Ma petite soeur d'occasion : gentillet

En pleine semaine de grand n’importe quoi (ou presque), parce que, allez savoir pourquoi, de manière très étrange, quand on retrouve des amis après quelques mois de séparation, le bon sens nous déserte pour ne laisser qu’un vent de folie, je trouve néanmoins le temps de vous parler d’un petit roman jeunesse signé Eric Sanvoisin (qui doit s’y connaitre, en jeunesse, puisqu’il aurait tout de même neuf gremlins, si l’on se fie à sa biographie… Un peu plus et il pouvait monter une équipe de foot et gagner des millions, dis donc. À la place, il a fait preuve de bon sens et a décidé d'écrire pour eux, ce qui me parait être une excellente idée !) : Ma petite soeur d’occasion. J’ai connecté mon neurone, je suis concentrée (de tomate), alors c’est parti, en route pour un roman jeunesse qui évoque l’adoption et ses difficultés, entre autres ! Avanti bambini ! (Je prends de l’avance sur mon prochain voyage en Italie… bon, vous me direz, si je ne sais dire que cela, on n’ira pas bien loin. Pas faux. Bref !)

Tout allait bien dans ma vie jusqu’à hier… Nous avions passé une super journée à Disneyland, ma mère, mon père et moi. Un vrai jour de fête ! J’avais eu droit à une avalanche de frites et à la fameuse glace six boules dont je rêvais depuis si longtemps. Mes parents m’avaient même laissé choisir les attractions qui donnent le frisson, malgré la queue qui serpentait sur des mètres et des mètres. Ils m’avaient accompagné partout, même dans le Space Mountain ! Ils avaient crié avec moi quand nos cheveux s’étaient dressés sur nos têtes. C’était génial ! Ma petite soeur d'occasion - Éric Sanvoisin

Ma petite soeur d'occasion : un garçon pas aux anges et des parents qui se font la malle (façon de parler)

Tout gazouille au mieux dans la vie de Hugo, quand ses parents décident brusquement d’utiliser une ruse vieille comme le monde : l’emmener passer une journée de folie dans un parc d’attraction, avant de lui annoncer une nouvelle qui devrait bouleverser sa vie… Eh oui, Hugo, dix ans, va avoir une petite soeur. Quoi donc ?! Il n’avait rien demandé, lui. Pire : quand ses parents avaient essayé d’aborder la question, il avait fait la sourde oreille, pensant probablement que le problème se résoudrait de lui-même. Mais voilà. Ses parents, qui rêvent d’abandonner la politique de l’enfant unique, pour des raisons techniques évidentes, se tournent vers l’adoption. Et les démarches s’étant accélérées au cours des dernières semaines, ils filent en Ethiopie, chercher la petite Fabyby, qui sera bientôt la petite soeur de Hugo. Sans surprise, vu le pays d’origine, Fabyby est noire. Voilà qui fait beaucoup à digérer pour Hugo, contraint d’aller passer la semaine chez sa Momie. Et si l’arrivée de Fabyby allait finalement être une avancée positive dans la petite vie de Hugo ?

C’était top d’être fils unique. Je n’avais pas à partager mes jouets ni ma chambre. Toutes les surprises que mes parents ramenaient à la maison étaient pour moi. C’était le bonheur… Oui, mais tout ça, c’était avant !
Un terrible sentiment d’injustice m’a envahi. J’étais contre l’adoption. Cent pour cent contre. C’était pas un truc naturel ! Après tout, si la nature avait décidé que mes parents n’auraient pas d’autre enfant, il fallait la respecter ! Et puis, ils m’avaient, moi ! J’étais parfaitement réussi. Pourquoi est-ce que je ne leur suffisais pas ? J’avais beau chercher, je n’arrivais toujours pas à comprendre. Ma petite soeur d'occasion - Éric Sanvoisin

Ma petite soeur d'occasion : un roman jeunesse plutôt bien fait mais pas exceptionnel

Bon. Très franchement, Ma petite soeur d’occasion ne fait pas partie de ces romans jeunesse inoubliables, pour bien des raisons. Mais, Eric Sanvoisin n’en signe pas moins un livre efficace, qui devrait plutôt bien fonctionner. Potentiellement. Le premier souci, pour moi, vient de l’écriture à la première personne qui reste un exercice périlleux, car il est particulièrement difficile de trouver un équilibre entre style fluide, non abrutissant, et âge du narrateur, dont le vocabulaire et les expressions créent forcément un décalage. Après, je suis peut-être la seule que cela dérange, d’autant que l’intrigue prend rapidement le dessus… ayant intégré son petit Hugo dans une bande de terreurs de l’école (ce qui donne un contexte au thème du racisme, car Hugo est terrifié par les réflexions que pourraient lui balancer ses amis à l’arrivée de Fabyby), Eric Sanvoisin évoque une large palette de thèmes, dont le harcèlement à l’école, le premier amour, l’adoption (évidemment) et le racisme. Personnellement, je ne suis pas certaine de l’utilité du dernier thème, le problème de Hugo, finalement, venant essentiellement du fait qu’il n’a pas envie de voir sa vie bouleversée et qu’une petite soeur ne l’intéresse pas, quelle que soit sa couleur. Mais bon. Une fois l’annonce de l’adoption faite, Hugo va sérieusement se remettre en question (oui, parce qu’il a le coeur tendre, ce faux caïd de la cour de récréation !) : en une semaine, le garçon fera le ménage dans sa vie et dézinguera ses idées reçues (y compris sur les livres, si si !), avec l’aide de sa pétillante grand-mère (Momie, donc) et de la ravissante Lilou, qui a une vision bien particulière et avisée de l’adoption. Avec un zeste d’humour et de légèreté, Ma petite soeur d’occasion parvient donc à traiter de l’adoption et de la difficulté d’accepter le changement, de perdre les privilèges de l’enfant unique pour, finalement, en obtenir un autre bien plus grand : un frère ou une soeur débordant d’amour et avec qui on partagera probablement de belles aventures. Sans avoir été hyper emballée, j’ai trouvé que Ma petite soeur d’occasion était un roman efficace, qui devrait savoir plaire aux gremlins, surtout s’ils sont concernés par l’agrandissement de leur petite famille et la peur de devoir partager l’amour des parents. D’autant plus que Ma petite soeur d’occasion est émaillé par les illustrations, en noir et blanc, de Jess Pauwels : expressives et espiègles, elles apportent un petit vent de fraîcheur très agréable !

L’affaire n’était pas très bien engagée. Ça m’a fait mal parce que Lilou… comment dire… je lui avais fait une petite place dans mon coeur. Pas elle, visiblement. Je me suis écarté pour lui céder le passage. Elle a disparu en montant les marches quatre à quatre comme si elle était poursuivie par un tueur en série.
Je me suis senti minable. En présence des copains, j’étais capable de dire des mots terribles en ricanant. Mais seul devant une fille, j’étais un vrai dégonflé !
Quand j'ai poussé la porte de l’appartement de Momie, elle m’a trouvé bizarre. Ma petite soeur d'occasion - Éric Sanvoisin