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Sous un ciel immense : un roman puissant qui envoûte et emporte

[Carozine dévore le roman Sous un ciel immense - Catherine de SAINT PHALLE]

8 Juin 2015

Carozine lit le roman Sous un ciel immense - Catherine de SAINT PHALLE
En cette fin de semaine, après avoir visité l’Antarctique (avec l’excellent roman de Katarina Mazetti, Ma vie de pingouin -j'y ai même croisé des éléphants de mer, alors, y a qu'à voir), Lisbonne, Jerusalem et Rio de Janeiro (en suivant les traces de Tomás Noronha lancé sur Christophe Colomb) ou encore l'Angleterre d'après-guerre avec la sublime série TV Peaky Blinders, j’ai atterri en Australie, à Melbourne, plus exactement, grâce à la plume enchanteresse de Catherine de Saint Phalle et son dernier roman : Sous un ciel immense. Je n’avais encore jamais eu l’occasion de lire cet auteur(e) mais, croyez-moi, je la suivrai désormais avec un plaisir non feint et me plongerai probablement dans ses oeuvres précédentes tant son écriture et son univers m’ont enthousiasmée. Mais ne brûlons pas les étapes et plongeons-nous dans le quotidien australien, à quelques enjambées du célèbre bush et à mille lieues des clichés que l'on peut avoir sur ce vaste pays.

Je suis perchée sur un tabouret de bar à Melbourne, avec un livre et une bière. Ma présence est immergée dans un bain de voix, tel le fruit d’un arbre étranger. (…) Le bar lui-même forme un réseau d’étoiles et de lumières en une nuit qui n’est plus seulement tissée d’obscurité. C’est à ce moment-là que je rencontre Bernice. Elle se hisse sur le tabouret voisin, et se laisse choir avec un soupir. Sous un ciel immense - Catherine de SAINT PHALLE

Sous un ciel immense : cinq femmes et un drame fondateur

Sous un ciel immense - Catherine de SAINT PHALLE [ed. Sabine Wespieser]
Par une soirée probablement étoilée, la narratrice (et j’ai décidé qu’elle s’appellerait Catherine parce que les similitudes semblent nombreuses et que j’aime poser un prénom sur un personnage) se juche sur l’un des tabourets du bar l’Alderman. Elle y croise une rousse pétillante et rafraichissante, Bernice, qui travaille pour une radio locale et, après s’être rapidement inquiétée de la lecture de Catherine (le roman Les vestiges du jour de Kazuo Ishiguro qui est un excellent choix, soit dit en passant), enchaîne sur ses envies d’enfant, de poussette et de couches, à l’aube de la quarantaine. Du coin de l’oeil, la propriétaire du bar, Sarah, l’évalue et la surveille. Ses journées, Catherine les passe à s’occuper des jardins du quartier, sous les ordres de la tranquille et silencieuse Kim, en compagnie d’une autre aide-paysagiste : la brune Milati, dont les yeux bruns brillent et qui est hantée par le suicide de son frère, bien des années auparavant, et masque le désarroi qu’elle éprouve face à la mort de son amie Olga derrière la rage que fait naître un fait divers qui bouleverse le quartier : l’assassinat de la jeune Jill Meagher. Après avoir raccompagné une Bernice sacrément pompette, Catherine fait plus ample connaissance avec Sarah, sculptrice à ses heures perdues et dont la fille, Mary, a choisi de masquer sa beauté sous une burqa bleue.

Nous continuons à planter des bulbes pendant que sa colère, telles des racines, se propage aveuglément dans le sol qui nous entoure. Je ne dis rien. On ne peut s’approcher de ce genre de chagrin. Il est là, comme un orage, une tempête dont on est témoin jusqu’à ce que le calme revienne. Et pourtant, ma simple présence semble faire partie d’un processus que j’accompagne malgré moi. De temps en temps, Mitali me jette un regard, comme une bête sauvage surprise par la compagnie humaine, l’acceptant à moitié, la refusant de l’autre. Sous un ciel immense - Catherine de SAINT PHALLE

Sous un ciel immense : un roman émouvant, beau et poignant

Sous un ciel immense - Catherine de SAINT PHALLE
En quelques lignes seulement, je me suis laissée emportée par l’écriture de Catherine de Saint Phalle : fluide avec des accents poétiques délicats, et sensible… son écriture envoûte et transporte. Soudainement, nous sommes dans la peau de sa narratrice, en lutte avec ses propres démons et ses tristesses, dans cette Australie que je ne connais pas mais où tout semble possible. Et ce ciel immense, changeant et immuable, magnifique à couper le souffle, présent à chaque page ou presque, comme un personnage à part entière. Enfin, cette amitié naissante entre ces cinq femmes si opposées et si proches est d’une délicatesse et d’une beauté poignante. Les portraits de ces personnages féminins se font par touches, comme autant d’esquisses légères… avant de se transformer en somptueux paysages, au fur et à mesure que les liens se nouent et se déploient. A travers ce drame, elles cogitent sur leur vie, font fi du passé, se retrouvent et se libèrent. Bien loin des clichés de Crocodile Dundee (oui, je sais, mes références datent un peu !), les personnages de Sous un ciel immense sont érudits et sensibles, de petits bijoux de culture dans un pays brut et parfois aride. Reste également cette fin magique et splendide, comme on en rêve pour tous ces personnages qui nous habitent le temps des quelques pages. Une impression de grâce, d’impalpable et de beauté indéfinissable se dégage du roman Sous un ciel immense, petite merveille à dévorer, à recommander et à relire ! Un roman assez charnel, avec ces paysages sublimes qui collent à la peau, et indéniablement beau.

Elle est assise, les mains jointes entre ses cuisses en un geste de prière inversé. Ses cheveux sont encore soyeux mais sa peau a changé - imbibée de larmes non versées, un peu comme le ciel. Je m’affaire dans la cuisine, essayant de ne pas interrompre sa tristesse, la laissant se fondre dans l’air de la pièce sans l’assiéger de questions. Elle me lance un regard reconnaissant comme si mon silence était un cadeau. Sous un ciel immense - Catherine de SAINT PHALLE

Les détails du livre

Sous un ciel immense

Auteur : Catherine de SAINT PHALLE
Editeur : Sabine Wespieser
Prix : 20,00 €
Nombre de pages : 210
Parution : avril 2015

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Sous un ciel immense

8 juin 2015

Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!

Autres lectures de Carozine : Codex 632 : Le secret de Christophe Colomb… un premier roman étrangement mieux réussi que les suivants

. . Caroline D.