Fonce, Petit Paul ! : album illustré poétique et mélodieux

Il pleut, il mouille, il fait un temps digne d’un mois franchement pas génial, mais ce n’est pas bien grave. Ce n’est pas ce qui nous empêchera de nous lancer dans un marathon. Si ? Mais non… Surtout quand il s’agit de ne pas bouger de son canapé ! (Ou presque.) Allez, on enfourche son vélo et on file à la rencontre de la dernière histoire en date de Hubert Ben Kemoun (je dis « dernière », mais, pour être honnête, c’est la première que je lis !) : Fonce, Petit Paul ! Alors, très franchement, j’ai le neurone à plat, je suis à deux de tension et j’ai la tronche en biais (enfin, au moins, The Walking Dead ferait des économies de maquillage s’ils m’embauchaient sur leur nouvelle saison), mais cet album illustré par Charlotte des Ligneris m’a beaucoup plu… reste à voir si la chronique, entre deux bâillements, sera à la hauteur. Damned. Ça, c’est de la pression où je ne m’y connais pas.

—Je descends chez Mily Rose ! Pas longtemps ! avait promis Petit Paul en enfourchant son vélo rouge, ce jour-là.
Il adorait ça, Petit Paul, quand le vent, chargé de printemps, venait chatouiller ses narines. Parfois, pas longtemps, dans la grande descente qui menait chez Mily Rose, il lâchait une main, ou les deux, pour s'imaginer être un grand champion. Il se sentait le roi du monde. Il savait que ce n'était pas vrai, mais il aimait bien le croire. Fonce, Petit Paul ! - Hubert BEN KEMOUN

Fonce, Petit Paul ! : un petit garçon, un vélo et un vent printanier bien facétieux

Par une belle journée de printemps, Petit Paul décide d’enfourcher son vélo et de filer jusqu’à la maison près du lac où habite son amie Mily Rose, pour laquelle il a acheté un foulard aussi doux et ravissant que la fillette ("un foulard du bleu de ses yeux et du rose de son prénom", pour être précise). Manque de bol, Mily Rose n’est pas chez elle. Et (re)manque de bol, tandis qu’il s’entraîne à faire des ricochets pour tromper l’attente (car Petit Paul déteste attendre… mais, en même temps, comment lui en vouloir, qui diable aime ça ?!), le petit vent printanier emporte le foulard. Vite, Petit Paul remonte en selle et file à la poursuite du foulard, ne s’attendant pas à ce que le vent primesautier le lance dans de telles aventures… (Et, ceux qui possèdent un oeil de lynx, pas comme le journaliste de Fantômette, mais bien de l'expression consacrée, auront certainement remarqué que Petit Paul se trouve au sommet d'un grand arbre sur l'illustration de ce paragraphe. Donc, le terme "aventures" est particulièrement adapté. CQFD.)

Tout aurait pu rester ainsi, mais un coup de vent emporta le foulard que Petit Paul avait posé sur un rocher en attendant son amie. Le tissu de soie vola au-dessus du lac, comme un drôle d'oiseau maladroit. Il frôla l'eau, puis s'éleva, s'éleva encore. Aussitôt, Petit Paul enfourcha son vélo et pédala pour rattraper le foulard. Que le vent lui vole son cadeau, il n'aimait pas ça, mais alors pas du tout ! En soufflant, en pédalant, il suivit le foulard rose et bleu. Fonce, Petit Paul ! - Hubert BEN KEMOUN

Fonce, Petit Paul ! : un album illustré doux, poétique et envoûtant

D’une jolie écriture fluide et pas crétine (bien qu’accessible aux petits, parce que, l’air de rien, Fonce, Petit Paul ! leur est destiné), Hubert Ben Kemoun nous transporte au gré des aventures de Petit Paul lancé à la poursuite d’un foulard qui sera volé par le vent du printemps, par une pie, par un train (qui transite tout de même par Bora Bora, c’est dire s’il y met du sien !)… Au final, c’est un conte touchant que nous livre Hubert Ben Kemoun avec son Fonce, Petit Paul ! et ce petit garçon qui brave tous les dangers et affronte ses peurs pour retrouver le cadeau de sa dulcinée. En romantique invétérée, je n’ai pu qu’apprécier ces ailes que nous donnent l’amour sincère et partagé (ou l’amitié ? au choix des préférences). Les illustrations de Charlotte des Ligneris, graphiques et colorées, éclaboussent les pages, apportent un peu de tonus, et une pointe de poésie, à ce récit mélodieux qui a su me plaire et ravir mes yeux. Et ce n’était pourtant pas gagné. Oui, parce que j'ai tendance à être ronchon quand je suis épuisée. Fonce, Petit Paul ! en a donc d'autant plus de mérite !

Sur les rives du lac, les sapins étaient plus hauts, leurs cimes chatouillaient le ciel. C'est au sommet d'un des grands arbres que le foulard finit par s'accrocher. Petit Paul s'aggrippa au tronc du sapin et commença à grimper. L'écorce lui écorchait un peu les mains, mais, pour Mily Rose, il était prêt à tout. Il avait le vertige, mais il suffisait de ne pas regarder en bas.
Branche après branche, il grimpa. Grimpa. Grimpa encore. Encore trois mètres. Encore deux.
Voilà, dans un mètre, il allait récupérer son cadeau... Tout à coup, une pie qui passait par là, attirée par le joli foulard, le déroba comme s'il avait été déposé ici pour elle. Fonce, Petit Paul ! - Hubert BEN KEMOUN