Ça suffit les bisous ! : le retour (pour notre plus grand bonheur) de la boîte à bisous

Il y a des jours comme ça où, entre la pluie diluvienne, le ciel morose, le manque de sommeil et le neurone amorphe, on sent le baobab qui pousse gentiment au creux de notre paume enfoncer un peu plus ses racines, s’installer confortablement et grandir irrémédiablement. C’est précisément le cas aujourd’hui. J’ai une flemme monstrueuse, je tergiverse trois plombes pour m’installer à mon bureau et là, paf !, mon regard tombe sur ma chronique du jour (bonjour) : l’album Ça suffit les bisous !, signé Pascal Bruckner, Jean-Pierre Kerloc’h (pour le texte) et illustré par Mayana Itoïz. Et là, d’un coup, la motivation reprend le dessus. J’ai empoigné la cisaille et, zou !, j’ai mis une sérieuse raclée à mon baobab. La nature ne me remerciera pas, mais votre gremlin, si. (S'il souhaite m'envoyer des chocolats par la suite, surtout, laissez-le faire.) Car, encore une fois (oui, souvenez-vous, je vous avais parlé il y a quelques temps du fantastique album jeunesse La boîte à bisous, qui m’avait follement emballée. Même équipe. Même coup de ♥.

Ça suffit les bisous ! : des bisous par milliers… jusqu’à l’écoeurement

Point de Juliette pour cette belle histoire, mais une jeune Lara. Lara est la petite fille adorée, merveilleuse (forcément) et follement aimée de ses parents (M. et Mme Martin) un poil gagas, qui s’extasient à la moindre bouchée de carotte, à la moindre grimace. Lara a la chance d’avoir des parents qui la couvent de leur infaillible attention, jouent et racontent des histoires, la couvrent de bisous… y compris la nuit. Et là, la saturation approche. Le bisou de trop qui provoque la tempête dans le verre d’eau. Papa a réveillé la petite Lara en claquant sur sa joue un baiser trop sonore qui l’a réveillée en sursaut. Mais le pire ? Ce sont les bisous (parfois baveux, voire poilus) de toutes les tantes, amis et autres grands-oncles… Trop, c’est trop. (Oui, c'est Tropico. Merci la lobotomisation publicitaire.)

Ça suffit les bisous ! : de la délicate séparation parentale sans sombrer dans l’abandon

Une nouvelle fois, j’ai retrouvé avec plaisir la plume de Pascal Bruckner, associée à celle de Jean-Pierre Kerloc’h : avec Ça suffit les bisous !, ils nous livrent une histoire ravissante et intelligente, pleine d’émotions et de douceur. On y retrouve la visite médicale, avec un médecin plein de bon sens qui remet les points sur les i : Lara souffre d’une surcharge bisoutesque ; or, son corps n’appartient qu’à elle. Le remède ? Limiter les baisers parentaux au strict minimum… à Lara de décider si elle en souhaite plus. Ça suffit les bisous ! parle de l’amour parental et de cette merveilleuse relation qui se dessine entre parents et enfants, mais également des limites à y mettre parfois, pour éviter l’overdose (le fameux « trop plein d’amour ») sans, pour autant, sombrer dans l’abandon. Et là réside toute la difficulté de la chose ! Les illustrations de Mayana Itoïz font merveille, à nouveau : douces et colorées, elles s’harmonisent parfaitement à l’histoire de Ça suffit les bisous !, avec espièglerie et expressivité. L’album Ça suffit les bisous ! m’a emportée dans une petite bulle pétillante et douce, et il n’aura aucune difficulté à se positionner au rang d’histoire du soir préférée du moment auprès de vos bambins.