsi que son vin (non, ils n’ont pas que de la piquette ! mais encore faut-il trouver un serveur patient et connaisseur).

La ville de Porto, au charme si particulier.

Cette chronique sur la ville se poursuit avec les bonnes adresses "veggie friendly" de Porto, car, non, au Portugal, on ne mange pas que de la morue.

Les photos de Porto

  • Porto
    X Porto

    Portoet sa cathédrale, Sé e claustro

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  • Porto
    X Porto

    PortoVue sur la ville basse, Baixa

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  • porto-ville-portugal-sejour-dans-douro-portfolio-3
    X porto-ville-portugal-sejour-dans-douro-portfolio-3

    PortoLa capela de Santa Catarina

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    A la découverte de PortoSão Bento et la salle des pas perdus

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    PortoSon vieux tramway, ligne 22

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    Voyage à PortoLe jardin de la casa Serralves

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    PortoLe quartier de Matosinhos, en lente transformation, et son église

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    Séjour à PortoLe Ponte Dom Luiz I

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Les petits endroits de Porto (*)

(*) [testés et approuvés par des végétariens] Leitaria da Quinta do Paço
Deux adresses à Porto : Praça Guilherme Gomes Fernandes 47/51- Porto, Portugal (quartier Baixa) et Rua Brito Capelo 1288 - Porto, Portugal (quartier Matosinhos) Le meilleur éclair qu’il m’ait été donné de manger, car, oui, la chantilly maison, ça change tout ! (Bon, certes, peut-être, qu’alors, cela ne s’appelle plus un éclair.)
Nata Lisboa
Parmi les pâtisseries de Porto qu’il faut absolument goûter, on retrouve la « pastel de nata », tarte à la crème brûlée, divine… quand elle est bien préparée et dégustée tiède, ce qui est le cas dans la franchise Nata Lisboa, rua das Flores.
Les autres adresses se trouvent dans une chronique à part : Où manger végétarien et boire du porto à Porto ? Hein ? Alors.

21 décembre 2015

Aber je want etwas altra !

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Escapades . . Caroline D.