Dessus-Dessous : trois mondes pour une BD muette fantaisiste

A l’ombre d’une terrasse fraîche en bord de mer, je pense à vous, gentils parents n’ayant plus d’idée pour occuper vos rase-moquettes (dès 5 /6 ans) cet été tout en passant un agréable moment avec eux (et pour l'avoir testé auprès de mes neveux et nièces, je peux vous assurer du succès de la chose !). J’ai l’âme philanthrope ! Aujourd’hui, je vous présente donc une jolie bande-dessinée pour enfants, aux dessins tout aussi farceurs que le scénario… muet. A la plume, je rencontre donc pour la première fois l’excellent Dawid et, au scénario, la facétieuse Delphine Cuveele. Une très jolie découverte qui s’inscrit brillamment dans la collection des albums illustrés muets des éditions de la Gouttière (après la BD muette Anuki et son tome 5, Grand-Pied -qui remporte, lui aussi, un franc succès- ainsi que l’album pour tout-petits Myrmidon sur l’île des pirates). Il faudra attendre le 10 juillet pour le trouver dans vos librairies.

Dessus-Dessous : une taupe ; un papa têtu, dépassé… et des enfants malicieux

Par une charmante matinée, deux adorables enfants (un frère et une soeur) regardent leur émission préférée à la télévision et l’héroïne n’est autre qu’une taupe. Le papa se lève le sourire aux lèvres, prend son café et là, c’est le drame : l’héroïne du programme télévisé a élu domicile dans son jardin plus si propret et y a laissé un paquet de ces petits monticules de terre si caractéristiques. La taupe, elle, roupille profondément après avoir parcouru le labyrinthe souterrain qui l’a conduite jusqu’ici. Si les deux bambins sont grandement amusés par la présence de la petite taupe, le papa ne l’entend pas vraiment de cette oreille. Il investit aussitôt dans un taupe gun censé le débarrasser de la petite bestiole qui habite son sous-sol… du moins, est-ce sans compter l’espièglerie de ses deux enfants, bien déterminés à sauver l’héroïne de leur émission adorée.

Dessus-Dessous : une BD muette pleine d’espièglerie et de couleurs

Bon, au bout de deux surprises, je commence à m’habituer à ces albums illustrés sans mot ! Parce que, après tout, nul n’est besoin de mots pour être fantasque et plein de trouvailles. Le scénario de Delphine Cuveele, rondement mené, implique un papa obstiné et bien décidé à signer l’arrêt de mort de la petite taupe, deux enfants espiègles et dont l’imagination pour sauver la petite bête est à la hauteur de celle déployée par leur père pour l’exterminer… et la petite taupe, pleine de ressources malgré les frayeurs provoquées par un sacré chambardement. Les illustrations, vives et colorées, sont de petites merveilles d’humour, elles aussi : signées Dawid, elles illustrent à merveille la naïveté malicieuse des bambins, le visage interloqué et têtu du papa, et le labyrinthe plus si accueillant de la taupe. Les tentatives désespérées du papa, et ses schémas destructeurs (du moins l’espère-t-il), m’ont beaucoup fait penser au pauvre coyote face au diabolique bip-bip : le même esprit déluré balaye les pages de l’album illustré Dessus-Dessous. Les trouvailles imaginées par Delphine Cuvelee et Dawid m’ont bien souvent fait sourire. Il faut dire que Dessus-Dessous ne manque pas d’inventivité et d’humour farceur ! A travers ces dessins malicieux, Dessus-Dessous pose la question du respect de la nature et de la protection des animaux : avons-nous véritablement le droit de détruire un habitat qu’ils ont si joliment décoré (la taupe a même installé les cadres de ses ancêtres !) afin de préserver notre jardin, dessus ? Ah ! Tout est une question de perspective et de point de vue, comme le rappelle avec fantaisie l’album Dessus-Dessous, grâce aux illustrations de Dawid, divisées entre les trois univers. Une BD muette pimpante et lumineuse à glisser entre toutes les mains.