4
Nov.
2010
Plaidoyer contre le changement d'heure
[Carozine se révolte contre le changement d'heure qui n'est plus franchement nécessaire]

Carozine décide aujourd'hui de s'élever contre des institutions surannées et, sans aller jusqu'à retirer son soutien-gorge telle une suffragette convaincue, décide de prendre son plus beau clavier pour exprimer son plus profond mécontentement face aux dispositions gouvernementales indisposant son organisme. J'accuse (oui oui, comme Zola) le gouvernement de maintenir des dispositions antiques et dépassées par flemmardise ; j'accuse notre président hyperactif de la République (bon, en ce lundi 27 octobre 2014, il s'agit plutôt d'un ramolli du genou) de comploter contre la masse salariale en lui infligeant des changements d'heure venant perturber son fonctionnement et poussant certains à arriver, la bouche enfarinée, à leur poste de travail une heure avant l'horaire convenu par leurs capitalistes de patrons pour cause de réveil mal réglé ! Braves lecteurs que je ne spolie pas, voici mon vibrant plaidoyer contre le changement d'heure.
Le changement d'heure, une institution démodée
Petit retour historique sur le changement d'heure
Mais reprenons le fil de notre histoire et laissons Benjam Franklin retourner à ses paratonnerres pour nous intéresser à André Honnorat, qui remit le changement d'heure au goût du jour, en 1916. André Honnorat, feu journaliste et directeur de cabinet, nous ne te remercions pas : ce n'est pas parce que les Allemands et les Britanniques avaient instauré le changement d'heure la même année qu'il fallait absolument les imiter ; cela fut cependant chose faite en 1917. Toutefois, la France et son changement d'heure connurent quelques turbulences en 1945, lorsque le gouvernement décida de reléguer aux oubliettes cette idée farfelue, mais oublia d'accorder ses violons entre la zone libre (à l'heure française, sans changement, donc) et la zone occupée, toujours à l'heure allemande. Et la masse laborieuse fut ainsi laissée en paix jusqu'au choc pétrolier de 1973, moment où le gouvernement désemparé alla repêcher l'idée saugrenue de monsieur paratonnerre pour économiser l'énergie et limiter la dépendance publique au pétrole en instaurant de nouveau l'heure d'été, censée permettre à la France de réduire sa consommation d'énergie en soirée.
Pourquoi pas, l'idée peut être judicieuse. Sauf que « heure d'été » implique obligatoirement une « heure d'hiver » et malgré le changement d'heure instauré en cette néfaste année de 1976, un pic de consommation électrique est forcément constaté vers 19h, en hiver ; car à moins de s'éclairer à la bougie et de faire fonctionner son four avec une manivelle, la ménagère a besoin d'électricité pour faire mijoter sa tartiflette quand le soleil a pris la poudre d'escampette depuis une bonne heure déjà, adieu donc lumière naturelle.
Le changement d'heure, des économies pas si flagrantes
1) Votre chat en hiver continue de miauler dès 7h du matin et allez savoir pourquoi, il refuse de comprendre qu'il est en fait 8h. Conclusion : vous sortez laborieusement de votre couette pour éviter la pendaison décidée par des voisins n'appréciant pas les concerto de miaulements affamés.
2) Votre vache laitière, complètement perturbée par le changement d'heure de sa traite quotidienne en fonction de laquelle elle est censée prévoir la production de son lait une heure avant ou après son heure habituelle, comme si c'était facile, se met à produire du lait en quantité inférieure et altéré par le stress de votre pauvre Marguerite.
3) Avancer d'une heure en été est peut-être ingénieux pour décaler le pic de surconsommation, certes, mais devinez qui utilise plus longuement la climatisation ? Mais oui, votre collègue de bureau qui arrive déjà trempé de sueur de bon matin, alors n'espérez pas lui ôter sa climatisation si vous souhaitez conserver un minimum d'odorat. Conclusion : des études menées dans l'Indiana ont montré que le supplément énergétique dû à l'utilisation de la climatisation oscillait entre 2 et 4 %... Bonjour les économies d'énergie que nous vend si fièrement notre gouvernement.
4) A force de rebattre les oreilles des foules avec la mort programmée des ours polaires pour cause de fonte de la banquise parce que nous consommons trop d'énergie, la foule en question s'est précipitée sur les ampoules à basse consommation, qui connaissent un essor prodigieux depuis les années 2000, et que l'on n'essaie pas de nous faire croire que les baisses de consommation d'énergie qui en résultent proviennent du changement d'heure. Non, non, non.
Voilà qui sonne donc le glas des hypothétiques économies d'énergie que l'on réaliserait avec le changement d'heure, qui s'avère donc purement inutile.
Ce plaidoyer contre le changement d'heure fut-il convaincant ?!