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The Lunchbox : comédie (dramatique) appétissante

[Carozine se délecte devant le film The Lunchbox - Ritesh BATRA]

22 Sept. 2014

Carozine regarde The Lunchbox
J’ai un sérieux faible pour les films indiens, pour les très simplistes raisons que j’adore leur accent (surtout quand ils parlent anglais) et leur façon de bouger la tête, donnant l’impression que leur visage est complètement déconnecté de leur cou, et, donc, quand j’ai aperçu l’affiche de The Lunchbox, la comédie dramatique signée Ritesh Batra (tant pour la réalisation que pour le scénario), je ne pouvais qu’être titillée ; un regard à la bande-annonce et ma décision était prise : il fallait impérativement que j’aille voir The Lunchbox. C’est chose faite depuis hier (et je remercie bien bas ma chère maman de m’avoir accompagnée) et je n’ai pas été déçue : The Lunchbox rattrape largement la déception cinématographique de ce début d’année (oui, Don Jon), c’est une comédie savoureuse et attachante… qui donne diablement envie de se lancer dans la cuisine indienne. Pour la petite histoire, les lunchboxes sont une véritable industrie à Bombay : 5.000 livreurs (les dabbawalas) pour 130.000 repas livrés chaque jour… sans erreur, si l’on se fie (et le film nous le rappelle dans un dialogue de sourds franchement hilarant) à l’étude de Harvard, et ce malgré les pluies diluviennes des moussons mais surtout malgré l’illettrisme de ses livreurs, qui font preuve d’une telle organisation que même FedEx s’en inspire !

The Lunchbox [Ritesh Batra], avec Irrfan Khan

The Lunchbox : un acariâtre et une épouse délaissée

The Lunchbox [Ritesh BATRA]
Il était une fois le destin bien particulier d’une lunchbox, amoureusement enveloppée dans un petit sac vert pomme et préparé par une épouse quelque peu délaissée par son mari, Ila. En connivence avec sa truculente voisine de l’étage supérieur (Auntie), Ila décide de reconquérir son époux… par le ventre. Par un beau matin, elle mitonne ainsi un délicieux plat, grâce à la pincée d’épices suggérée par la malicieuse Auntie (depuis la fenêtre), qu’elle répartit entre les différentes couches de la lunchbox, juste à temps pour être emportée vers le lieu de travail de son mari, entre les mains expertes du livreur qui traversera tout Bombay pour la délivrer… au ronchon Saajan, à qui il ne reste plus qu’un mois avant de prendre sa retraite anticipée. Parce que figurez-vous que, dans un miteux restaurant préparant du chou-fleur à n’en plus finir, un cuisinier prépare, normalement, le repas de Saajan, avant de le glisser dans une housse vert pomme. Ila découvre rapidement que la lunchbox n’est pas arrivée au bon destinataire quand son mari lui explique que le chou-fleur était délicieux (avant qu’il n’arrive à saturation et s’en plaigne à sa femme) ; elle s’arme aussitôt d’un crayon pour laisser au message à l’homme ayant mangé la lunchbox de son mari et lui prépare un exquis paneer pour le remercier d’avoir autant apprécié ce plat concocté avec amour. La réponse ne se fera pas attendre mais sera légèrement différente de celle attendue par Ila : « Dear Ila, the food was very salty today ». Décontenancée, la jeune femme continuera néanmoins de livrer les repas du ronchon Saajan et de lui écrire. De l’autre côté de Bombay, qu’il traverse chaque matin dans des trains et des bus surchargés, Saajan découvre qu’il a toujours un coeur, grâce aux mots et à la cuisine de Ila, qui l’aide à réfléchir, à se retrouver, lui qui était comme déconnecté de son moi depuis la mort de sa femme. Mais surtout, Saajan se trouve encombré par le petit nouveau, destiné à le remplacer : un orphelin opiniâtre, enjoué et ayant plus d’un tour dans sa poche.

The Lunchbox [Ritesh BATRA], avec Nimrat KAUR

The Lunchbox : une succulente surprise

The Lunchbox [Ritesh BATRA]
Ritesh Batra nous prouve, avec The Lunchbox, que le cinéma indien non seulement ne se limite pas aux Bollywood mais qu’il est également capable de jouer dans la cour des grands. D’un fait aussi anodin qu’une mauvaise livraison, Ritesh Batra tire une comédie qui s’écarte des clichés, pleine de saveur, d’humour (notamment grâce à ses personnages secondaires hauts en couleurs) et de mélancolie. Une simple relation épistolaire, où chacun livre une partie de soi et de son passé, réchauffe la femme délaissée et l’aide à reprendre sa vie en main, et guide une vieux ronchon vers une voie où il serait un peu moins rabougri parce que nettement mieux nourri que par ses sachets sous vide et fébrile à l’idée de sa pause déjeuner. The Lunchbox est une histoire émouvante et intelligente, toute en subtilité (y compris dans les réflexions sociales et la peinture de l’Inde actuelle, trépidante, sensible et en pleine évolution)… et en saveurs culinaires, car la cuisine est le troisième héros de cette comédie et on ne peut s’empêcher d’admirer les agiles doigts de Ila en train de s’activer au-dessus de ses casseroles, de préparer des boulettes de paneer et autres sauces épicées que l’on imagine divinement savoureuses. The Lunchbox est, dans tous les sens du terme, un régal !

Bande-annonce de la comédie indienne The Lunchbox

Les détails

Petits secrets de The Lunchbox

Réalisateur et scénariste : Ritesh BATRA
Ila : Nimrat KAUR
Saajan : Irrfan KHAN (L’Odyssée de Pi, Slumdog Millionnaire)
Shaik : Nawazuddin SIDDIQUI

22 septembre 2014

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. . Caroline D.