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Moi, Boy et plus encore : un aperçu vivace de Roald Dahl

[Carozine dévore le roman autobiographique Moi, Boy et plus encore - Roald DAHL - illustrations de Quentin BLAKE - dès 15 ans]

2 Oct. 2016

Carozine lit le roman Moi, Boy et plus encore - Roald DAHL ; illustrations de Quentin BLAKE
Vous l’avez peut-être entendu jusqu’au Pont Neuf, mais, pour ceux qui roupillaient profondément malgré mon état d’excitation avancé, je tiens à le préciser : j’ai grandement jubilé et sautillé (je rassure par la même occasion notre voisin de l’étage inférieur qui a dû penser que le ciel lui tombait sur la tête ou que son appartement s’était soudainement délocalisé sur une faille sismique : ce n’était que moi et mon modeste postérieur en train de témoigner une joie intense), quand j’ai reçu un colis spécial centenaire de Roald Dahl. C’était un peu Noël avant l’heure. Parmi les merveilles de ce centenaire, une édition spéciale du roman autobiographique de Roald Dahl : Moi, Boy et plus encore. Concrètement, entre deux tentatives culinaires (rien à voir avec la choucroute thaïlandaise, mais j’ai tenté le Pims® à la gelée de cerise liqueur de cacao), j’ai passé mon temps plongée dans la vie et l’oeuvre de cet écrivain que j’affectionne tant, le grand, l’immense Roald Dahl. Et j’ai appris un tas de choses.

Alors que mon père avait quatorze ans, ce qui remonte tout de même à plus d’un siècle, il était perché sur le toit de la maison familiale en train de remplacer des tuiles lorsqu’il glissa et tomba à terre. On le releva, le bras cassé en dessous du coude. Quelqu’un courut chercher le docteur et, une demi-heure plus tard, ce personnage fit une arrivée aussi majestueuse qu’éthylique dans son buggy attelé d’un cheval. Il était tellement saoul qu’il prit le coude fracturé pour une épaule démise. Moi, Boy et plus encore - Roald DAHL
Le roman aubiographique Moi, Boy et plus encore, de Roald DAHL - illustrations de Quentin BLAKE [Ed. Gallimard Jeunesse]

Moi, Boy et plus encore : Roald Dahl en long, en large et en travers

Moi, Boy et plus encore - Roald DAHL - illustrations de Quentin BLAKE [ed. Gallimard Jeunesse]
Avec Moi, Boy et plus encore, Roald Dahl nous livre sa version de l’autobiographie… autant dire que c’est amplement revisité et que cela part dans tous les sens. De façon fort classique, Roald Dahl débute sa presque autobiographie par le commencement, l’origine des choses : son père. Harald Dahl est né en Norvège, à une époque où les médecins étaient allègrement portés sur la bibine et il s’en retrouvera manchot. Cela ne l’arrêtera pas, loin de là. Avec l’oncle Oscar, Harald décrète que la Norvège est bien trop petite pour ses ambitions alors, hop la boum, direction la France. De là, l’oncle Oscar bâtira un empire à La Rochelle, tandis que Harald fera la rencontre à Paris de son futur associé, mais, surtout, de sa première femme, Marie. Après brainstorming intense, il décide de poser valises, femme et associé à Cardiff pour y monter une entreprise de courtage maritime. Deux enfants plus tard, Marie a la mauvaise idée de mourir. Cependant, il en faut plus pour abattre Harald qui retrouve rapidement l’amour en la personne de Sofie, qui donnera naissance à Roald (et trois autres bambins), en 1916. À partir de là, Roald Dahl sautille de souvenirs en pensées saugrenues, s’attardant sur les moments qui ont marqué son enfance et en négligeant d’autres. Il ne s’attardera pas longtemps sur la mort de sa soeur (emportée par la rougeole, sort que subira la fille aînée de Roald Dahl, bien des années plus tard), ni sur celle de son père, quelques semaines plus tard. En revanche, nous aurons une vision plus élaborée de la vieille bique qui tenait un magasin de confiserie dans le petit village, ou encore de la surveillante du pensionnat, des boazers et autres joyeusetés.

À St Peter’s, tout le rez-de-chaussée était occupé par les salles de classe. Les dortoirs se trouvaient au premier. À l’étage des dortoirs, la surveillante représentait l’autorité suprême. Elle régnait sans partage sur son territoire, disposait là-haut d’un pouvoir absolu et les garçons de onze et douze ans eux-mêmes vivaient dans la terreur de cet ogre femelle, car elle gouvernait avec une poigne d’acier. Moi, Boy et plus encore - Roald DAHL
Le roman jeunesse /autobiographie Moi, Boy et plus encore, de Roald DAHL - illustrations de Quentin BLAKE [Ed. Gallimard Jeunesse]

Moi, Boy et plus encore : plongée dans un cerveau fantasque

Moi, Boy et plus encore - Roald DAHL - illustrations de Quentin BLAKE [ed. Gallimard Jeunesse]
Moi, Boy et plus encore est un objet relativement saugrenu, avec ces souvenirs émaillés de photographies familiales et de petites anecdotes rectangulaires, tantôt historiques, tantôt familiales, mais généralement décalées et incongrues. Le pompon sur le coulis de framboise nappant le hamburger ? Les illustrations de Quentin Blake, que l’on retrouve éparpillées de-ci de-là. Moi, Boy et plus encore fourmille dans tous les sens et nous donne un aperçu fantastique de la cervelle déjantée et facétieuse de Roald Dahl… que l’on découvre, sans surprise, roi de la bêtise et avide d’aventures. Qu’il s’agisse de la boutique de confiserie, de la surveillante patibulaire, d’un père inventant des histoires abracadabrantes pour détourner son fiston des bonbons, on comprend mieux comment le quotidien, les personnes rencontrées et les situations parfois anodines viennent s’immiscer dans l’écriture, fermenter pour devenir des embryons d’idées que Roald Dahl s’ingéniera ensuite à élaborer. Alors, me demanderez-vous, avide d’anecdote croustillante : pourquoi « Boy » ? Tout simplement parce que c’était le surnom que sa famille accordait à Roald Dahl et, comme on le voit sur de nombreux fragments de lettre envoyées à sa mère, c’était également ainsi qu’il signait. Moi, Boy et plus encore s’arrête à la sortie de Repton (où l’on apprendra d’ailleurs que Roald Dahl n’était pas une flèche à l’école et que l’un de ses professeurs se plaignait qu’il utilisât les mots dans un sens parfois parfaitement opposé à ce qu’il voulait dire), au moment où Roald Dahl se fait embaucher par Shell… de quoi titiller la curiosité, donner envie d’aller plus loin dans sa vie d’adulte (mouvementée) avec la suite de son autobiographie, Escadrille 80. Ou avec la troisième merveille de ce colis dont je vous parlerai incessamment sous peu ! Alors, oui, Moi, Boy et plus encore s’adresse en priorité aux adolescents et c’est une magnifique façon d’aborder cet auteur. Mais ne vous arrêtez pas à cette distinction d’âge et plongez dans les aventures réelles de Roald Dahl car vous y passerez un moment délectable et réjouissant, même (surtout ?) en tant qu’adulte.

Pendant tout mon premier trimestre à St Peter’s j’eus le mal du pays. Le mal du pays, c’est un peu comme le mal de mer. On ne sait pas à quel point c’est épouvantable jusqu’à ce qu’on en soit affligé, et quand ça arrive, on reçoit un choc au creux de l’estomac et on a envie de mourir. La seule consolation, c’est que le mal du pays, comme le mal de mer sont curables instantanément. Le premier disparaît à l’instant même où l’on sort de l’enceinte de l’école et on oublie le second dès que le bateau entre au port. Moi, Boy et plus encore - Roald DAHL
Le roman jeunesse Moi, Boy et plus encore, de Roald DAHL - illustrations de Quentin BLAKE [Ed. Gallimard Jeunesse]

Les détails du livre

Moi, Boy et plus encore

Auteur : Roald DAHL
Illustrateur : Quentin BLAKE
Traducteur : Jean-François MÉNARD, Janine HÉRISSON
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Prix : 14,90 €
Nombre de pages : 225
Parution : 1 septembre 2016

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Moi, Boy et plus encore

Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure.... pour lire. So what?!

Autres lectures de Carozine : Cet été-là : de la question de l’amour adolescent et du deuil (pour les ados et young adults). Et, pour rester dans le thème de autobiographies : .

. 2 October 2016. Caroline D.