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Les déboires de Carozine à Bordeaux : "gavé"

5 Mars 2012

Caro(z)ine décortique la langue régionale de Bordeaux : le "gavé"
Nous avons pu précédemment constater que le Bordelais est une espèce particulière ayant développé son propre langage, rendant délicate toute communication avec l'alien parisienne que je suis. Après la poche bordelaise et la débandade de la chocolatine, il est temps d'aborder le "gavé". Car le "gavé" est fourbe ! Et surtout, le "gavé" de Bordeaux se rencontre partout, à chaque détour d'une conversation. Il n'est ainsi pas rare d'entendre "j'ai gavé de trucs à faire" ou sa variante "je suis gavé de trucs à faire", sans compter les ponctuations gavesques. Autant dire que le "gavé" bordelais a de quoi dérouter le Parisien en vadrouille. Ayant vécu mon adolescence dans une autre région ayant développé son propre langage, j'ai nommé le Var, le terme de "gavé" m'était familier et j'avais déjà assimilé qu'il n'avait aucun lien de parenté avec les pauvres oies que l'on s'empresse de gaver pour les voir fnir dans une assiette, sur un petit toast grillé, accompagnées d'un confit d'oignons. Non. Le "gavé" du sud se rapproche plus d'un ras le bol ambiant (sans rapport aucun avec le résultat des présidentielles) ; "ça me gave", à Toulon, doit donc être immédiatement traduit par votre petit cerveau en ébullition tentant désespérement de suivre le cours de la conversation par "ça me gonfle".

Le "gavé" bordelais... une particularité à maîtriser

Le "gavé" de Bordeaux [expression régionale]
Manque de bol pour moi, "ça me gonfle" ne semble pas être la traduction adéquate quand votre collègue vous annonce, avec une moue généralement utilisée pour l'enterrement de son animal domestique préféré, que "on a gavé de livres à mettre en rayon". Loupé. Seule solution à adopter, le temps de trouver l'équivalent en langage Carozinien : baisser les yeux pour ne pas que votre collègue remarque qu'ils sont aussi largement ouverts que ceux du pauvre merlan frit ; fermer la bouche et murmurer un "aaaah" inexpressif, ne traduisant pas un "ah, mais qu'est-ce que tu me baragouines-là ?" ou "ah, dis donc, c'est bien fâcheux" et encore moins un "ah chic alors !". En cas de doute : s'abstenir. Quitte à passer pour l'abrutie dont les parents ont oublié d'allumer toutes les cases à la naissance ou une effroyable snob. Il semblerait que dans ce cas précis, le "gavé" de Bordeaux puisse finalement se rapprocher de l'oie dont la vie sera écourtée pendant les fêtes de fin d'année. Car ce matin-là, une montagne de livres nous attendait, patientant aimablement jusqu'à ce que je comprenne le fonctionnement parfois anarchique du rayon poche. Le "on a gavé de livres" pourrait donc être analysé par le pois chiche cognant contre les parois de mon cerveau comme "on a une tonne de livres à mettre en rayon". Dans la mesure où l'oie a une tonne de nourriture à ingurgiter avant de se marier avec des oignons qui n'en demandaient pas tant, nous pouvons partir du principe que dans ce cas précis, j'étais une oie. Traduction qui fut confirmée par un barman qui envisageait sa journée de repos du lendemain en mentionnant "je suis gavé de trucs à faire et il faut absolument que je finisse mon jeu de rôle". Barman = oie clignota aussitôt dans mon esprit rendu fertile par les verres de rhum arrangé. Le fait que je n'ai toujours pas éclairci le mystère du "gavé" utilisé comme ponctuation dans les conversations sur un lieu de travail est donc négligement relégué en fin d'article !

5 mars 2012

Bougres de faux jetons à la sauce tartare ! C'est tout ?!

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. . Caroline D.