Mimsy Pocket et les enfants sans nom : un roman jeunesse pétillant
[Carozine dévore le roman jeunesse Mimsy Pocket et les enfants sans nom - Jean-Philippe ARROU-VIGNOD]6 Mai 2015
Comme souvent, et honte sur moi, je ne connaissais absolument pas Jean-Philippe Arrou-Vignod (enfin si, mais que de nom… autant dire que cela ne compte pas !). Cependant, en flânant sur le site de Gallimard Jeunesse, je suis tombée en pâmoison (ou presque) devant son dernier roman jeunesse : Mimsy Pocket et les enfants sans nom. L’intrigue semblait plutôt sympathique et le personnage a éveillé ma curiosité. Et, autant vous le dire tout de suite, Mimsy Pocket et les enfants son nom est une jolie réussite qui passionnera les jeunes lecteurs (dès 11 ans)… et les amoureux de lecture plus âgés car, après tout, pourquoi bouder son plaisir ? Non mais des fois.
En revanche, sans être réellement une suite, Mimsy Pocket est un dérivé, une sorte de « spin-off » (pour parler clairement, c’est un peu le Better Call Saul de Breaking Bad, oui ?) d’un précédent roman de J.P Arrou-Vignod : Magnus Million et le dortoir des cauchemars. Et l’on y croise donc certains personnages. Rassurez-vous, nul n’est besoin de l’avoir lu pour comprendre Mimsy Pocket et les enfants sans nom car Jean-Philippe Arrou-Vignod a bien fait les choses et nous explique les aventures de Magnus. Néanmoins, pour satisfaire l’intellect des plus curieux d’entre vous, voici un (très) rapide résumé… Magnus Million est le fils de l’un des hommes les plus riches de Sillyrie et affublé d’une maladie bien peu pratique : il est narcoleptique. Manque de chance pour lui, il récolte 1341 heures de colle pour s’être réveillé trop tard le jour des examens et est donc contraint d’intégrer le pensionnait pour espérer pouvoir réaliser sa punition. Cependant, tandis que des enfants disparaissent, d’étranges créatures pointent le bout de leur nez. Un oncle sorti de derrière les fagots débarque, Sven Martenson, et lui confie une lourde mission : empêcher le monde des rêves d’envahir leur pays. Pour se faire, il lui colle un garde du corps plutôt peu réglementaire, Mimsy Pocket. Les bases sont jetées, place à Mimsy Pocket et les enfants sans nom !
Elle se recroquevilla dans sa cachette.
Ils ne la prendraient pas vivante.
Ses côtes la brûlaient, le sang battait à ses tempes. Elle ferma les yeux, résistant à l’éblouissement. Elle vendrait cher sa peau.
Seule contre trois, la poursuite n’était pas égale. Mais savaient-ils à qui ils avaient affaire ?
Si seulement elle pouvait apaiser les pulsations de son coeur ! Il cognait si fort dans le silence de la nuit. Mimsy Pocket et les enfants sans nom - Jean-Philippe ARROU-VIGNOD
Mimsy Pocket et les enfants son nom : des rafles d’enfants ; une étrange tribu et un complot (entre autres)
En parcourant les ruelles nauséabondes de la Ville Basse de Friecke, la petite et dégourdie Mimsy Pocket tombe dans un guet-apens ourdi par des hommes-loups dont on murmure qu’ils enlèvent les enfants des rues pour les conduire à la dame noire dont une voilette masque le visage… Mimsy Pocket se retrouve alors coincée dans une calèche avec les autres enfants disparus et dont elle s’était habituée à la présence, se dirigeant vers une destination inconnue, à travers les forêts enneigées et glaciales. A quelques kilomètres de là, Magnus Million est à nouveau sorti de son école pour venir au secours de la Sillyrie : son oncle, Sven Martenson, lui confie la garde du grand-duc… enfant de douze ans ayant la lourde charge de gérer son petit royaume. Tous deux doivent se rendre dans le monastère de Smoldno, perché sur un piton rocheux perdu dans les montagnes glacées, afin d’y signer un traité de paix avec leur ambition voisin, qui aimerait assez annexer ce riche pays : l’Illyrie. Une fois sur place, Magnus Mignion et le grand-duc Nikklas font la connaissance d’un père convers bien mystérieux et dont la voix sifflante ne pousse pas à la confiance : le père Gregorius. Mais les apparences ne seraient-elle pas, comme bien souvent, trompeuses ? Quel est le secret du monastère ? Quelles sont les raisons qui poussent la dame noire à enlever les enfants des rues ?
Les traces de pas conduisaient à l’arrière de l’entrepôt. Elle les suivit, le coeur battant à tout rompre, fit glisser silencieusement la porte coulissante sur son rail et se faufila à l’intérieur.
La neige poudroyait par la verrière crevée, jetant de pâles reflets dans les ténèbres. Pas un bruit. Une odeur inhabituelle flottait encore dans l’air, mêlée à celle du goudron et des vieux cordages. Une odeur âcre, piquante : celle de la peur. Mimsy Pocket et les enfants sans nom - Jean-Philippe ARROU-VIGNOD
Mimsy Pocket et les enfants son nom : une boule de neige pétillante pour un roman qui se savoure comme un cocktail
D’une écriture alerte et fluide, Jean-Philippe Arrou-Vignod sait vous emporter dans le tourbillon des aventures de Mimsy Pocket et Magnus Million : en quelques pages seulement, vous êtes captivé par ce petit bout de fille volontaire et farouchement indépendant qu’est Mimsy Pocket… et quand elle se retrouve plongée dans un rapt puis dans une prison assaillie par un torrent d’eau gelée, j’aime autant vous dire que vous tournez les pages avec un plaisir non dissimulé ! Car Mimsy Pocket est un personnage attachant, et l’on comprend pourquoi Jean-Philippe Arrou-Vignod a eu l’envie impérieuse de lui consacrer un livre : elle n’a pas la langue dans sa poche ni froid aux yeux ; elle refuse de se laisser enfermer dans des carcans qui ne lui conviennent pas et son passé tortueux nous intrigue. C’était une riche idée que d’en faire le personnage central de Mimsy Pocket et les enfants sans nom car elle a l’étoffe d’une grande héroïne, qui ravira les jeunes lecteurs. Arrosez l’intrigue de Mimsy Pocket et les enfants sans nom d’une bonne rafale d’humour, d’un soupçon de cynisme et d’une once de romantisme naissant et vous obtiendrez un cocktail détonnant, jubilatoire, à savourer sans modération. L’univers « boule de neige » que Jean-Philippe Arrou-Vignod crée dans Mimsy Pocket et les enfants sans nom est captivant : on y croise des trains de luxe dont les lumières éclaboussent des paysages enneigés, des tribus rebelles et un peu magiciennes, des datchas qui permettent de se racheter une conduite, une source à rebours… Les trouvailles sont nombreuses et toujours réjouissantes. L’intrigue de Mimsy Pocket et les enfants sans nom, bien menée, gagne en intensité au fil des pages et Mimsy Pocket, vive comme un chat, imprévisible et espiègle, est une héroïne particulièrement touchante, partagée entre son désir d’indépendance et son besoin d’amour maternel. Mimsy Pocket est un très beau roman d’apprentissage, qui jongle avec les ambiances et les émotions : un joli coup de coeur.
Comme assommé, ce dernier restait sans voix, les yeux écarquillés.
- Vous aviez raison, dit le prince en reboutonnant tranquillement sa veste : je ne suis encore qu’un enfant, monsieur le Premier Ministre. Mais vous auriez dû savoir qu’on ne bat pas un enfant sur son propre terrain.
Il tira de sa serviette son exemplaire du traité de paix.
- Le temps de modifier cette petite clause et nous pourrons signer.
- Félicitations, Majesté ! exulta Magnus en comprenant brusquement la manoeuvre du prince. Le colonel, qui n’en pensait pas moins, le rappela à plus de retenue d’un coup de coude dans les côtes.
- Votre Majesté, c’était une plaisanterie… Une galéjade qui ne tirait pas à conséquence ! bredouillait le délégué d’Illyrie. Mimsy Pocket et les enfants sans nom - Jean-Philippe ARROU-VIGNOD
Les détails du livre
Mimsy Pocket et les enfants sans nom
Auteur : Jean-Philippe ARROU-VIGNOD
Editeur : Gallimard Jeunesse
Prix : 14,90 €
Nombre de pages : 336
Parution : 5 mars 2015
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Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!
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