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Les jurons du capitaine Haddock : bachi-bouzouk

30 Sept. 2010

N'écoutant que mon courage et mon grand coeur (absolument ! et j'interdis formellement de ricaner devant son écran à la lecture de ce qui précède, j'ai d'ailleurs mis en place une brigade anti-ricanement désagréable), je vous propose aujourd'hui l'exploration de l'insulte suprême du capitaine Haddock (mon héro... j'en ai beaucoup, certes) : bachi-bouzouk (ou bachibouzouk, au choix, la ségrégation n'étant plus d'actualité, j'ai décidé de laisser les deux possibilités cohabiter dans cet article). Car si vous souhaitez insulter quelqu'un dans la rue en employant des expressions nettement plus amusantes et originales que le traditionnel "tête de con" (dont la variante "tête d'œuf" est terriblement plus drôle mais c'est une autre histoire), autant savoir de quoi vous parlez pour ne pas vous retrouver comme une blonde, après avoir sorti fièrement votre "bachibouzouk", si jamais la personne vous répond qu'elle n'est ni turque ni cavalière.

Le bachi-bazouk et la guerre de Crimée

Bachibouzouk [les jurons du capitaine Haddock]
Le premier (et qui saute au nez) problème des mots importés de langues étrangères est forcément l'orthographe ; vous trouverez donc un bachi-bouzouk, et autre bachibouzouk ou encore le bachi-bouzouck selon les préférences écrites de chacun, mais si vous hurlez dans la rue, personne ne viendra vous demander comment vous l'orthographiez (à moins d'être un fétichiste du mot mais cela ne doit pas courir les rues), le problème sera donc partiellement résolu.
Optons donc pour le bachi-bouzouk ce qui rendra peut-être le trait d'union fashion, allez savoir, après tout rien n'empêche votre fidèle rédactrice de militer pour une orthographe biscornue, c'est tellement plus agréable à lire (mais cette action militante n'engage que moi).

Le bachi-bouzouk : un cavalier mercenaire

Les jurons du capitaine Haddock : bachi-bouzouk
Enfin donc le bachi-bouzouk vient du terme turc "başıbozuk" qui signifie "mauvaise tête" ou "tête désorganisée" et aurait fait son apparition dans la langue française au moment de la guerre de Crimée (petit rappel pour les mémoires de poisson rouge : entre 1853 et 1856, la guerre de Crimée opposa la Russie impériale aux visions territoriales un peu trop étendues à une coalition formée par l'Empire ottoman, l'Empire français, le Royaume-Uni et le royaume de Sardaigne).
Le bachi-bouzouk était donc un cavalier mercenaire de l'armée de l'Empire ottoman, qui n'obéissait pas franchement aux règles des combats loyaux, ne possédait pas non plus d'armement conventionnel et se faisait souvent utiliser par les généraux ottomans pour des tâches d'information, de reconnaissance et évidemment exactions en tout genre (il fallait bien que les bachi-bouzouks se défoulent un peu). La plus célèbre d'entre elles est la répression que les bachibouzouks (pas de jaloux, c'est vilain, donc place au non tiret) firent subir aux Bulgares en 1876, au moment des mouvements panslavistes, et qui provoqua jusqu'à l'émoi de Victor Hugo, alors sénateur de Paris, qui rédigea un pamphlet dans le journal Le Rappel sous le titre de "Pour la Serbie" (non que l'illustre monsieur Hugo ait eu quelques difficultés pour localiser la ville de Batak où eurent lieu les massacres, mais parce que les Ottomans ont étendu les massacres à la Serbie voisine) et du Figaro (qui publia "Voyages au pays des bachibouzouks"). Notez accessoirement que la répression des Bulgares entraîna également le renversement du sultan Abdulaziz, auquel succédera Abdülhamid II, puis (et non des moindres) la guerre russo-turque (1877).
Mais trêve d'Histoire et revenons-en à notre non moins illustre capitaine Haddock, sa bouteille d'eau de vie, sa barbe et ses jurons ; dans la bouche du capitaine Haddock, le terme de bachi-bouzouk est donc destiné à faire ressentir à la personne injuriée à quel point elle manque de manière et avouez que bachi-bouzouk sonne nettement mieux que rustre, malappris ou gougeât.

30 septembre 2010

Bougres de faux jetons à la sauce tartare ! C'est tout ?!

Autres expressions avec Carozine : Jarnicoton, d'Henri IV

. . Caroline D.