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Les étoiles s'éteignent à l'aube : poignant retour aux origines

[Carozine dévore le roman Les étoiles s'éteignent à l'aube - Richard WAGAMESE]

Carozine lit le roman Les étoiles s'éteignent à l'aube - Richard WAGAMESE
Ma (plus si) Crevette fait la sieste et je profite donc de ce (rare) moment de calme, en ce dimanche après-midi ensoleillé et encore un peu endormi, pour vous parler de ma dernière lecture en date (pour les adultes, mais oui ! en ce moment, je suis à fond les ballons) : Les étoiles s’éteignent à l’aube, de Richard Wagamese. C’est grâce au Picabo River Book Club que ce roman est venu rejoindre ma pile de livres branlantes ; il faisait partie des lectures du mois… en février 2019. Ahem. Un an plus tard, c’est grâce à ma maman que je l’ai ressorti de cette pile branlante pour le dévorer (non, parce qu’il croupissait dans ma pile pour une futilité dont j’ai un peu honte : ma fille portant un prénom d’étoile, je ne voulais pas qu’elle s’éteigne à l’aube. J’vous dis : puéril). Et ce fut une merveilleuse initiative. Il ne vous reste plus qu’à enfourcher le premier canasson venu, à rouler une cigarette (ou à imiter Lucky Luke lors de sa conversion au bien-pensant et à mastiquer un brin de blé) et à plonger entre les pages de ce magnifique roman qu’est Les étoiles s’éteignent à l’aube.

Il fit sortir la vieille jument de l’enclos et la mena jusqu’au portail qui donnait sur le champ. Il avait gelé la nuit précédente et ils laissèrent des traces derrière eux. Il enroula la longe autour de la traverse centrale de la clôture et s’en retourna vers l’étable pour y chercher la couverture de selle et la selle. Les traces faisaient penser à des tâches d’encre dans la neige fondante et il resta immobile un moment à essayer d’imaginer les scènes qu’elles représentaient. Les étoiles s'éteignent à l'aube - Richard WAGAMESE

Les étoiles s'éteignent à l'aube : un garçon face aux retrouvailles tardives avec son père

Les étoiles s'éteignent à l'aube - Richard WAGAMESE [ed. 10 /18]
Au bout d’une route poussiéreuse, cachée au creux des montagnes de la Colombie-Britannique (au Canada, donc), cohabitent dans une maison un poil rustique mais chaleureuse un jeune homme de seize ans, Franklin, et un vieil homme… Tous deux sont unis par une tendre complicité qui n’a pas besoin de mots inutiles pour être ressentie. Un beau jour, Franklin quitte ce havre de tranquillité pour se rendre au chevet de son père malade, Eldon Starlight. Un père qui n’est pour lui guère plus qu’une vague silhouette efflanquée et alcoolisée, apparaissant et disparaissant au gré des quelques jours de sobriété ayant parsemé l’enfance du garçon. Mais le père absent a une requête. Une volonté de faire les choses proprement avant de mourir. Non pas de rattraper les trop nombreuses années perdues au fond d’une bouteille, cela, nul ne pourrait y parvenir. Mais de lui raconter son histoire. Lui offrir la vérité, enfin. Histoire de ne pas mourir en inconnu pour son fils. Et d’être enterré comme un guerrier : assis sur la crête de cette montagne qui l’apaise et qui n’a aucun secret pour son fils.

—Alors le whisky tient à l’écart des choses que certaines personnes ne veulent pas chez elles. Comme les rêves, les souvenirs, les désirs, d’autres personnes parfois.
Le vieil homme se retourna sur le tabouret et cala le seau de lait sur le sol entre ses pieds.
—Des fois, les choses tournent mal. Quand elles arrivent dans la vie, on peut presque toujours les régler. Mais quand elles arrivent à l’intérieur d’une personne, elles sont plus difficiles à réparer. Eldon a été pas mal cassé au fond de lui, dit-il. Les étoiles s'éteignent à l'aube - Richard WAGAMESE

Les étoiles s'éteignent à l'aube : roman initiatique émouvant et lumineux

Les étoiles s'éteignent à l'aube - Richard WAGAMESE [ed. Zoé]
Toute sa vie, Eldon Starlight aura fui son passé et ses choix dans l’alcool… mais, cette fois, il fait preuve de courage et affronte sans faiblir le regard profond et souvent lourd de reproches de ce fils qu’il ne connaît pas et qu’il a confié au vieil homme. Vieil homme qui a élevé cet enfant comme le sien, lui prodiguant l’amour paternel dont il était privé et lui offrant une éducation indienne, proche de la nature et emplie de sagesse. Avec Les étoiles s’éteignent à l’aube, Richard Wagamese nous fait naviguer entre les souvenirs du garçon (de cette enfance ponctuée de rendez-vous ratés ou carrément désastreux avec son père et d’amères déceptions qui poignardent le coeur) et du père… que l’on découvre plein de failles. Un père qui aura préféré sombrer dans l’alcool qui détruit tout plutôt que d’affronter ses choix, et qui se retrouve, lors de ce dernier voyage à travers la forêt et les montagnes, confronté à la clairvoyance de son fils et à la puissance de la vérité. Car, cette fois, le père arrête de se cacher. Avec pudeur et sensibilité, Richard Wagamese nous fait remonter au coeur de la faiblesse et nous dévoile ces hommes qui apprennent à se connaître au milieu de cette nature sauvage et magnifique qui imprègne chaque page du roman. Les étoiles s’éteignent à l’aube est un roman âpre et porté par l’émotion, sombre et lumineux par cette tendresse qui se dégage de ses pages.

Un mince écran de nuages se frayait un chemin au-dessus de la crête des montagnes et ils observèrent son déplacement à la lumière des étoiles qui disparaissaient pour émerger à nouveau. Quand il eut tisonné les braises et qu’il eut ensuite ajouté du petit bois et de plus grosses branches, la flambée repartit dans un crépitement, et il vit la silhouette émaciée de son père. Il n’était pratiquement plus qu’en creux et les doigts qui dépassaient du revers de la couverture étaient fins et anguleux (…) Les étoiles s'éteignent à l'aube - Richard WAGAMESE

Les détails du livre

Les étoiles s'éteignent à l'aube

Auteur : Richard WAGAMESE
Traducteur : Christine RAGUET (V.O: Medicine Walk)
Éditeur : 10 /18
Prix : 7,50 €
Nombre de pages : 288
Parution : mars 2016

Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!

Autres lectures de Carozine : Étés anglais, la saga des Cazalet 1 : l’âme so british dévoilée.

. 4 November 2021. Caroline D.