U4 .contagion : le retour du virus ravageur
[Carozine découvre le roman young adult U4 .contagion - C.TRÉBOR ; V.VILLEMINOT ; Y.GREVET et F.HINCKEL - dès 14 ans]
Il y a quelques mois de cela, je vous ai parlé d’une série jeunesse un peu particulière, puisqu’elle combinait deux maisons d’édition (Syros et Nathan), ainsi que pas moins de quatre auteurs : Carole Trébor (U4 .Jules) ; Yves Grevet (U4 .Koridwen) ; Vincent Villeminot (U4 .Stéphane) et Florence Hinckel (U4 .Yannis). On garde les mêmes et on recommence ! Cette fois, il s’agit d’un seule volume, couvrant le avant, le pendant et le après ce virus ravageur nommé U4 : U4 .Contagion. Je vous remets les choses en place ? Un filovirus méningé est né à Utrecht (Pays-Bas) et fait des ravages ; il décime pas moins de 90% de la population mondiale (eh oui ! Merci les joies de la mondialisation ! Un touriste néerlandais éternue aux Etats-Unis et blam ! C’est la fin d’un continent.) Les survivants ? Les 15 - 18 ans (cette fourchette n'étant évidemment pas une généralité), et quelques rares adultes. Je n'en dévoile rien d'autre pour laisser le charme de la découverte à ceux qui sont passés à côté de ce phénomène de l'été 2015.
Le dernier souvenir net qu’il conserve, c’est le parvis de la gare. La tour en forme de crayon, éclairée dans la nuit, lueurs vertes. Le centre commercial illuminé de blanc. Les hôtels, les terrasses, l’enseigne du fast-food qui se mettent à tourner, tourner, carrousel de lumières…
Charles revenait d’Amsterdam, il a eu la gerbe dans le Thalys, il a pensé que l’herbe du coffee shop était de mauvaise qualité -il s’en est voulu d’en avoir acheté autant. Ensuite, ça a été la migraine. Dans le TGV. Bad trip à en chialer. Un pull sur les yeux, pour ne plus rien voir… U4 .contagion - C.TRÉBOR ; V.VILLEMINOT ; Y.GREVET et F.HINCKEL
U4 .contagion : un virus et des adolescents
21 octobre. Le filovirus renommé U4 fait ses premières victimes et se répand comme une traînée de poudre. Au fil des jours, la panique s’installe dans les hôpitaux, auprès des autorités militaires et, évidemment, de la population française. On assiste alors à la métamorphose de Lyon en ville assiégée.
Et puis nous traversons les océans. Nous sommes à présent à quelques kilomètres de New-York, où Lena, fille du « taré » qui avait tout prévu et installé un abri NBC dans son jardin en lieu et place d’une piscine, traverse son jardin sous les coups de feu de voisins apeurés pour rejoindre l’abri… pour un temps indéterminé. Coupée du monde, elle décide de tenir un journal pour tenir loin d’elle la folie qui la guette.
Maintenant, nous sommes aux côtés du Président de la République française qui vient de terminer une conversation avec sa chère maman. Un poil dépassé par les événements et installé dans une enceinte protégée, il est totalement déconnecté de l’extérieur, ne sait plus bien que faire et se laisse usurper sa place par les militaires.
What's next? Well... Je vous laisse le découvrir par vous-même.
—Ouvre-nous, Tom ! Ouvre ! Pitié !… On n’est que deux.
Les tambourinements contre la porte d’entrée de la maison nous tétanisent, papa, maman et moi, alors qu’on s’élançait vers la vitre coulissante qui ouvre sur le jardin arrière. Papa traverse le salon, se plaque contre la paroi et crie :
—Allez-vous-en ! Je vous l’ai déjà dit : il n’y a de place que pour trois dans l’abri !
Les larmes perlent aux yeux de ma mère. Elle s’agrippe à la poignée de la baie vitrée comme à une bouée de sauvetage, tandis que mon père serre son fusil au point de blanchir ses phalanges. U4 .contagion - C.TRÉBOR ; V.VILLEMINOT ; Y.GREVET et F.HINCKEL
U4 .contagion : un roman ovni pour prolonger U4
Très franchement, les premières pages ont été très difficiles : une écriture tendue, abrupte, et, surtout, une succession de fragments… On se promène entre hôpitaux, centres décisionnels, et vie courante, avec des tranches de vie des victimes. Rythmée, cette première nouvelle signée Vincent Villeminot (dont le style m’avait pourtant convaincue dans le roman young adult Le copain de la fille du tueur et dans U4 .Stéphane) m’a laissée dubitative sur la suite du roman U4 .Contagion : trop rapide et peu d’émotions… encore moins de psychologie. On se raccroche au sommaire du cinquième volume de la série, U4 .Contagion, pour savoir si l’on a une chance de recroiser le chemin de l’un des personnages. Et, sans transition, on saute à la nouvelle suivante, consacrée à Lena. Et on touche donc le coeur de la (non ?) structure du roman U4 .Contagion : une série de nouvelles accolées les unes aux autres, entrant en résonance entre elles ou avec les premiers volumes de la série U4, chaque auteur s’appropriant le personnage de l’autre, développant certains aspects de U4 qui lui tenaient à coeur, ouvrant des fenêtres sur le début de la contagion, les personnages secondaires qui gravitaient autour des quatre héros, et la suite : que devient-on après U4 ? L’intention est louable : apporter des réponses, mettre sous les projecteurs certains angles non explorés de l’univers de la série U4. Mais je n’ai pas été hyper emballée. On a l’impression que l’on force des pièces en bois carrées à rentrer dans des ronds. Alors, évidemment, il est plaisant de replonger dans l’ambiance U4, mais la rapidité des nouvelles empêche également de s’immerger entièrement dans l’univers pesant, sombre et violent de ces adolescents qui n’ont plus rien à voir avec l’adolescence que le virus leur a volée et qui ont été contraints de devenir adultes bien trop vite, s’appropriant deuil, désillusion et mince espoir d’un avenir moins sombre. C’est agréable de retrouver Koridwen et Stéphane, de voir ce qu’elles deviennent… mais j’ai été plus agréablement surprise par ces deux volumes que par ce cinquième opus. U4 était une série young adult hors du commun de part la grandeur du projet, la densité de l’univers. Et je suis donc un ch’touille déçue par U4 .Contagion : malgré le côté innovant de la chose, je n’ai pas été convaincue. Les fans seront certainement ravis de ce nouveau volume de la série U4, ne serait-ce que pour savoir ce que fait Koridwen ou pour plonger dans le passé de Stéphane et de Yannis.
Elle se regardait sans complaisance dans la glace de la salle de bains, ses yeux cernés, son teint blafard, les marbrures rouges le long de son nez, ses cheveux ternes. Elle n’avait jamais traqué que ses défauts dans le reflet de tous les miroirs qu’elle avait rencontrés. Les lueurs livides de l’aube, qui transperçaient la fenêtre, auraient dû adoucir ses traits. « Mais la lumière d’hiver n’a jamais été une aquarelliste assez douée pour aplanir les défauts d’un visage épuisé », songea-t-elle en soufflant de la buée sur son image pour la faire disparaître. U4 .contagion - C.TRÉBOR ; V.VILLEMINOT ; Y.GREVET et F.HINCKEL
Les détails du livre
U4 .contagion
Auteur : C.TRÉBOR ; V.VILLEMINOT ; Y.GREVET et F.HINCKEL
Illustrateur : Marc LIZANO
Éditeur : Syros /Nathan
Prix : 16,95 €
Nombre de pages : 456
Parution : 3 novembre 2016
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Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure.... pour lire. So what?!
Autres lectures de Carozine : Divergente raconté par Quatre (édition augmentée) : un éclairage nouveau avec ce préquel.