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La soif primordiale : le mythe dépoussiéré

[Critique du roman La soif primordiale - Pablo DE SANTIS]

26 Mai 2012

Carozine lit : La soif primordiale
Le Petit traité d'horreur fantastique (de Marion Hendrickx) m'avait donné envie de partir à l'assaut des monstres (sacrés) de notre littérature pour en décortiquer toutes les portées sur notre inconscient collectif, et le dossier Polar du Magazine Littéraire a apporté l'objet de mon désir sur un plateau d'argent : La soif primordiale de Pablo de Santis correspondait parfaitement, en théorie, à mes attentes. Qui mieux que le célèbre mythe de Dracula pouvait me plonger dans les terreurs de notre culture horrifique ? La lecture de La soif primordiale fut loin de décevoir mes attentes, bien au contraire. Pablo de Santis a su s'emparer du mythe à bras le vampire (quel humour, je sais, oh oh oh), le dépoussiérer, lui donner une touche de modernité et surtout le plonger dans notre réalité. Envoûtant ! Mesdames et messieurs, préparez donc une petite place dans votre bibliothèque pour le comte Dracula... ou plus exactement pour la confrérie des antiquaires qui peuplent La soif primordiale de leurs longues années uniformes et grisâtres car La soif primordiale est un livre délicieux.

La soif primordiale : un journaliste et des antiquaires

La soif primordiale - Pablo DE SANTIS [Ed. Métailié]
Il était une fois un jeune homme de 23 ans, vivant à Buenos Aires, dans les années 50. Santiago Lebron trouve un poste d'apprenti auprès de son oncle, puis au sein du journal Ultimas Noticias, en tant que réparateur de machines à écrire. Un beau jour, l'homme en charge de la rubrique des mots croisés, Saphar, est retrouvé mort, le visage écrasé contre les touches de sa machine à écrire. Aussitôt, le journal embauche Santiago au sein de sa rédaction pour remplacer le défunt non seulement afin de publier de nouveaux mots croisés, mais également contribuer à la mystérieuse rubrique mystique, que Saphar signait du nom de Mister Peutêtre. C'est alors que Santiago va découvrir peu à peu un monde mystérieux auquel l'étrange Ministère de l'Occulte cherche à accéder. Et si nous ne sommes pas dans Harry Potter avec un farfelu quai 9 3/4, le Ministère de l'Occulte n'en occupe pas moins un bureau poussiéreux au sein de la poste centrale et s'amuse à faire pousser des boîtes aux lettres d'un rouge flamboyant où bon lui semble. Très vite, Santiago sera recruté par le Ministère comme informateur et chargé de récolter des informations sur les étranges "antiquaires", vivant parmi les objets anciens, trafiquant des livres anciens, résistant mal au soleil et subissant la soif primordiale : le constant besoin de sang.

Trois traits caractérisent ce mal : une longévité anormale, la capacité d'évoquer chez les autres le visage ou les gestes de personnes décédées et la soif de sang, que les antiquaires appellent soif primordiale.La soif primordiale - Pablo DE SANTIS

La soif primordiale : une oeuvre envoûtante

Pablo de Santis [La soif primordiale]
Nimbé de mystère, de livres qui entrent en autocombustion quand on les ouvre à la mauvaise page, de numismate dont il faut éviter de croiser les pas et de librairies à la bonne odeur de poussière, La soif primordiale est une petite merveille et Pablo de Santis le magicien qui fait revivre le mythe des vampires, le dépoussière un bon coup pour le rendre palpable, réel et terriblement attirant. Les antiquaires de La soif primordiale ne se réduisent pas en poussière à la moindre petite incursion du soleil sur leur peau, n'ont pas de dents acérées et de longues capes dignes de Jules César et peuvent se nourrir d'autre chose que de sang bien frais en provenance directe d'une vierge (plus si) effarouchée. Non, les antiquaires de La soif primordiale mangent de la viande crue, ont la peau blafarde et un coeur d'artichaut, sont friands de miel et de vin, luttent activement contre leur penchant sanguinaire grâce à un mystérieux élixir, les tenant à l'écart des faits divers (du moins, en théorie). La soif primordiale de Pablo de Santis est envoûtant, bien écrit, bien ficelé, plein d'imagination, de dextérité et donne bigrement envie de découvrir les autres romans du monsieur (notamment le Calligraphe de Voltaire). En somme, La soif primordiale est une jolie découverte et je remercie bien bas les éditions Métailié d'avoir eu pitié de mon compte en banque et d'avoir accepté de m'en envoyer un exemplaire.

Nous avons tous un ennemi que nous ne soupçonnons pas, et auquel nous ne pensons peut-être jamais, mais qui passe des nuits blanches à réfléchir au mal qu'il peut nous faire.La soif primordiale - Pablo DE SANTIS

Les détails du livre

La soif primordiale

Auteur : Pablo DE SANTIS
Editeur : Métailié
Prix : 18.50 €
Nombre de pages : 245
Parution : 23 février 2012.

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La soif
primordiale

26 mai 2012

Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!

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. . Caroline D.