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Le contrat Salinger : un roman plein d’imagination pour une rentrée littéraire qui dépote

[Carozine dévore le roman Le contrat Salinger - Adam LANGER]

20 Août 2015

Carozine lit le roman Le contrat Salinger - Adam LANGER
En ces prémices de rentrée littéraire 2015, j’aime autant vous dire que ça swingue dans les chaumières (ou sur la plage, pour celles et ceux capables de conserver leur neurone tout en étant étendu sur une serviette et ayant le visage couvert du sable projeté par un gremlin en furie bien décidé à rattraper un ballon que même le Messie n’aurait pas pu arrêter) ! Après le (très bon) roman africain d’Ondjaki, Les Transparents (et qui a donc ouvert le bal sur Carozine pour cette rentrée littéraire 2015, en ce jeudi 20 août décidément très productif), on enchaîne avec un roman tout aussi intéressant mais dans un genre radicalement différent : Le contrat Salinger, d’Adam Langer… et publié aux éditions Super 8, qui ont le chic pour sortir des sentiers battus, avec leur tranche au jaune vif. Cette fois, nous nous rendons donc aux Etats-Unis et plongeons dans la petite vie plus si tranquille d’Adam Langer. Et c'est plutôt jouissif, franchement fendard, bref, ça vaut bigrement le détour (c'est votre libaire qui va être content !).

Jamais je n’aurai cru qu’un livre puisse modifier le cours d’une existence. C’est Conner Joyce qui m’a fait changer d’avis. Plutôt logique, quand on y pense.
Ce récit - comment un livre a sauvé ma vie tandis qu’un autre a failli tuer Conner - commence comme il se doit dans une librairie. Le Borders de Bloomington plus précisément, dans l’Indiana. C’est là que j’ai reconnu la tête de Conner sur une affiche. A cette époque, je l’avais presque oublié. Je pensais en avoir terminé avec la littérature. Le contrat Salinger - Adam LANGER

Le contrat Salinger : un journaliste blasé ; un écrivain sur le retour (ou non) et un collectionneur

Le contrat Salinger - Adam LANGER [ed. super 8]
Adam Langer est un journaliste désabusé, ayant abandonné la lecture en même temps qu’il a perdu son boulot, lors de la fermeture du magazine new-yorkais Lit. Depuis, il déambule avec ses deux filles et son chien dans les ruelles de la petite ville de Bloomington où sa femme, une brillante universitaire, croupit en attendant d’être titularisée. Par une belle matinée, il tombe sur l’affiche annonçant la venue en ville d’un auteur de polar qu’il avait rencontré lors d’une interview pas comme les autres : Conner Joyce. C’était il y a six ans. Entre temps, la carrière de Conner Joyce a pris un sérieux coup de mou et stagne nonchalamment tandis que celle d’une certaine Margot Hetley s’envole. Conner Joyce a perdu la flamme de ses débuts mais retrouve avec grand plaisir Adam Langer, lors d’une soirée légèrement arrosée. Le lendemain, Adam Langer reçoit un appel, depuis Chicago, d’un Conner Joyce déboussolé qui demande à le revoir. C’est alors que ce dernier lui raconte son étrange rencontre avec le mystérieux Dex Dunford, collectionneur de manuscrits inédits rédigés par ses auteurs préférés, dont Harper Lee… ou encore J.D Salinger. En échange de 2,5 millions de dollars, Conner Joyce s’est engagé à pondre un roman que seul Dex Dunford lira (ainsi que son non moins mystérieux garde du corps, Pavel). Dans un état second, proche de la paranoïa, Conner Joyce dévoile tout à Adam Langer, dans une piscine, violant ainsi le premier commandement de ce contrat : n’en parler à personne.

Conner m’assura que je n’avais rien à craindre. Il s’inquiétait uniquement pour sa sécurité à lui. Les précautions dont il s’entourait étaient probablement inutiles, c’était juste son petit côté parano : il avait peur d’être sur écoute ou pris en photo. Le fait est qu’il était beaucoup plus difficile de mettre une piscine sur écoute qu’une chambre d’hôtel. S’il n’avait pas été père de famille, m’expliqua-t-il, il n’en aurait rien eu à foutre. Mais la sécurité était désormais une priorité. Donc je me pliai à son petit numéro qui, dans tous les cas, était plus intéressant que le mien. Le contrat Salinger - Adam LANGER

Le contrat Salinger : un roman bien imbriqué, qui décoiffe

Le contrat Salinger - Adam LANGER
Je ne connaissais absolument pas l’auteur Adam Langer, dont Le contrat Salinger est pourtant le sixième roman (et la bible Wikipedia n’ayant pas vraiment répondu à mes attentes, je ne suis en mesure de vous en nommer que deux autres : Les voleurs de Manhattan et Crossing California)… néanmoins, j’ai été emballée par cet auteur aux phrases percutantes et au petit grain de folie très agréable. Avec un style vif et imagé, une intrigue riche en imagination et en rebondissements, Adam Langer évoque des thèmes aussi âpres que la difficulté d’être écrivain et de sortir son épingle du jeu, l’inspiration mais, surtout, la désolation du paysage littéraire d’aujourd’hui, dominé par un minuscule groupe d’auteurs super stars qui raflent la mise… pendant que de petits écrivains, non moins dénués de talent, moisissent sur les étagères de librairies en liquidation ou se fendent d’une lecture publique devant six pèlerins. Avec cynisme et style, Le contrat Salinger dénonce cette industrie qui fait bien souvent prévaloir le marketing : l’image de marque de l’auteur est nettement plus importante que son véritable talent (non, non, je ne parle pas ici d’une certaine personne à chapeau, nooooon). La critique est acerbe, l’intrigue rondement menée, les personnages bien définis et intéressants (même dans leur avachissement, absolument)… Comme quoi on peut soulever la question du cynisme de l’édition, de la relation entre un auteur et son lecteur ou même de la corruption tout en ayant de l’humour, un style à toute épreuve et une sacrée dose d’imagination. Le contrat Salinger est un roman vif, caustique et bien ficelé, qui vous tiendra en haleine car, oui, on meurt d’envie de savoir comment le fameux contrat Salinger s’immiscera dans la vie de Conner Joyce pour mieux la chambouler. Quant à savoir quelle est la part de vérité dans le personnage d’Adam Langer, dans la peau duquel on plonge (puisque Le contrat Salinger est le récit des aventures de Conner Joyce par Adam Langer le journaliste et non l’écrivain, diabolique, je sais), là, c’est un autre débat ; le plus important étant de savoir que ce récit à la première personne, oscillant entre description, action, falsh-back et autres, donne à la structure du contrat Salinger une vivacité qui est loin de me déplaire. En clair, la rentrée littéraire 2015 commence avec deux jolis crus !

Conner semblait croire que je pouvais l’aider, et je voulais être à la hauteur. D’ailleurs, j’espérais un peu que, s’il m’avait suivi, c’était parce qu’il voulait que je finisse son bouquin à sa place. Il avait eu tellement de fil à retordre avec. Peut-être que je pouvais l’écrire, moi, ce thriller fourmillant de détails et de documentation. Oui, j’étais certain d’y arriver si le prix était honnête.
« Tu as peut-être besoin d’aide ? Besoin qu’un écrivain vienne à ta rescousse ? Il te faut un regard extérieur ? Quelqu’un à qui soumettre des idées, et qui pourrait te donner son avis ? »
Conner sourit.
« Merci, mais c’est un peu tard » (…) Le contrat Salinger - Adam LANGER

Les détails du livre

Le contrat Salinger

Auteur : Adam LANGER
Editeur : super 8
Prix : 20,00 € [12,99 au format Kindle]
Nombre de pages : 460
Parution : 20 août 2015

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20 août 2015

Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!

Autres lectures de Carozine : Les transparents : solidarité et débrouille en Angola (rentrée littéraire 2015).

. . Caroline D.