Les chats retombent-ils toujours sur leurs pattes ?

Pendant l'une de ses multiples et (très) variées activités destinées à payer le loyer du placard à balais lui servant de demeure, quelle ne fut pas la surprise de Caro(z)ine en constatant qu'après avoir caressé un petit chat craquant tout plein qui s'était installé sur le bord du plan de cuisine, où elle tentait de faire descendre le thon et les crevettes contenus dans la boîte-dîner du chat en question, ce même petit chat, souhaitant des caresses sur le ventre et se retournant alors dans ce qui se révéla être le vide, s'affala à terre comme une crêpe... sur le dos. Interloquée, votre fidèle Sherlock Holmes vit le chat se remettre illico sur ses pattes et repartir en trottinant vers sa gamelle de croquettes, qui avait le mérite d'être pleine, pendant que cette question foudrayait mon petit cerveau : saperlipopette (ou "jarnicoton" pour les férus d'Histoire), les chats ne retomberaient-ils donc pas toujours sur leurs pattes ??!

Les chats ne retombent pas toujours sur leurs pattes

Il n'en fallait pas plus pour que Carozine s'empare de cette croyance populaire et prenne un malin plaisir à lui tordre le cou. Les chats ne retombent pas toujours sur leurs pattes, soit, mais d'où provient donc la croyance voulant que nos chers félins se retrouvent systématiquement pattes au sol suite à une chute ? Car vous admettrez que cela va à l'encontre des lois de la nature qui font qu'une tartine pleine de miel s'écrasera toujours côté miel contre le sol rutilant de votre cuisine, et il serait donc logique d'en conclure que les chats retomberaient toujours sur le dos et non sur les pattes. Cela serait cependant trop simple.
La croyance selon laquelle les chats retomberaient toujours sur leurs pattes vient de l'agilité de nos félins domestiqués et de leur sens extrême de l'équilibre : dès que le chat tombe, il a tendance à relever la tête et le reste du corps suit donc le mouvement de rotation pour projeter les pattes en avant (mouvement de rotation ayant été analysé par des scientifiques, à la fin du XIXe siècle, qui ont décomposé la chute du chat en une série de photographies) ; par ailleurs, les chats ont, avec leurs moustaches, un outil imparable pour évaluer les distances. Seul petit bémol, pour préparer sa chute et atterir sur ses pattes, un chat a besoin d'un peu de temps et donc de tomber de haut ; en tombant d'un plan de travail de cuisine, un chat n'aurait donc pas le temps de se retourner pour effectivement retomber sur ses pattes, mettant ainsi à mal notre chère croyance populaire et autres dictons dérivés insinuant que comme un chat retombe toujours sur ses pattes, une personne est censée pouvoir se sortir correctement d'une situation inextricable.

Le problème du chat parachute (non, ce n'est pas une race de chat)

Nous venons de prouver (avec virtuosité, admettez-le, docteur Watson) qu'un chat retombe sur ses pattes uniquement s'il tombe d'une hauteur minimale (estimée à 1,50 mètres) ; toutefois, la défenestration des chats (phénomène connu par les vétérinaires sous le nom de "chat parachute" ou "chat parachutiste") n'en est pas moins néfaste pour eux, bien qu'ils apprécient plus que tout s'y adonner, pour un peu qu'un pigeon vienne les narguer : certes, le chat aura le temps de se retourner et de tomber sur ses pattes, mais la hauteur accentuera la violence du choc et votre petit chat se retrouvera avec un paquet d'os en compote. La hauteur idéale pour vérifier (sans mal pour le chat) le dicton selon lequel un chat retombe sur ses pattes se situe donc entre 1,50 mètres et un étage d'immeuble. La vérification du chat parachute et de l'adage "le chat retombe toujours sur ses pattes" est absolument facultative, assurer avec véhémence que c'est entièrement faux en serinant des chiffres devrait largement suffire à clouer le bec de vos convives lors de votre prochain dîner mondain : les hommes politiques le savent, répéter trois fois la même chose en secouant énergiquement la main pour ponctuer ses propos fonctionne parfaitement pour convaincre et faire oublier ses arguments.