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Notre petite soeur [Umimachi Diary] : le Japon entre tradition et modernité

[Carozine se délecte au cinéma devant le film Notre petite soeur [Umimachi Diary], de Hirokazu KORE-EDA]

27 Nov. 2015

Carozine regarde le film Notre petite soeur [Umimachi Diary]
Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler cinéma avec le film Notre petite soeur (Umimachi Diary en version originale). Bon, il faut bien l’admettre, c’est le film dont on n’a pas entendu parler, le film pour lequel vous avez tendance à dire « notre quoi ça ? » quand on vous annonce le titre et à vous demander « mince, c’est un film coréen ou japonais, déjà ?! », une fois devant la salle. Et, au final, c’est le film qu’il faut voir. Et que vous n’oublierez pas, car Notre petite soeur s’infiltre lentement mais sûrement en vous. Pour la petite histoire : Notre petite soeur est issu d’un josei manga (ne me demandez pas dans les détails ce que c’est, je ne serais pas capable de vous répondre, en dehors de préciser qu’il s’agit de mangas pour jeunes femmes, si ma mémoire héritée de Cultura ne me fait pas défaut… et qui, donc, se détache des shōjo qui, eux, sont pour les (petites) filles… bon bref, un manga !), écrit et dessiné par Akimi Yoshida : Kamakura diary. Allez savoir pourquoi nous sommes passés de Kamakura (nom de la ville) à Umimachi (« ville en bord de mer ») pour le film, làààààà.

Notre petite soeur [Umimachi Diary], de Hirokazu KORE-EDA

Notre petite soeur [Umimachi Diary] : quatre soeurs et une vieille maison

Notre petite soeur [Umimachi Diary], film de Hirokazu KORE-EDA
Il était une fois, trois soeurs vivant dans une vieille maison héritée de leur grand-mère, nichée dans un jardin au magnifique (et vieux) prunier, perdue dans une petite ville en bord de mer (Kamakura, dans la préfecture de Kanagawa). L’aînée de la famille, Sachi Koda, est infirmière et est responsable de ses cadettes depuis que le père a quitté femme et enfants pour sa maîtresse (et que la mère, elle, a pris la poudre d’escampette face à toutes ces responsabilités) ; elle est amoureuse d’un homme marié, pédiatre de son état, n’ayant pas le courage de quitter sa femme. La seconde, Yoshino Koda, travaille dans une banque et son coeur d’artichaut s’est entiché, cette fois, d’un garçon plutôt fade à qui elle prête de l’argent. La dernière, Chika Koda, est vendeuse dans un magasin de sport tenu par un patron à la coiffure flirtant avec la touffe afro. La dernière ? Pas tout à fait. Car, à la mort de leur père, les trois soeurs découvrent une quatrième soeur de quinze ans, Suzu Asano… qui ne réfléchit que quelques secondes avant d’accepter la proposition de Sachi, l’aînée, de venir vivre dans leur vieille maison pleine de souvenirs.

Notre petite soeur [Umimachi Diary], avec Ayase HARUKA, Nagasawa MASAMI, Kaho et Hirose SUZU

Notre petite soeur [Umimachi Diary] : un film émouvant et poétique, beau

Notre petite soeur [Umimachi Diary], film de Hirokazu KORE-EDA inspiré du manga Kamakura Diary
Notre petite soeur fait partie de ces films qu’il est particulièrement difficile de résumer pour l’excellente raison qu’il ne s’y passe rien… et pourtant, tant de choses se déroulent sous nos yeux émerveillés. Car oui, l’histoire pourrait se résumer à : quatre soeurs décident de vivre ensemble dans la vieille maison familiale. Mais ce serait passer à côté de ces quatre personnalités si différentes et si lumineuses, ces tranches de vie qui font notre quotidien et qui parviennent à être sublimées, à créer ces instants de magie où le silence véhicule plus d’émotions que la moindre parole. Dans la famille Koda, l’espièglerie coule dans les veines mais se dilue au gré des responsabilités assumées : Sachi (Ayase Haruka, parfaite entre retenue et émotion), en devant très jeune s’occuper de ses soeurs, n’a pas réellement eu d’enfance et est devenue une adulte pondérée, réfléchie et pourtant si vibrante quand il s’agit de défendre ses soeurs ou sa maison. Yoshino (Nagasawa Masami) papillonne au gré des mouvements de son coeur et, pourtant, serait prête à faire face à tous les obstacles pour ses soeurs. Et, enfin, Chika (Kaho) l’ingénue pétille, libre de toute responsabilité en tant que benjamine, regardant avec douceur ses soeurs se quereller… et se ressouder. Puis, Suzu (Hirose Suzu) entre dans l’équation, avec son rire franc et juvénile, son impression de ne jamais bien être à sa place… sauf auprès de ces soeurs qui l’accueillent avec bonheur et bienveillance, et dont elle découvre les failles, les forces et les humeurs. Notre petite soeur [Umimachi Diary] parle des liens magnifiques que sont ceux de la fratrie, de l’initiation à la vie d’une adolescente qui se découvre une famille, des parents défaillants (et des hommes qui ne sont pas à la hauteur)… et, en filigrane, de ce Japon oscillant sans cesse entre modernité galopante et traditions ancestrales, respect des aînés sans, pour autant, étouffer les velléités de rébellion. Alors, oui, Notre petite soeur est un film volontairement optimiste, mélancolie et amertume ne perçant que pas petites notes subtiles ; il s’agit d’un film rafraîchissant, d’un petit havre de paix à savourer délicatement. Mièvre, diront certains ? Je réponds, non : simple ; lumineux et, oui, libéré de tout cynisme, doté d’un ton juste et flâneur.

Notre petite soeur [Umimachi Diary], film signé Hirokazu KORE-EDA
Bande-annonce du film Notre petite soeur [Umimachi Diary]

Les détails

Petits secrets de Notre petite soeur [Umimachi Diary]

Scénariste : Hirokazu KORE-EDA
Scénario : Hirokazu KORE-EDA ; Akimi YOSHIDA (pour le manga) Ayase HARUKA : Sachi
Nagasawa MASAMI : Yoshino
Kaho : Chika
Hirose SUZU : Suzu

27 novembre 2015

I am not devoid of humour

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. . Caroline D.