5
Mai
2016
Ma vie en or : quand le bling-bling ne rime pas avec amis
[Carozine découvre le roman jeunesse Ma vie en or - Emmanuel BOURDIER - illustrations de Robin - dès 8 ans]
En ce début mai radieux, je reste dans l’univers jeunesse (et vous comprendrez mieux pourquoi en lisant les prochaines chroniques destinées aux adultes… je traîne un peu les pieds !) et envisage déjà les grandes vacances (soyons fous), les gremlins à occuper avant d’aller à la plage, pendant l’heure de la sieste. Si je ne suis pas sympa. Donc, aujourd’hui, je vous parle d’un petit roman jeunesse, appartenant aux premières lectures : Ma vie en or, d’Emmanuel Bourdier. Autant vous le dire tout de suite, sa couverture m’a rapidement fait de l’oeil quand je l’ai vu dans ma boîte aux lettres : elle m’a rappelé (quart d’heure nostalgie pour trentenaires, bonjour !) le dessin-animé (et la version BD, d’ailleurs !) de La bande à Picsou, quand l’Oncle Picsou plonge dans sa piscine-coffre fort plein(e) d’or et en ressort avec une pièce dans le bec. Bref ! En route pour l’aventure pleine de pépettes avec Ma vie en or (à défaut d'en avoir dans les poches, c'est toujours chouette de s'imaginer riche et milliardaire).
Le chien de Louison est un crétin. Il s’appelle CAC 40, car il sort 40 fois par jour pour faire ses besoins. Il a toujours un petit filet de bave qui pendouille et appartient, paraît-il, à la race des teckels à poil long. Mais, soyons honnête, il ressemble plus à une balayette WC qu’à un gentil toutou. Je ne le supporte pas mais je n’ai pas trop le choix, CAC 40 est toujours collé aux baskets de mon meilleur ami, un peu comme un boulet poilu traîné par un fantôme. Ma vie en or - Emmanuel BOURDIER
Ma vie en or : un Hippo qui devient millionnaire et des amis un peu perdus
Hippo est un petit garçon ordinaire, amoureux de la jolie Sara (au point qu’il en « tremblote des oreilles » quand il la voit, ce n’est pas peu dire !). Son meilleur ami s’appelle Louison (oui, le prénom peut prêter à confusion, mais il s’agit bien d’un garçon) et est affublé d’un vieux chien baveux, CAC 40. En rentrant chez lui avec un carnet de note plutôt misérable, Hippo a l’étrange surprise de voir ses parents perdre littéralement la boule pour avoir remporter les boules du Loto. Multimillionnaires. Alors, forcément, exit l’école parce que ça ne sert à rien de travailler, bonjour le château et les vêtements jetables, le dauphin comme animal de compagnie, la sculpture sur diamant comme passe-temps, et le jet privé comme moyen de locomotion. Avec son argent de poche de la semaine, Hippo achète la boulangerie devant laquelle il bavait tous les après-midis, dévalise les magasins de jouets… Le hic ? Ses amis, eux, vont toujours à l’école et ont toujours des contrôles de maths à réviser.
Notre occupation favorite est d’organiser d’extraordinaires concours de crachats de noyaux de cerise. Sara a beau être largement plus petite que moi, elle est la plus grande cracheuse de noyaux du monde. Un jour, elle a même parié qu’elle était capable de cracher son mini-missile depuis la fenêtre de sa chambre pile sur le képi d’un policier qui passait à vélo. Ce jour-là, j’ai perdu une tablette de chocolat, et nous avons tous les trois gagné un fou rire à nous décrocher la mâchoire. Ma vie en or - Emmanuel BOURDIER
Ma vie en or : ou comment parler de l’argent en rigolant
Dans la famille de Louison, on est blond et fauché… et régulièrement malade, car les parents testent des médicaments pour arrondir leur fin de mois, ce qui ne leur réussit que moyennement. Chez Sara, tout roule financièrement, car la maman travaille dans le luxe, sauf qu’il n’y a pas de papa. Pas mieux, vous me direz. Bref. Vous l’aurez compris, il ne sert à rien de sortir de polytechnique pour le deviner, Ma vie en or parle d’argent. Et de ce qui est important. Avec un ton espiègle et alerte, Emmanuel Bourdier nous montre comment l’argent peut faire perdre la boule et le sens des réalités… on a parfois l’impression de voir un éléphant s’éclater dans une minuscule boutique de porcelaine, mais bon, le gremlin jeune lecteur ne fait pas toujours dans la dentelle, non plus. Le style enlevé fait passer ce défaut du roman Ma vie en or avec allégresse et bonne humeur. Après la démesure (dont le papier toilette en vrais billets de dix euros), Hippo commence à se poser des questions et à réaliser que l’argent sans les amis (d’autant que ses parents n’ont plus vraiment le temps de s’occuper de lui, car ils continuent de carburer aux euros gaspillés), ce n’est pas vraiment jojo et qu’on se retrouve bien seul dans sa super salle de cinéma. Hippo va donc apprendre que l’argent ne remplace pas tout, et qu’un escargot en plastique offert par un papa absent vaudra toujours plus qu’un lingot d’or. Ma vie en or n’est, certes, pas très fin dans sa morale avec cette vision de l’argent qui brûle les doigts et les méninges, mais je dois avouer que je me suis grandement amusée en le lisant. Emmanuel Bourdier a le sens de la facétie, et je n’y résiste jamais. Les illustrations de Robin sont légères et espiègles et, là encore (oui, souvenez-vous, j’ai déjà eu un gros faible pour celles du tome 1 de Moi et ma super bande, S.O.S maître en danger !), elles m’évoquent le trait aérien de Sempé. Pour résumer : on peut difficilement résister au charme de Ma vie en or, malgré quelques défauts.
La première chose que je remarque est la voix de maman qui chante à l’étage. Une voix de petite souris qui aurait avalé dix litres de café noir. Je ne l’ai jamais entendue aussi excitée ! Je prends mon courage à deux mains et je me dirige vers le salon où, comme d’habitude, papa regarde la télévision. Je suis bien décidé à tout lui dire pour mes notes, même si j’en tremble d’avance.
Papa est debout sur le canapé, un papier à la main, les yeux ronds comme des boules de billard et un sourire idiot scotché au visage. Ma vie en or - Emmanuel BOURDIER
Les détails du livre
Ma vie en or
Auteur : Emmanuel BOURDIER
Illustrateur : Robin
Éditeur : Nathan
Prix : 5,60 €
Nombre de pages : 96
Parution : 7 avril 2016
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Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!
Autres lectures de Carozine : L'exploit de Gustave Eiffel : un volume bien fait et instructif.