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Don Jon : du porno pour un navet

[Carozine s'interroge devant le film Don Jon - Joseph GORDON-LEVITT]

3 Jan. 2014

Carozine regarde Don Jon
Il fallait bien que l’année 2014 commence par un véritable navet, après tout, la perfection n’est pas de ce monde et autant se le rappeler le plus tôt possible. Ayant été "harcelée" de photos et vidéos annonçant la sortie de Don Jon (potentielle référence à Dom Juan au vu du personnage principal) depuis des mois, à peine le film sorti au cinéma que j’ai voulu voir la chose par moi-même. Après tout, un scénario basé sur un amateur de films pornographiques confronté à une relation amoureuse bien réelle pouvait faire des étincelles... disons, pour résumer mon sentiment, que Don Jon n’a probablement fait des étincelles que dans les pantalons des hommes friands de la silhouette de Scarlett Johansson. Mais, et cela vaut tout de même qu’on lui tire son chapeau, le film Don Jon aura été mon premier navet de cette année. Ce n’est pas rien. Ceci étant, soyons clément en ce début d'année : j'accorderai donc un "peut mieux faire" (oh que je n'aimais pas avoir cette remarque sur mon bulletin trimestriel !) à Don Jon et à son tout jeune réalisateur, Joseph Gordon-Levitt.

Don Jon [de et avec Joseph GORDON-LEVITT, Scarlett Johansson]

Don Jon : porno ou Scarlett Johansson… dilemme cornélien ?

Don Jon [de et avec Joseph GORDON-LEVITT]
Il était une fois un tête à claques de première, Johnny Martello de son petit nom, surnommé Don Jon (Joseph Gordon-Levitt) par ses amis pas plus intelligents que lui, pour l’excellente raison que notre prince de la nuit est un véritable tombeur. Quand on le voit avec son sourire niais, sa tchatche abrutissante et ses cheveux gominés, on se demande bien ce qui peut passer dans le cerveau (certes, éméché) d’une fille tombant sous son charme, mais le fait est que Don Jon, chaque samedi soir, en boîte de nuit, parvient à ramener chez lui, après avoir dansé très serré sur une immonde musique, une fille différente. Pas n’importe lesquelles, non non. Car Don Jon, malgré son QI d’huître est très pointilleux : il lui faut au moins une 8/10. Vous l’aurez deviné, Don Jon est narcissique et, en toute logique, accro aux salles de sport et au marcel blanc (et moulant). Petit détail croustillant ? Don Jon est un inconditionnel du film porno. Pas le film porno raffiné (si tant est que cela existe), que nenni, mais bien du porno qui couine. Par un samedi soir comme tous les autres, le regard de notre prédateur tombe sur le corps superbement moulé dans une robe rouge d’une vulgarité à toute épreuve de Barbara Sugarman (Scarlett Johansson). Manque de bol pour notre tombeur, Barbara, contrairement à ce que son nom et son maquillage outrancier pourraient laisser entendre, n’est absolument pas une prostituée mais une grande amatrice de comédies romantiques, au cerveau aussi limité que la longueur de ses robes. Ce n’est pas peu dire. La romance est-elle possible entre ces deux êtres intellectuellement limités ? Parviendront-ils à passer outre les petits défauts de l’autre ? La réponse est non. Figurez-vous que Barbara trouve dégoûtants les hommes qui regardent du porno et prend rapidement ses valises à la vue de l’historique surchargé de sites pornographiques présent sur l’ordinateur de son cher et tendre. Mais ce n’est pas bien grave, après tout, Barbara n’était qu’une quiche et surtout Don Jon a rencontré Esther (Julianne Moore), sur les bancs des cours du soir que Barbara, qui avait des idées bien arrêtées sur ce que doit ou non faire un homme (et, en premier lieu, ne pas faire de ménage ou discuter de produits d’entretien parce que c’est tout bonnement embarrassant pour elle et non sexy. Ahem), l’avait poussé à suivre afin qu’il ait un poste un peu plus à la hauteur de ses attentes romantiques. Et Esther, plus âgée et donc plus sage, va remettre Don Jon sur le droit chemin, lui apprendre à donner (et donc à recevoir) mais surtout à arrêter de se regarder le nombril.

Don Jon... avec Tony Danza (le retour)

Don Jon : l’étincelle tombe à plat

Don Jon [de et avec Joseph Gordon-Levitt]
Suis-je la seule à trouver que l’intrigue n’est pas franchement fouillée ? J’espère que non. Ajoutez à ce scénario mollasson quelques gags qui, certes, fonctionnent les premières fois mais perdent franchement en impact à force de répétition, une flopée de clichés et vous vous demanderez sérieusement pourquoi diable on se précipiterait au cinéma pour voir un tel film. Car dans la série des clichés, Don Jon se pose là : la famille Martello est embarrassante de crétinerie et de caricature (mais on aura la surprise d’y retrouver le Tony de Madame est servie, oui oui), Barbara est un véritable fléau ambulant et Don Jon, catholique non distingué, se muscle en récitant le Notre Père. Le film Don Jon, réalisé par Joseph Gordon-Levitt, n’est sauvé de sa mièvrerie que par quelques passages, dont notamment le questionnement lié aux pénitences dictées par le curé après les confessions de notre tombeur ou encore l’analyse cynique du pourquoi le porno est tellement mieux que le sexe dans la vie réelle… le tout saupoudré d’une réflexion sur le (manque de) désir. Avouez que cela ne vole pas bien haut et ne suffit pas à faire d’un film une pépite à ne pas manquer. Enfin, comment voulez-vous que l’on trouve un film, tel que Don Jon, sympathique quand l’envie vous tenaille sans cesse d’étriper Barbara Sugarman ? Scarlett Johansson parvient à la rendre proprement exaspérante ; l’envie est grande de traverser l’écran, de lui faire avaler de travers le chewing-gum qu’elle ne cesse de mastiquer avec nettement moins de grâce qu’une Marguerite (oui, la vache), de lui arracher ses faux ongles dotés d’une redoutable french manucure (comble de la beaufitude), de lui apprendre à parler autrement que comme une banlieusarde de seconde zone et de lui faire remettre au placard cette voix digne d’une opératrice de feu le téléphone rose (ou peut-être que cela existe encore ?). Alors, laissez-moi poser cette question : dans la mesure où, si l’on se fie à Don Jon, chaque homme regarde des films pornographiques, le film n’aurait-il pas gagné en profondeur et en réflexion en se séparant de tous ces clichés ? L’amateur de film porno doit-il nécessairement être un crétin fini (capable d’évolution, il est vrai, mais bon…) et l’amatrice de comédies romantiques une blonde sirupeuse sans cervelle et incapable de s’adapter à la réalité des choses ? Non, vraiment, si les grandes lignes étaient prometteuses, le résultat n’est que déception, malgré l’envie bien présente de faire du cinéma et un certain sens de l’humour plutôt décapant.

Bande-annonce du film Don Jon

Les détails

Petits secrets de Don Jon

Johnny Martello aka Don Jon : Joseph GORDON-LEVITT
Barbara Sugarman : Scarlett JOHANSSON
Esther : Julianne MOORE
John Martello : Tony DANZA

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