Supers, tome 1, Une petite étoile juste en dessous de Tsih : des super-héros si proches de nous

Après ce glorieux dimanche ensoleillé, il est temps de nous (re)plonger dans la rentrée littéraire, version junior, avec une bande-dessinée signée Frédéric Maupomé au scénario (que l’on avait déjà rencontré avec le fantastique album muet et illustré d’Anuki, tome 5, Grand-Pied, que mon petit neveu de 2 ans a follement adoré) et Dawid pour les illustrations (déjà vu dans la bande-dessinée muette Dessus-Dessous, qui remporta un joli succès auprès de ma nièce de 5 ans, cette fois !). Je disais donc (reprenons nos esprits et retrouvons nos moutons) que je vais vous parler d’une bande-dessinée jeunesse, à destination des enfants dès 7 /8 ans (bon, je ne suis pas certaine qu’à cet âge on sache déjà ce qu’est censé représenter le petit oiseau bleu que l’on aperçoit de temps en temps au-dessus des téléphones portables, mais c’est un détail technique)… je disais DONC (je vais y arriver) que le tome 1 de Supers, Une petite étoile juste en dessous de Tsih, débarque sur Carozine et sera le thème de cette chronique ! On y arrive !

Supers, tome 1, Une petite étoile juste en dessous de Tsih : trois orphelins ; des super-pouvoirs et une vie à créer de toutes pièces

L’album illustré de Supers, tome 1, s’ouvre sur un formidable incendie et un cri qui déchire les flammes : « Lili ! ». Quelques pages plus tard, nous revenons quatre jours plus tôt et découvrons Mat, l’aîné des Supers, qui intègre sa nouvelle école et ce premier jour ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices : il n’arrive pas à trouver sa salle et se fait mal conseiller par le caïd du lycée, Franck… ce qui le met considérablement en retard pour son premier cours. Néanmoins, le professeur le colle d’office aux côtés de la ravissante Jeanne, qui sera chargée de le préparer pour le contrôle prévu le mercredi. Etonnement, Mat ne semble pas inquiet outre mesure et essaie même de convaincre Jeanne qu’il est grandement inutile de lui prêter ses cours, mais sans succès. Autre chose étrange, Mat, devant sa carte de cantine vierge de tout repas, appelle aussi sec un certain Al qui crédite virtuellement, dans la seconde, la carte… A la fin de sa journée, Mat retrouve son petit frère, Benji, et sa soeur, Lili, à la sortie de leur école où rien de bien folichon ne s’est passé. Tous trois rentrent à la maison et on y découvre le fameux Al, sorte de chose gluante et verte dotée de la parole… mais, surtout, on aperçoit une Lili voltigeant dans les airs pour ranger les courses familiales, un Benji portant du bout des doigts le sac de courses pesant le poids d’un âne mort. Une seule conclusion s’impose : Mat, Lili et Benji sont dotés de super-pouvoirs.

Supers, tome 1, Une petite étoile juste en dessous de Tsih : une bande-dessinée colorée pour des super-héros attachants

C’est avec ravissement que j’ai retrouvé le coup de pinceau coloré, vif et espiègle de Dawid qui retransmet admirablement les émotions des trois orphelins (et les moments de nostalgie, sortis de leur enfance, avec un léger flou aussi aérien que les souvenirs qui s’estompent), soigne les décors d’une multitude de détails souvent croustillants et traduit avec habileté le scénario conçu par Frédéric Maupomé… et les mots ! Car, oui !, le tome 1 de Supers, Une petite étoile juste en dessous de Tsih, est doté de bulles ! de quoi soulager les parents effrayés d’avoir à trouver les mots… Et le scénario, justement, est plutôt bien ficelé : les émotions et la psychologie des trois orphelins est bien travaillée et sonne diablement juste, mais ne cède jamais le pas à l’action. Et il faut bien dire que l’incendie a de quoi déboiter les pages. Ce qui me chagrine un peu est le manque d’humour ; j’avais adoré l’esprit facétieux qui balayait Dessus-Dessous… Néanmoins, le tome 1 de Supers, Une petite étoile juste en dessous de Tsih, reste une jolie découverte et n’est pas dénué de charme (ah ! pour la petite histoire, du moins si l'on se fie à Wikipedia, Tsih est le nom chinois donné à cette étoile de luminosité variable située au coeur de la constellation de Cassiopée, et signifie "le fouet"). Les trois enfants sont attachants, dans leur lutte pour une vie normale et leur acharnement à rentrer dans le moule pour ne pas être remarqué, tout en refusant d’abandonner leurs super-pouvoirs dans un petit coin. Et on les comprend ! Ils volent, sont dotés d’une force surhumaine et Lili peut carrément s’infiltrer dans le cerveau des gens… cela a de quoi plaire aux bambins ! Il y a de fortes ressemblances avec le Superman des adultes, mais Supers, tome 1, Une petite étoile juste en dessous de Tsih, reste à la portée des enfants et plein d’originalité dans sa transposition, notamment par les thèmes abordés : la solitude et le sentiment d’abandon face à la perte des parents, l’amitié, l’importance de la famille, la rivalité et la difficulté d’avoir des super-pouvoirs, de les contrôler, de raser les murs quand on pourrait dégommer d’une pichenette le caïd qui nous agresse et fait le paon devant ses potes. Trouver sa place n’est jamais simple et ce premier tome de Supers, Une petite étoile juste en dessous de Tsih, l’aborde avec sensibilité et originalité.