Rien ne s'oppose à la nuit : une histoire familiale bouleversante
[Critique du roman Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan]2 Mai 2012
"Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l'écho inlassable des morts, et le rentissement des désastres".
En somme, Rien ne s'oppose à la nuit est un livre qui possède tous les arguments pour que je m'arrête devant lui et décide fermement de lui faire prendre place dans ma bibliothèque pourtant déjà bien garnie. Et bien m'en pris. Car Delphine de Vigan m'a redonné goût aux écrivains contemporains français ; ce n'est pas peu dire ! (En témoigne mon aversion pour La liste de mes envies... et ses phrases horriblement courtes qui écorchent les yeux)
Rien ne s'oppose à la nuit : des souvenirs, une oeuvre admirable
Je perçois chaque jour qui passe combien il m'est difficile d'écrire sur ma mère, de la cerner par les mots, combien sa voix me manque. Lucile nous a très peu parlé de son enfance. Lucile ne racontait pas. Aujourd'hui, je me dis que c'était sa manière d'échapper à la mythologie, de refuser la part de fabulation et de reconstruction narrative qu'abritent toutes les familles.Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan
Rien ne s'oppose à la nuit : sensible et pudique
Le regard de Georges sur sa fille semblait empreint d'étonnement. Lucile avait quelque chose de sombre qui lui ressemblait. Depuis qu'elle était toute petite, Lucile l'intriguait. Cette manière qu'elle avait de s'isoler, de s'abstraire (...), d'utiliser le langage avec parcimonie, cette manière, avait-il parfois pensé, de ne pas se compromettre. Mais Lucile, il le savait, ne perdait rien, pas un son, pas une image. Absorbait tout.Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan
Avec Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan nous livre une part d'elle-même, mais surtout une part de sa mère, personnage fulgurant et peu conventionnel, qui aura payé bien cher le prix de sa beauté. C'est un livre émouvant, bien écrit, jamais racoleur... beau. J'ai retrouvé beaucoup de moi dans cette Lucile absorbée par ses angoisses, ses doutes et ne sachant jamais vraiment s'intégrer dans un groupe ; Lucile est quelqu'un qui ne se dévoile que dans l'intimité et qui, en étant constamment sur le fil et les yeux rivés au vide, fit preuve d'un incroyable courage tout au long d'une vie semée d'embuches et de désastres, hachée par des phases de folie pure, jusqu'à son point final : "Je préfère mourir vivante." [Rien ne s'oppose à la nuit - Delphine de Vigan]
Lucile avait passé la quarantaine, elle était redevenue une belle femme, gironde, une femme dont le regard continuait d'impressionner, dont on devinait qu'elle avait été plus belle encore, ce n'était pas une question d'âge mais de faille, quiconque rencontrait Lucile pour la première fois percevait à la fois sa beauté et la trace indélébile d'une chute. Lucile avançait sur un fil, gracieuse, un rien provocatrice, sans filet.Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan
Les détails du livre
Rien ne s'oppose à la nuit
Auteur : Delphine de VIGAN
Editeur : JC Lattès
Prix : 18.34 €
Nombre de pages : 440
Parution : 17 août 2011.
Acheter le livre
Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!

Autres lectures de Carozine : No et Moi : une histoire touchante [Delphine de Vigan]