Étés anglais, la saga des Cazalet 1 : l’âme so british dévoilée
[Carozine dévore le roman Étés anglais, la saga des Cazalet 1 - Elizabeth Jane HOWARD]
Vous le savez, je me suis offert une petite (ou non… plutôt une grosse, pour être honnête, au vu de l’état de mes finances) douceur pendant le confinement : la Box Angleterre de La Kube, cette petite idée lumineuse pondue par trois compères et qui livre chez nous des livres sélectionnés par des libraires (soit en abonnement, soit en coffret édition limitée, comme ce fut le cas cette fois-ci, n’est-il pas, Docteur Watson) (et, nouvelle digression concernant cette Kube, on n’a pas le cul sorti des ronces, marmonnerait mon banquier, car les coffrets sont bigrement tentants à chaque fois…. et j’ai donc craqué, une nouvelle fois, rendant mon porte-monnaie dangereusement anorexique). Bref. Dans cette Box Angleterre figurait, notamment, la pépite du jour (bonjour !) : Étés anglais ; La saga des Cazalet, tome 1, d’Elizabeth Jane Howard. Il ne vous reste plus qu’à picorer un scone tout en sirotant un thé nappé d’un nuage de lait (entier) pour plonger avec moi entre les pages d’Étés anglais.
La journée commença à sept heures moins cinq, lorsque le réveil, offert à Phyllis par sa mère pour son premier poste de domestique, sonna sans se lasser jusqu'à ce qu'elle l'éteigne. Edna, dans l'autre lit en fer grinçant, se retourna avec un grognement et cala son dos contre le mur ; même en été elle détestait se lever, et en hiver Phyllis était parfois obligée de lui arracher draps et couvertures. Phyllis se redressa, dégrafa sa résille et enleva ses bigoudis : c'était sa demi-journée de congé, et elle s'était lavé les cheveux. Elle quitta son lit, ramassa l'édredon tombé par terre pendant la nuit et tira les rideaux. Étés anglais, la saga des Cazalet 1 - Elizabeth Jane HOWARD
Étés anglais, la saga des Cazalet 1 : la campagne anglais à la veille de la guerre
Nous sommes au tout début de l’été 1937 et la famille Cazalet s’apprête à se réunir au sein de Home Place, l’immense demeure parentale admirablement gérée par le Brig (William Cazalet, gentleman à la cataracte galopante et à l’esprit plutôt affuté, malgré certains aspects farfelus) et sa femme, la Duche. Tandis que leur fille, Rachel, célibataire de trente-huit ans, s'occupe des derniers préparatifs, les trois fils Cazalet convergent donc vers la maison de leurs vacances estivales avec toute leur famille : Hugh (l’aîné, revenu de la première guerre avec des éclats d’obus un peu partout dans le corps, dont le cerveau, provoquant d’ignobles migraines), sa femme Sibyl (enceinte jusqu’aux yeux) et leurs deux enfants, Polly et Simon (qui rentre d’internat) ; Edward (séduisant et charmeur, rentré parfaitement inchangé et toujours aussi volage de la première guerre), sa femme Villy (ancienne danseuse de ballet ayant abandonné son métier pour embrasser la vie de femme Cazalet dans laquelle elle s’ennuie prodigieusement) et leurs trois enfants, Louise, Teddy (qui rentre également de l’internat) et Lydia ; et, enfin, le dernier fils, Rupert (peintre plus ou moins fauché), sa jeune (seconde) femme Zoë (passablement cruche mais absolument divine) et les deux enfants, Clary et Neville.
Tout ce beau monde se retrouvera au cours de deux étés anglais, à Home Place, immense demeure à l’anglaise avec jardin, potager, court de tennis (what else?!) et dépendances (que le Brig achète à tour de bras pour loger sa grande famille).
La vie que je mène, se dit-elle, et ce n'était pas une idée nouvelle, plutôt une réitération, est celle qu'on attend de moi : ce qu'attendent les enfants, ce que Maman a toujours attendu, et, bien sûr, ce qu'attend Edward. C'est le lot des femmes qui se marient, or la plupart des femmes mariées n'ont pas un conjoint aussi beau et gentil qu'Edward. Ne pas avoir le choix —du moins ne plus avoir le choix— ajoutait une dimension séduisante du devoir : elle était une personne sérieuse condamnée à une existence plus superficielle que ne l'y aurait portée son tempérament (si la situation avait été différente). Elle n'était pas malheureuse ; c'était simplement qu'elle aurait pu connaître une vie bien plus intense. Étés anglais, la saga des Cazalet 1 - Elizabeth Jane HOWARD
Étés anglais, la saga des Cazalet 1 : le charme de la bourgeoisie anglaise
Avis aux amateurs de Downtown Abbey laissés sur leur faim à l’issue de cette exquise série télévisée, vous aurez de quoi combler votre manque avec Étés anglais ! Elizabeth Jane Howard nous fait revivre, entre les pages de ce premier tome de la saga des Cazalet, l’ambiance si unique de la bourgeoisie anglaise à la veille de la seconde guerre mondiale. Alors, certes, il faut un peu s’accrocher pendant les premiers chapitres et se référer régulièrement à l’arbre généalogique idéalement situé en début de roman, et pour cause : la famille Cazalet est nombreuse et il faut bien, à un moment donné, présenter tout le monde. Tâche souvent un peu fastidieuse. Néanmoins, Elizabeth Jane Howard s’en sort à merveille. Et nous transporte rapidement dans les coulisses de cette grande réunion familiale, au coeur des non-dits et des secrets, sondant les âmes et les habitudes qui écrasent. Car, évidemment, les femmes ont la part belle dans Étés anglais ; toutes les générations y sont délicatement exposées, avec leurs angoisses et leurs rêves souvent déçus, leurs obligations et cette impression de se heurter à des murs invisibles. À l’image de sa Duche dont la sagacité analyse en un clin d’oeil sa tribu à l’arrivée de chacun, Elizabeth Jane Howard nous offre un magnifique tableau de la bourgeoisie anglaise, livre avec sensibilité et intelligence une analyse passionnante (et parfois taquine) de cette famille si soudée, ne laissant aucun membre sur le carreau. Étés anglais nous emporte juste avant le basculement dans la guerre, mais également au seuil de l’enfance, avec ce merveilleux trio de cousines formé par Louise, Polly et Clary (dont on est impatient de suivre l’évolution vers l’âge adulte dans les prochains tomes). Elizabeth Jane Howard capture l’ambivalence humaine dans toute sa splendeur, avec ses contradictions mais également ses évolutions. L’élégance à l’état brut. Étés anglais est un roman lumineux et attachant, une fantastique fresque familiale et je meurs d’envie d’en découvrir la suite !
Les Pickthorne restèrent jusqu'à huit heures vingt, heure à laquelle une remarque accidentelle lâchée par le maître de maison convainquit finalement Mrs Pickthorne qu'en réalité ils n'étaient pas invités à dîner. "Il faut vraiment qu'on file", dit-elle par deux fois, avec hésitation puis avec désespoir. Son mari, qui l'avait entendue la première fois, avait fait semblant du contraire, repoussant jusqu'à la dernière minute le conflit conjugal qui l'attendait. En pure perte. Étés anglais, la saga des Cazalet 1 - Elizabeth Jane HOWARD
Les détails du livre
Étés anglais, la saga des Cazalet 1
Auteur : Elizabeth Jane HOWARD
Traducteur : Anouk NEUHOFF
Éditeur : La table ronde
Prix : 24 €
Nombre de pages : 557
Parution : mars 2020
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La saga des Cazalet (Tome 1) - Étés anglais: La saga des Cazalet I
Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!
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