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La trilogie de Corfou, 1, Ma famille et autres animaux

[Carozine dévore le roman La trilogie de Corfou [tome 1] : Ma famille et autres animaux - Gerald DURRELL]

4 Juil. 2014

Quoi de mieux, en revenant d’un séjour en Crète, que de se plonger dans un roman relatant les pérégrinations d’une famille britannique dans l’île de Corfou ? Que peut-on faire de mieux, pour se remettre dans l’ambiance si particulière à la Grèce, que de se laisser emporter au fil des pages par la puissance et la beauté de ce pays ? Pendant 5 ans, Gerald (Gerry) Durrell a vécu dans l’île de Corfou avec sa famille un brin fantasque (d'ailleurs, pour ceux que cela intéresse, vous trouverez mon article sur notre voyage sur l'île de Corfou ici). Pensez donc : une mère qui se fait mener par le bout du nez par un fils ainé dandy littéraire effroyablement tête à claques et exigeant, une fille adolescente ne se préoccupant de peu de choses en dehors de son apparence, un second fils passionné de chasse et d’armes à feu, et un petit dernier qui se prend d’affectation pour toutes les bestioles qui croisent son chemin et les ramène dans la cuisine familiale afin de les analyser. Mais reprenons plutôt depuis le début de cette Trilogie de Corfou (tome 1) : ma famille et autres animaux.

Dans sa chambre, Margo, à demi nue, s’aspergeait copieusement de désinfectant. Mère passa un après-midi épuisant, Margo l’obligeant à l’examiner sans cesse pour déceler les symptômes des maladies qu’elle avait la certitude de couver. Il était regrettable pour la tranquillité d’esprit de Mère que la Pension Suisse se trouvât sur la route qui menait au cimetière local. Tandis que nous étions assis sur notre petit balcon qui surplombait la rue, des cortèges funèbres, apparemment sans fin, défilaient au-dessous de nous. La trilogie de Corfou [tome 1] : Ma famille et autres animaux - Gerald DURRELL

La trilogie de Corfou, ma famille et autres animaux : loufoquerie et naturalisme

La trilogie de Corfou [tome 1] : Ma famille et autres animaux - Gerald DURRELL [Ed. La table ronde]
Par une après-midi maussade et pluvieuse de 1935 comme en connait si bien l’Angleterre, la famille Durrell s’ennuie ferme et Larry, le fantasque fils aîné (qui n’est autre que Lawrence Durrell, auteur du Quatuor d’Alexandrie -autrement appelé le Livre des morts), décrète aussitôt qu’il est grand temps d’aller montrer leurs bouilles d’Anglais blafards au soleil de Corfou : l’un de ses amis y séjourne, c’est l’endroit rêvé et donc il n’y qu’à faut qu’on. Désemparée devant un fils incontrôlable, la mère accepte et la famille fait aussitôt ses bagages. Loupe, filet à papillon et autres merveilles plongent dans la valise de Gerry. Un trajet éprouvant plus tard, la famille débarque à Corfou et s’échoue dans un hôtel plutôt miteux. Qu’à cela ne tienne, la famille dénichera une maison. Oui, mais à l’époque, l’affaire n’est pas si simple. Dans un premier temps, toutes les maisons proposées à la famille ont un inconvénient de taille : elles ne possèdent pas de salle de bains, parce qu’après tout, quand on a la mer, à quoi cela pourrait-il bien servir ? Désespérée, la mère décide de prendre les choses en main et de sillonner l’île à la recherche de la perle rare… qu’elle trouve rapidement en la personne de Spirio, un Grec avenant qui prend la famille sous son aile. Et leur dégote une première maison. Première ? Oui, car figurez-vous que que l’épouvantable Larry contraindra sa pauvre mère à déménager encore et encore : une seconde fois parce qu’il a invité un paquet d’amis pique-assiette du dimanche et que, quand il s’agit de flemmarder au soleil tous frais payés, étrangement, les gens ne se font pas prier ; une troisième fois, parce qu’il refuse d’accueillir la vieille et radotante Tante Hermione. Systématiquement, la pauvre mère cède à ces simagrées pour avoir la paix. Pendant ce temps, Gerry découvre la faune et la flore de l’île de Corfou, analyse ses minuscules habitants, apprend le grec en côtoyant les bergers du coin et subit les tortures orchestrées par plusieurs percepteurs (car on ne peut décemment pas laisser un petit garçon de 12 ans devenir un sauvageon).

Peu à peu, la magie de l’île nous enveloppa aussi doucement et de façon aussi tenace que le pollen. Chaque jour avait une tranquillité, une sorte d’éternité qui nous faisait souhaiter ne pas le voir finir. Mais, lorsque les ténèbres de la nuit se dissipaient, une journée toute neuve nous attendait, lustrée, colorée comme une décalcomanie, avec la même teinte d’irréalité. La trilogie de Corfou [tome 1] : Ma famille et autres animaux - Gerald DURRELL

La trilogie de Corfou : humour et lyrisme pour un mélange euphorisant

La trilogie de Corfou, tome 1, Ma famille et autres animaux - Gerald DURRELL
Avec passion, Gerald Durrell retrace ces années paradisiaques qui marquèrent le début d’une carrière et d’un amour dévorant pour la nature. A travers les pages de la Trilogie de Corfou (tome 1) : ma famille et autres animaux fleure une nostalgie délicate qui nous imprègne et nous transporte. Mais Gerald Durrell est également doté d'une bonne dose d’humour. Se plongeant à nouveau dans le petit garçon qu’il fut, en totale liberté (ou presque) à Corfou, Gerald Durrell nous dépeint une famille un rien bohème et ce sentiment qui s’empare de moi dès que je pose les pieds en Grèce : la plénitude. Le roman s’égrène au rythme des saisons et des changements imperceptibles que subit l’île, des observations naturalistes du jeune Gerry : on y découvre le fonctionnement perfectionné des nids d’hirondelles, on appréhende les araignées-crabes et autres mantes religieuses, pies et tortues recueillis par la famille, bien contre sa volonté. Gerald Durrell signe une opérette haute en couleurs et délectable, un roman d’apprentissage un peu particulier emporté par un souffle de nostalgie, de répartie et d’humour... Il est un fait aquis, après la lecture de La trilogie de Corfou, 1, ma famille et autres animaux, que Gerald Durrell possède un sens certain du spectacle et de la grandiloquence.

Il y séjourna toute la journée avec sa machine à écrire, n’en émergeant, l’air rêveur, que pour les repas. Le deuxième jour, dans la matinée, il apparut, plein de courroux, car un paysan avait attaché son âne près de la haie. A intervalles réguliers, l’animal poussait un braiment prolongé et lugubre.
- Je vous le demande un peu ! N’est-il pas insensé que les générations futures soient privées de mon oeuvre simplement parce qu’un idiot aux mains calleuses a attaché cette bête puante près de ma fenêtre ? dit Larry. La trilogie de Corfou [tome 1] : Ma famille et autres animaux - Gerald DURRELL

Les détails du livre

La trilogie de Corfou, tome 1, ma famille et autres animaux

Auteur : Gerald DURRELL
Editeur : La table ronde
Prix : 14 €
Nombre de pages : 400
Parution : avril 2014

4 juillet 2014

Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!

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. . Caroline D.