P’tit Louis XIV : une vision fantasque du règne du Roi-Soleil

Comment aborder l’Histoire avec son joyeux gremlin dont l’esprit vagabonde à mille lieues des héritages royaux et autres querelles de fratrie, assassinats en tout genre ou perruques volumineuses ? P’tit Glénat (oui, mes chouchous) a trouvé la solution avec sa collection Quand les Grands étaient Petits. Et, aujourd’hui, nous abordons donc l’un des plus grands rois de France : Louis XIV. Pardon… P’tit Louis XIV. (Avouez que ça tombe plutôt à pic, avec le tricentenaire de sa mort !) Car, oui, comme tout le monde, notre Roi-Soleil fut un gremlin têtu, star des bacs à sable. P’tit Glénat frappe fort, très fort même ! Avec impertinence, Géraldine Elschner revisite le plus long règne de l’Histoire de France… et que dire des illustrations espiègles de Ronan Badel, dont l’interprétation du célèbre tableau de Hyacinthe Rigaud, représentant (Grand) Louis XIV en costume de sacre, donne le ton de cet album illustré sur P’tit Louis XIV, oscillant entre réalisme et facétie.

P’tit Louis XIV : un roi-enfant qui devient un Roi-Soleil

Par une journée ensoleillée, un enfant royal vient au monde, après des années de tentatives infructueuses par un père vieillissant… qui meurt quatre ans plus tard. Pour P’tit Louis XIV, il est alors temps de grimper sur le trône bien trop grand, d’endosser des responsabilités qui le dépassent largement, sous l’oeil bienveillant de sa mère (qu’il houspille et fait bouger à la baguette) et le regard perçant de l’ombre rouge qu’est Mazarin. Entre châteaux de sable et jouets de construction en bois, P’tit Louis grandit, se sépare de ses conseillers pour devenir le monarque absolu que l’on connaît : il rayonne et la Cour s’organise autour de lui… et de son paon royal. D’une ambition dévorante le plaçant au centre de l’univers, P’tit Louis XIV qui n’est plus si petit se lance dans de vastes projets guerriers ou architecturaux.

P’tit Louis XIV : un album intelligent et espiègle pour découvrir l’Histoire

Le thème de l’album illustré imaginé par Géraldine Elschner n’était pas simple : comment aborder le monarque le plus célèbre de France ? Avec humour, intelligence et espièglerie, bien sûr ! Entre un texte léché, pétillant, érudit mais accessible, et des illustrations fantasques, drôles et touchantes, P’tit Louis XIV a de quoi séduire les adultes ! (Franchement… « Les tas, c’est moi » —qui est donc la bulle que l'on ne voit plus des masses sur mon image d'illustration du paragraphe—, c’est tout de même désopilant, non ?!) Les grands aspects du règne de Louis XIV y sont abordés avec intelligence et humour, en équilibrant brillamment les côtés rutilants du Roi-Soleil, avec, notamment, la construction de Versailles, l’émulation artistique qu’il éveille et la vie de Cour, ainsi que les aspects moins glorieux comme la famine et les guerres incessantes pour accroître sa puissance et sécuriser ses frontières. En fin d’album, on trouve les éléments clefs du règne de Louis XIV, et Géraldine Elschner y évoque avec légèreté la ceinture de fer de Vauban, la notion d’Etat et d’absolutisme, les débuts de Louis XV (sommé de ne pas prendre le même chemin que son ancêtre), ou encore la littérature de l’époque, l'homme à femmes, les relations à Monsieur. Personnellement, j’ai beaucoup aimé cette vision de l’Histoire à travers les yeux d’un enfant, cette perspective différente qui éclaire d’un jour nouveau ce monarque à la perruque empesée, la complexité de ce personnage historique que l’on ressent à travers les pages fantaisistes de l’album P’tit Louis XIV.

Mais qu’en est-il des gremlins ? Hein ? Ah. J’ai profité de la visite de ma nièce (5 ans) et de mon neveu (3 ans) pour mener l’enquête. Verdict ? Sans surprise, mon petit neveu a été nettement plus intéressé par le paon royal que par P’tit Louis XIV lui-même… en revanche, P’tit Louis XIV a eu plus de succès auprès de ma ravissante nièce, qui a réclamé plusieurs fois l’histoire. Je me demande cependant si certains éléments de vocabulaire ne pourraient pas emmener la conversation (un peu) loin, si le gremlin est concentré et plus âgé (mieux vaut attendre 6 /7 ans pour lire P'tit Louis XIV), notamment la notion de « protestants ». La conclusion de tout cela est que P’tit Louis XIV est un album illustré que j’ai trouvé absolument fantastique, drôle et intelligent, qui permettra d’aborder un tas de notions, certes, un peu complexes, mais essentielles, avec votre enfant… le moment venu. (Et ça pourra toujours l'aider à réviser ses leçons d'Histoire, au collège !)