Les Cartographes, livre 1, La sentence de verre : un monde qui change intensément
[Carozine dévore le roman Les cartographes, livre 1, La sentence de verre - S.E GROVE]7 Oct. 2015
Avanti bambini ! Je vous emmène aujourd’hui dans le monde formidable (oui, oui) de S.E Grove (dont je ne suis pas parvenue à trouver le prénom… « Est-ce important ? » me demanderez-vous, docteur Watson. Non, probablement pas), historienne et globe-trotter de son état (et romancière depuis peu, donc !). Avec Les Cartographes (livre 1 : La sentence de verre), nous plongeons dans un monde aux frontières troubles entre réalité et fiction. Cafterai-je dès l’introduction (assez piteuse, je sais) mon impression ? Mais oui ! Je n’ai peur de rien : Les Cartographes (livre 1 : La sentence de verre) m’a énormément fait penser à l’excellent roman de Philip Pullman, À la croisée des mondes. Et donc, oui, ce premier volet d’une trilogie qui promet d’être palpitante s’adresse, en priorité, aux adolescents (bon, élargissons un peu : dès 11 ans), mais devrait également plaire aux adultes curieux.
Durant les jours, les semaines, les mois qui suivirent, les habitants de Boston commencèrent à prendre conscience des incroyables conséquences de ce moment, bien que personne n’ait été, à l’époque, en mesure de le comprendre. Les navires en partance d’Angleterre et de France cessèrent d’arriver. Quand les marins qui avait quitté la ville après le Changement revinrent, abasourdis et terrifiés, ils racontèrent des récits déconcertants d’anciens ports et d’épidémies. Des marchands, en voyage au nord, décrivirent un endroit stérile couvert de neige (…) et des bêtes fabuleuses, que l’on avait jamais croisées que dans les légendes, étaient apparues. Les cartographes, livre 1, La sentence de verre - S.E GROVE
Les Cartographes (livre 1 : La sentence de verre) : une jeune fille téméraire ; un monde en plein bouleversement et un oncle fantasque
En juillet 1799, Elizabeth Elli (Lizzie) s’apprête à sauter pieds joints dans le Boon’s Stream, à Boston. Au moment où elle s’élance dans les airs, le temps se fige ; elle reste suspendue dans le vide, tandis que les saisons défilent, que les feuilles jaunissent avant de se couvrir d’une neige qui fond tout aussi rapidement qu’elle est apparue. Quelques secondes plus tard, Lizzie est dans l’eau : le Grand Bouleversement est survenu et donne l’impression que rien n’a changé à Boston. Et pourtant. Les continents ont dérivé, les frontières se sont modifiées et, surtout, les ères se sont télescopées. L’Europe est retournée un siècle en arrière et ses états papaux ont sombré dans le chaos, les terres du Nord ont vu les espèces préhistoriques renaître, et les Etats-Unis sont devenus le Nouvel Occident. Nous sommes à présent en 1891 : Shadrack Elli (petit-fils de Lizzie) est un cartographe renommé, dont l’érudition provoque l’admiration ; il dessine des cartes d’une infinie délicatesse et d’une précision pointilleuse, suite à de nombreux voyages à travers l’espace… et le temps. Sa nièce, Sophia Tims (13 ans), vit avec lui depuis la disparition de ses parents, lors d’une expédition, dix ans auparavant. Alors que le gouvernement du Nouvel Occident s’apprête à fermer ses frontières, Shadrack est enlevé par une nébuleuse secte. Accompagnée d’un étrange garçon venu des Terres rases, Théo, Sophia prend la décision de suivre les instructions laissées par son oncle et de retrouver Veressa, une cartographe que Shadrack avait rencontrée lors de sa formation dans la ville de Nochtland.
Il nous a fallu des années, des décennies, pour comprendre que ce monde brisé pouvait être réparé. Que nous pouvions atteindre les Âges distants et surmonter les barrières vertigineuses du temps, et en devenir plus riches. Nous avons perfectionné nos techniques en empruntant les connaissances des autres Âges. Nous avons découvert de nouveaux moyens d’appréhender le temps. Les cartographes, livre 1, La sentence de verre - S.E GROVE
Les Cartographes (livre 1 : La sentence de verre) : un roman qui émerveille
Pour un premier roman, il faut bien admettre que S.E Grove frappe fort. Les Cartographes (livre 1 : La sentence de verre) est bien maîtrisé et ses personnages, attachants. Mais prenons les choses dans l’ordre ! Sophia Tims est donc une jeune fille un peu laissée à la dérive par un oncle préoccupé par ses recherches ; il lui a bien accolé une gouvernante, Mrs Clay, mais cette dernière souffre d’une étrange mélancolie et semble avoir plus besoin d’aide que Sophia. La jeune fille pâtit également d’une étrange maladie : elle n’est pas reliée au temps. Comme tous les citoyens du Nouvel Occident, elle a été dotée d’une montre à sa naissance, mais elle ne possède aucune horloge interne, contrairement à la plupart des gens. Cette condition fait qu’elle perd souvent le fil du temps… mais peut également se révéler un étonnant atout : sans connexion particulière, elle peut se laisser porter. Dans ce premier tome des Cartographes, aux allures de roman initiatique, la personnalité de Sophia va s’étoffer au gré de ses pérégrinations, s’affirmer et prendre de l’ampleur. Face à elle ? Un garçon débrouillard et menteur, mais au charme ravageur : Théo.
Elle n’en avait jamais parlé à son oncle, mais elle pensait avoir compris comment elle en était venue à perdre le fil du temps. Elle se souvenait avoir passé des heures, quand elle était toute petite, à guetter ses parents derrière une fenêtre poussiéreuse. Son horloge intérieure avait égrené indéfiniment les secondes en leur absence, avec patience, puis inquiétude, et enfin désespoir. Puis, lorsqu’il était devenu évident que l’attente était futile, les aiguilles s’étaient tout simplement cassées, la laissant sans parents et sans le moindre sens chronologique. Les cartographes, livre 1, La sentence de verre - S.E GROVE
Dans leur quête, ils seront également aidés par un duo improbable et tapageur : Calixta, la pirate amoureuse de ses vêtements (et dont on aurait aimé une personnalité plus développée, plus présente), et son frère, Burr ; tous deux apportent un souffle léger et humoristique au roman. Délicatement, S.E Grove aborde le thème de la famille, l’amitié et l’amour naissant, la perte de proches tant aimés, l’identité, la quête de soi (et la difficulté d’être soi !)… Les Cartographes, livre 1 : La sentence de verre est dotée d’une intrigue enlevée et rythmée, bien construite. Le roman est dense, l’univers de S.E Grove, foisonnant, et l’écriture, déliée. Néanmoins, Les Cartographes,livre 1, La sentence de verre peut, éventuellement, se révéler un poil complexe pour des enfants de 11 ans, d’autant qu’il exige par moments une certaine culture (par exemple, les Parques ne sont absolument pas développées). Cependant, l’intrigue transporte et reste accessible aux jeunes lecteurs… d’autant que S.E Grove y a parsemé des touches de merveilleux plutôt sympathiques : les oignons sont des têtes de boussole ; les cartes peuvent être liquides et transmettre des souvenirs à celui qui les touche… Les trouvailles ne manquent pas pour pimenter ce premier tome des Cartographes. Pour résumer : Les Cartographes (livre 1 : La sentence de verre) est une excellente surprise ; un roman jeunesse qui en ravira plus d’un, bien construit, bien dosé en intensité dramatique et avec une certaine puissance romanesque. Donc pourquoi se priver ?! Et, franchement, je suis assez curieuse de voir ce que donnera la suite de cette trilogie à venir !
Tout l’ensemble, le contexte tout entier de ce mois de février 1831, lui revint avec clarté. Dans le Boston Common, les gens descendaient les allées à toute vitesse, piétinant pour lutter contre le froid. Les arbres aux branches nues s’inclinaient doucement dans la brise glaciale, ondulant dans le ciel gris. Quelques personnes patinaient sur l’étang gelé. Dans les rues, les passants se hâtaient (…). C’était comme plonger dans un univers parallèle qui lui aurait appartenu. Elle avait beau avoir conscience que ces souvenirs n’étaient pas les siens, ils lui faisaient le même effet. Les cartographes, livre 1, La sentence de verre - S.E GROVE
Les détails du livre
Les cartographes, livre 1, La sentence de verre
Auteur : S.E GROVE
Editeur : Nathan
Prix : 17,90 € [13,99 au format Kindle]
Nombre de pages : 576
Parution : 1 octobre 2015
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Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!
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