Le Gabriel : le luxe d'un cocktail

Il est un bonheur suprême, quand la chaleur devient écrasante et qu'en bonne Parisienne que vous fûtes, il y a de cela encore quelques mois, vous ne possédez pas de voiture pour prendre la poudre d'escampette dans la fraîcheur du Périgord : prendre un verre tranquillement installée à une terrasse. Mais pas n'importe laquelle ! Non, non ! Celle qui vous fait de l'œil à chaque fois que vous traversez la Place de la Bourse, j'ai nommé la terrasse du restaurant gastronomique (et bistronomique) Le Gabriel (qui se décline donc en bar, Le Dix, pour prendre un apéritif bien mérité ! Notez, Docteur Watson, que les esprits moins festifs pourront y prendre leur goûter). Entre petits arbres et serveurs discrets, vous pourrez y siroter un cocktail (ou un verre de vin) avec une vue imprenable sur la place de la Bourse, ses pavés créés pour que les chevilles y souffrent, et la Garonne, son clapotis et son miroir d'eau... de quoi vous faire apprécier Bordeaux !

Le Gabriel... et un bar : Le Dix

Outre son bistronomique et ses étoiles gustatives, Le Gabriel propose donc une terrasse absolument idéale en plein été indien (celle de son bar, Le Dix, si vous suivez bien) : à l'ombre de parasols, la terrasse du Gabriel vous offre une vue inégalable sur la Place de la Bourse, sa fontaine et le miroir d'eau (en revanche, pour apercevoir la Garonne, il faut probablement avoir un nez arrivant largement au-dessus des aisselles des gens, ce qui exclut d'office votre fidèle rédactrice, appartenant à la race du rase-moquette). Après avoir longuement compulsé la carte des cocktails, tergiversé et dialogué avec mon portefeuille anorexique (car le cocktail se chiffre à 13 €), mon choix se porta sur la "caïpi gasconne", agrémentée de mûres fraîches, de groseilles, le tout arrosé d'un alcool issu du Château de Laubade (mais ne me demandez pas lequel !). L'attente, comme toujours quand on flirte avec le luxe, fut un poil longuette mais mon sourire se fit immense à la vue de mon cocktail divinement rouge... pour se transformer en grimace après avoir goûté ma caïpirinha revisitée à la sauce bordelaise, pour l'excellente raison que celle-ci se révéla salée. Pourtant, dans mes souvenirs brumeux de soirées parisiennes alcoolisées, il me semblait bien que la caïpirinha était diablement sucrée.

Le Gabriel et sa caïpi... salée

Le Gabriel a-t-il cherché à innover en tentant une version (foutrement) salée (en quel cas, je suggère discrètement au bar Le Dix de compléter la description de sa "caïpi gasconne" d'un (*) qui permettra d'expliquer aux têtes en l'air que le cocktail est décliné par Le Gabriel en version salée, ne se contentant pas, non, non (c'eût été trop classique), de poudrer les bords du verre de sel mais bien d'en verser une rasade par dessus les mûres) ? Ma langue de vipère pousse même le vice jusqu'à penser que le barman, entre deux bouteilles en verre remplies de grains blancs (ceci en partant du principe que la caïpirinha bordelaise se prépare sans sucre de canne -tiré par les cheveux, mais plausible !), aurait omis de vérifier les étiquettes et se serait excité sur le sel, pensant être généreux en sucre ! La question reste ouverte et je laisse le soin à mes augustes lecteurs bordelais le soin de se transformer en testeur secret (un peu comme le client mystère, oui) pour dénicher la réponse. Toujours est-il, qu'en dehors de la déception due à mon cocktail salé, Le Gabriel est un havre de paix fort appréciable ! (Reste à savoir si le chef se fendrait d'un menu végétarien pour mes beaux yeux !).