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Une belle brochette de bananes -Histoires des Jean-Quelque-Chose, 6 : un album souvenirs jubilatoire

[Carozine dévore le roman Une belle brochette de bananes -Histoires des Jean-Quelque-Chose, 6 - Jean-Philippe ARROU-VIGNOD - dès 8 /9 ans]

7 Mars 2016

Carozine lit le roman Une belle brochette de bananes -Histoires des Jean-Quelque-Chose, 6 - Jean-Philippe ARROU-VIGNOD ; illustrations de Dominique CORBASSON
En ce tout début de semaine, je vous propose un coup de coeur jeunesse… Ouiiiii ! De quoi amuser les petits et les plus grands, avouez que c’est un programme plutôt réjouissant, non ?! J’ai découvert Jean-Philippe Arrou-Vignod avec le fantastique roman Mimsy Pocket et les enfants sans nom, et je n’ai pas résisté à la tentation quand j’ai aperçu son dernier livre : Une belle brochette de bananes, sixième tome de la série des Histoires des Jean Quelque-Chose. Bon, alors, oui, évidemment, commencer une série littéraire par le dernier tome, ce n’est pas des plus futés, je sais. Ceci étant, j’ai eu de la chance, ce tome 6, Une belle brochette de bananes, est un peu différent et était donc parfait pour m’initier à la série des Histoires des Jean Quelque-Chose. Et pourquoi donc ? me demanderont ceux qui suivent un peu bien que nous soyons un lundi et que le neurone est probablement à plat. Tout simplement parce qu’Une belle brochette de bananes n’est pas tout à fait la suite des Histoires des Jean Quelque-Chose, mais plus un syncrétisme. Ah. Ça vous avance bien, hein ?! Je vous explique. Ne bougez pas.

—Messieurs, a dit papa, rassemblement au salon. Et que ça saute !
C’était un samedi de novembre, à Cherbourg, et à la façon dont papa a dit « Messieurs », on a aussitôt compris que ça allait sacrément barder pour nos matricules.
Le samedi, d’habitude, papa est d’excellente humeur. D’abord parce qu’on va tous à l’école, sauf Jean-F. bien sûr, et qu’il peut traîner à la maison, écouter de la musique classique ou faire du bricolage sans nous avoir dans les pattes. Ensuite, parce que c’est le seul jour de la semaine où papa vient nous chercher à l’école. Une belle brochette de bananes -Histoires des Jean-Quelque-Chose, 6 - Jean-Philippe ARROU-VIGNOD
Le roman Une belle brochette de bananes -Histoires des Jean-Quelque-Chose, tome 6, de Jean-Philippe ARROU-VIGNOD - illustrations de Dominique CORBASSON [Ed. Gallimard Jeunesse]

Une belle brochette de bananes -Histoires des Jean-Quelque-Chose, tome 6 : six Jean-Quelque-Chose, des parents et des albums photos

Une belle brochette de bananes -Histoires des Jean-Quelque-Chose, tome 6 - Jean-Philippe ARROU-VIGNOD - illustrations de Dominique CORBASSON [ed. Gallimard Jeunesse]
Il était donc une fois une famille composée de six Jean-Quelque-Chose : l’aîné binoclard, Jean-A (logique, la première lettre de l’alphabet), surnommé Jean-Ai-Marre ; le second, Jean-B (toujours la logique alphabétique) n’est autre que l’auteur (qui n’est donc pas du tout en B mais bien P dans la vie réelle) et s’est auto-proclamé Jean-Beau-Gosse… Viennent ensuite les deux moyens : Jean-C, alias Jean-Cé-Rien, distrait et préférant prendre les devants quand le père furieux appelle la ribambelle masculine dans le salon ; et Jean-D, également surnommé Jean-Dégâts. Enfin, arrivent les petits derniers : Zean-E (oui, il zozote) et Jean-F, bébé de quelques mois renommé Jean-Fracas car on aurait tendance à l’entendre un peu trop. Vous me direz, il manque quelque chose dans cette famille de Jean-Quelque-Chose. Oui, oui. Un père médecin militaire (avec des principes éducatifs souvent vacillants) et une mère qui veille au grain (et aime enrichir le vocabulaire de ses enfants). Et quelle est l’occupation favorite du papa pendant ses week-ends (je ne militerai jamais assez pour le tiret) ? Trier et organiser les photos de famille dans un album. Alors, l’odeur de colle emplit le salon et les garçons louvoient autour de lui en attendant la touche finale au chef d’oeuvre paternel. Sauf qu’en ce samedi particulier, l’humeur paternelle est au noir : il somme sa brochette de six garçons de venir dans le salon et leur demande d’expliquer ce qu’une photo pour le moins étrange fait parmi les photographies familiales. Pendant que les aînés ricanent et que les petits s’insurgent, le père attend une réponse qui ne vient pas : à qui donc appartiennent les fesses qui s’étalent sur la photo ? Je vous le demande ! Pas grave, ce sera direction les chambres, sans Zorro, sans chahut (mais là, il ne faut pas trop rêver) et sans dîner (là encore, c’est sans compter la mère qui s’est enquiquinée à préparer des gougères). Bref.

—Et La Piste aux étoiles, il a gémi, avant de m’assener un grand coup de polochon sur le crâne. Et c’est aussi ta faute si on va pas à la piscine !
—Tu veux que je monte ? j’ai menacé.
—Si tu crois que j’ai peur de tes petits poings…
—De toute façon, j’ai dit, tu nages comme une patate. Jamais ils te donneront ton brevet.
—Ah ah ! il a fait. Tu rigoleras moins quand je serai admis chez les nageurs de combat.
—Avec tes lunettes de bigleux ? Elles rentreront jamais dans ton masque.
—C’est pas moi qui ai eu le vertige l’autre jour, en haut du grand plongeoir, et ai dû redescendre à quatre pattes.
—J’ai pas de leçon à recevoir d’un type qui fait des autoportraits de ses fesses (…). Une belle brochette de bananes -Histoires des Jean-Quelque-Chose, 6 - Jean-Philippe ARROU-VIGNOD

Une belle brochette de bananes -Histoires des Jean-Quelque-Chose, tome 6 : un roman rafraichissant qui réveille bien des souvenirs

Une belle brochette de bananes -Histoires des Jean-Quelque-Chose, 6 - Jean-Philippe ARROU-VIGNOD - illustrations de Dominique CORBASSON [ed. Gallimard Jeunesse]
Donc voilà. Après quinze ans à concocter des Histoires des Jean Quelque-Chose, Jean-Philippe Arrou-Vignod n’avait pas vraiment envie de laisser ses Jean croupir dans un petit coin et ses personnages ne demandaient qu’à prendre l’air entre les pages d’un nouveau roman. Ainsi est né le tome 6, Une belle brochette de bananes. Au lieu de nous proposer une intrigue, Une belle brochette de bananes sautille de souvenirs en souvenirs, au gré des photos de l’album familial : les fesses de Jean-A qui trônent sur une page entière (oui, parce que le père, malgré un vocabulaire choisi et un semblant d’autorité, n’est pas dépourvu d’humour !) ; les vacances à la neige des aînés qui ont senti comme une légère déception quand ils ont enfin compris l’expression « veillée spirituelle » discrètement glissée dans le programme des festivités montagnardes ; le premier amour de Jean-B et son bracelet brésilien ; les vaccins à la chaîne organisés d’une main de maître par le toubib en chef ; les visites au Cercle Naval (qui m’ont rappelé bien des souvenirs !! Ah, le dîner de Noël au Cercle Naval de Toulon… Mais je m’égare !) ; les soirées fondues (« Oh chic ! On mange des croutons ! »)…

—Jean-E ne veut pas croire qu’il zézaye.
—Quoi ? a dit papa en se tournant vers maman. Un de mes enfants zézaye ? Pourquoi suis-je toujours le dernier informé dans cette maison, chérie ?
Maman a fermé les yeux.
—Je crois que je commence à avoir la migraine, elle a murmuré.
Heureusement pour elle, le bébé Jean-F. s’est mis à hurler dans son berceau, et maman en a profité pour aller lui donner son biberon.
Pas de chance pour papa, par contre : pour une fois qu’il était rentré tôt du travail, il s’est retrouvé à écosser les petits pois (…). Une belle brochette de bananes -Histoires des Jean-Quelque-Chose, 6 - Jean-Philippe ARROU-VIGNOD

Le tout est emporté par un style enlevé et émouvant, qui nous donne l’impression d’appartenir à cette fratrie aux réparties qui fusent, pleines d’humour et de tendresse (bien présente derrière les menaces de chaussettes sales et les moqueries d’usage). En bien des façons, Une belle brochette de bananes m’a fait penser au Petit Nicolas, entre le style de Jean-Philippe Arrou-Vignod et les illustrations aériennes de Dominique Corbasson. Une belle brochette de bananes est un roman vivifiant, soulignant des relations de fratrie réjouissantes, qui sonnent toujours juste… et je dois dire que j’ai un énorme faible pour ce père souvent dépassé, mais plein de facétie malgré sa pipe, son sérieux et sa menace des « enfants de troupe ». Avec ce sixième tome, j’ai appris à apprivoiser cette famille de Jean-Quelque-Chose, et je suis tombée sous le charme. Une belle brochette de bananes nous offre des cartes postales de la vie familiale colorées et gaies, de quoi rire et s’amuser en famille.

En fait, il y a pire que d’être nés dans une famille nombreuse : c’est d’être les cousins des cousins Fougasse.
Ils sont cinq garçons, prénommés tous Pierre-Quelque-Chose, et leurs oreilles sont tellement décollées qu’on dirait qu’ils ont un poêlon à fondue à la place de la tête.
Comme ils sont un peu plus âgés que nous, ils en profitent chaque trimestre pour se débarrasser de leurs vieilles frusques en nous les envoyant par la poste.
—Je préfère skier tout nu que d’enfiler un de leurs pantalons pourris, a prévenu Jean-A. Une belle brochette de bananes -Histoires des Jean-Quelque-Chose, 6 - Jean-Philippe ARROU-VIGNOD
Le roman Une belle brochette de bananes -Histoires des Jean-Quelque-Chose, 6, de Jean-Philippe ARROU-VIGNOD - illustrations de Dominique CORBASSON [Ed. Gallimard Jeunesse]

Les détails du livre

Une belle brochette de bananes -Histoires des Jean-Quelque-Chose, tome 6

Auteur : Jean-Philippe ARROU-VIGNOD
Illustrateur : Dominique CORBASSON
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Prix : 12,00 €
Nombre de pages : 192
Parution : 3 mars 2016

7 mars 2016

Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!

Autres lectures de Carozine : pour les plus jeunes (3 /7 ans), À la découverte de la collection Mon petit monde à décorer : Le petit Poucet (ou comment un enfant haut comme trois pommes sauve sa famille) ; et Boucle d’or et les trois ours (ou comment manger de la bouillie à l’oeil). Pour les juniors : Hector et les Pétrifieurs de temps : du roman jeunesse qui swingue

. . Caroline D.