True Grit : le western made by les frères Coen

Il faut bien le dire, les derniers films des frères Coen avaient quelque peu déçus la pourtant très fan de l'équipe formée par Ethan & Joel Coen que je suis : No Country For Old Men était un tantinet soporifique malgré l'arme utilisée ; Burn After Reading n'était pas aussi déjanté qu'il ne le laissait paraître et A Serious Man a été arrêté en plein élan (façon de parler car nous étions en droit de nous demander si le film allait démarrer un jour) pour cause de profond ennui. En somme, mon amour pour les frères Coen en avait pris un sérieux coup dans l'aile... jusqu'à True Grit. Certes, le film est un remake doublé d'une adaptation, mais les frères Coen imposent un style qui nous fait jubiler. Et, purée d'aisselle de bison, ça se fête ! Prenez place dans votre canapé, bien gentiment appuyé(e) sur des coussins, et admirez l'oeuvre des frères Coen en pleine forme : True Grit se savoure avec un zeste de poussière, de juron et d'odeur d'aisselles digne du métro parisien en pleine canicule et par heure de pointe !

True Grit : une gamine qui ne s'en laisse pas conter

Le film s'ouvre sur la voix off d'une gamine nous expliquant le meurtre de son père par le lâche Tom Chaney, ainsi que sa farouche détermination à le retrouver pour le pendre haut et court. Raide comme la justice, Mattie Ross (Hailee Steinfeld),14 ans, débarque en ville et entame d'improbables (et hilarantes) négociations pour obtenir auprès d'un vieux croulant rapiat le remboursement du bétail dérobé, passe la nuit chez le croque-mort entourée de cercueils avant de se glisser dans le lit d'une vieille tante ronflant comme une moissonneuse-batteuse, et se met en quête du marshal le plus coriace de tout le pays : Rooster Cogburn (Jeff Bridges) qui dégaine sa bouteille de whisky plus rapidement que son colt et ne ramène aucune de ses proies vivante. Fermement décidée à venger la mort de son père, Mattie refuse l'aide du Texas Ranger LaBoeuf (Matt Damon) dont les étoiles accrochées à ses bottes annoncent l'arrivée à trois lieues, après s'être moquée de son épi, et se lance à la poursuite de Cogburn, qui aura tenté de la semer pour ne pas l'avoir dans les pattes. Vient alors la poursuite acharnée, à travers le territoire indien, de l'infâme Tom Chaney, parsemée de joutes verbales réjouissantes, de personnages hauts en couleur et pleins de crasse et de cadavres parce que tout de même, que serait un western sans quelques corps éparpillés et des coups de feu tirés de derrière un rocher ou d'un cheval en plein galop ?

True Grit : le grand retour des frères Coen

Ethan et Joel Coen signent, avec True Grit, un film magistral, un western empreint de gravité et d'humour où l'éternel happy end n'a pas sa place. True Grit n'en reste pas moins jubilatoire : les paysages sont somptueux ; les personnages sont réjouissants et la horde de malpropres ayant récupéré Tom Chaney est tout bonnement improbable, composée notamment d'un pouilleux ne s'exprimant que par cris d'animaux. Les dialogues, dominés par l'incroyable assurance de Mattie et sa logique imparable, sont jouissifs ; Cogburn, avec son ventre retombant sur les genoux, son œil estropié et sa crasse, campe un héros mal embouché et impayable. Avec True Grit les frères Coen sont remontés en flèche dans mon estime et je pourrai pousser la clémence jusqu'à oublier l'effroyable A Serious Man. Ma générosité me perdra !
Pour la petite histoire, True Grit (Le vrai courage pour nos amis du Québec) est donc une adaptation au cinéma d'un livre de Charles Portis (également appelé True Grit, c'est fou c'est fou) ; mais l'histoire ne s'arrête pas là ! Que nenni ! Une première adaptation cinématographique a été faite en 1969 par Henry Hathaway avec son 100 dollars pour un shérif (le True Grit original ne l'avait manifestement pas inspiré). La version True Grit des frères Coen est sortie, en France, en janvier 2011.