La peau de l'ours : les coulisses du trafic animalier
[Critique de l'essai La peau de l'ours - Sylvain AUFFRET & Stéphane QUERE]16 Juil. 2012
Shlaaaak !!
C'est le bruit, non pas des travaux en bas de chez moi (ah ! le charme des grandes villes en période estivale !), mais bien du couperet de la page 100 (ou plus exactement de la page 106 dans ce cas précis comme le prouve le pli sur la page car, oui, ô crime de lèse lecteur, je corne les pages de mes livres) qui s'est abattu sur La peau de l'ours signé par Sylvain Auffret (journaliste spécialisé dans les affaires de crime) et Stéphane Quéré (expert en criminologie). Pour ceux qui se demandaient si j'étais gentiment en train de me dorer la pilule sur une plage de sable fin, la réponse est donc "que nenni !"... je m'évertuais en gentille blogueuse que je suis à poursuivre laborieusement ma lecture de La peau de l'ours, que j'ai même entrecoupée d'une pincée de Batman La cour des Hiboux, ce qui n'aura pas suffi à sauver La peau de l'ours de son effroyable destin : finir délaissé dans un coin, la fatale page 106 cornée. Ce qui est d'autant plus navrant que le sujet est pourtant passionnant (à ne pas évoquer, toutefois, lors d'un repas avec grand-papa grand collectionneur de cornes en tout genre, cela risquerait de faire voler les assiettes).
La peau de l'ours : des hommes et (ou ?) des animaux
Il était une fois des êtres humains se divisant en deux catégories : ceux qui souhaitent remplir leur portefeuille de gros billets et profitent sauvagement des animaux sauvages et protégés pour y parvenir ; et ceux qui aiment avoir des animaux originaux à choyer (ou pas, d'ailleurs, quand on découvre le traitement que ces pauvres animaux subissent). Ces deux espèces humaines se retrouvent à un même carrefour : le trafic illégal d'espèces protégées, qu'il s'agisse d'animaux vivants ou de "produits dérivés" (comme les appellent les auteurs, à savoir les peaux, notamment, qui fourniront la matière de vos prochaines santiags en caïman). Sylvain Auffret et Stéphane Quéré, dans La peau de l'ours, ont cherché à dresser un tableau pointilleux et documenté du commerce d'animaux, considéré comme le troisième trafic le plus important au monde (mais comme ils le font si bien remarquer : comment trouver des chiffres pour le prouver ?! Ah !). Des touristes emportant dans leur valise de petites et adorables tortues pour peupler leur aquarium à la véritable mafia, La peau de l'ours fait le tour du trafic d'animaux, sans prendre de gants. Ils nous dévoilent absolument tout de ce trafic animalier contre lequel il est bien difficile de lutter.
La tortue est l'un des animaux les plus trafiqués en raison de son capital sympathie. Comme les autres reptiles, elle ne fait pas de bruit. Facilement conditionnable, elle s'avère pratique pour les trafiquants. De plus, au prix où elles se vendent actuellement, il y a moyen de gagner sa vie en pratiquant la contrebande. De ce fait, plus de la moitié des 280 espèces de tortues connues dans le monde sont menacées.La peau de l'ours - S. AUFFRET ; S. QUERE
La peau de l'ours : une enquête et des chiffres... trop de chiffres
Fort bien. Sauf que La peau de l'ours est malheureusement imbuvable. Certes, Sylvain Auffret et Stéphane Quéré ont brillamment et méthodiquement fait leur travail d'investigation et nous abreuvent de chiffres et de faits. Mais il manque ce petit quelque chose qui fait que l'on n'a pas envie de reposer le livre avant la dernière page : le style. La peau de l'ours se découpe en paragraphes se suivant les uns après les autres (logique) et probablement reliés par un fil conducteur, cependant, cela ressemble surtout à une suite de faits, de transcriptions de vidéos visionnées par les auteurs et d'interviews... ce qui finit par franchement lasser. Et c'est d'autant plus dommage que La peau de l'ours traite d'un sujet rarement abordé : le trafic (et par là-même la maltraitance) des animaux et les méthodes utilisées par les trafiquants pour leur faire passer les frontières (vestes à poches pour transporter des oeufs, peindre des plumes pour leur donner un air de ressemblance avec de lointains et anodins cousins...). A force de nous fournir des faits, des chiffres et de complexes annexes de très officiels documents chargés de classifier les espèces protégées, La peau de l'ours loupe son objectif : sensibiliser les foules.... voire démocratiser un tel sujet, malgré certains faits divers ayant abreuvé nos journaux, comme le singe maltraité de Monsieur Dents-en-Or (J. Starr) ou la boucherie organisée par les autorités américaines suite à l'évasion d'une cinquantaine d'animaux sauvages des enclos de leur propriétaire.
Les détails du livre
La peau de l'ours
Auteur : S. AUFFRET ; S. QUERE
Editeur : nouveau monde
Prix : 17.95 €
Nombre de pages : 251
Parution : 23 mai 2011.
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Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!
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