La Reine des Neiges : ou comment retrouver le conte original de façon ludique

Cette chronique parlera sûrement aux trentenaires qui, comme moi, ont été bercés par la voix mélodieuse et espiègle de Marlène Jobert, pendant les longs voyages en voiture (parade idéale pour des parents exténués cherchant quelques instants de tranquillité)… je me souviens particulièrement de cette histoire de la Sorcière du parc Monceau, qui avale (parce qu’elle ronflait trop fort) les points noirs d’une pauvre coccinelle. Bon, si je suis honnête, je dois admettre que cette histoire racontée par Marlène Jobert était en rude concurrence avec les Contes de la rue Broca : la Sorcière du placard à balais (« sorcière, sorcière, prends gare à ton derrière »). Bon, bref. Tout cela pour dire que Marlène Jobert est de retour chez moi, avec sa lecture du conte de Hans Christian Andersen : La reine des Neiges. Et je dois dire qu’après en avoir soupé avec la fade version de Disney, ce fut franchement réconfortant de redécouvrir ce conte grâce à la voix de Marlène Jobert. Allez, laissez-vous bercer, vous ne résisterez pas !

La Reine des Neiges : une Reine des Neiges maléfique vs. deux enfants innocents

Il était une fois, un pays des glaces sur lequel régnait l’abominable Reine des Neiges. De son miroir magique (créé par le diable lui-même pour déformer la réalité, pour les parents se souvenant du conte original), elle captait chaque rayon du soleil pour mieux geler la terre et étendre son pouvoir glacial. Mais, par une triste journée, le miroir se brisa en mille morceaux, que la Reine des Neiges parvint à récupérer… tous, sauf un. Et ce dernier petit morceau fut entraîné par le vent, jusque dans le coeur d’un garçon blond comme les blés, Kay. Il vivait dans une petite maison avec la ravissante Gerda. Aussitôt, son caractère s’altéra pour céder la place à la colère et la cruauté. Emporté par la fureur, il s’enfuit, pour être recueilli par l’étincelante Reine des Neiges, qui l’attendait patiemment, afin de le faire pleurer toutes les larmes de son corps et reprendre le morceau de miroir. D’un baiser, elle glace son coeur et lui fait oublier jusqu’au souvenir de Gerda et de leur petit jardin. De son côté, Gerda attend les beaux jours pour partir à la recherche de Kay. Mais, en chemin, elle rencontre une magicienne à la solde de la Reine des Neiges et qui la retient prisonnière…

La Reine des Neiges : une voix magique pour un conte doux-amer

Bon. Évidemment, cette version de la Reine des Neiges n’est pas l’originale de Hans Christian Andersen, mais elle en retrace parfaitement les sept parties… et surtout l’ambiance ! La Reine des Neiges est un conte sombre et lumineux, retraçant le combat du Bien contre le Mal. Car la route de Gerda pour retrouver son ami Kay sera semée d’embûches, la Reine des Neiges faisant tout son possible pour se débarrasser de cette épine mettant à mal son plan pour reconstituer le miroir maléfique. Systématiquement, c’est l’innocence et la pureté de la jeune fille qui la sauveront des pièges tendus par l’implacable Reine des Neiges. Comme je le disais, la version proposée par Glénat Jeunesse et lue par Marlène Jobert a été adaptée à un format court et fait donc l’impasse sur l’enfance de Kay, entouré de l’amour d’une grand-mère ayant les pieds sur terre, par opposition à la Reine des Neiges esseulée dans son immense palais glacé, ou encore sur « l’intellectualisation » de Kay. Ce qu’il reste ? L’essentiel du conte la Reine des Neiges : une reine diabolique prête à tout pour récupérer l’éclat de miroir ; deux enfants purs et au coeur sincère ; des aventures périlleuses pour se retrouver l’un l’autre et vivre heureux. À mille lieues de la niaise version de Disney, Glénat jeunesse a fait le pari de conserver le côté sombre de ce conte archi célèbre… et pourtant si mal connu. Et c’est tant mieux. Ils ont ainsi su préserver l’éclat de ce conte d’Andersen, merveilleusement retranscrit par Marlène Jobert, dont la voix continue de m’enchanter, bien des années après l’avoir découverte ! Elle possède une immense aptitude à raconter des histoires, à adopter les intonations chantantes qui nous poussent à vouloir entendre la suite. Les illustrations (atelier Philippe Harchy) ont conservé le côté un peu désuet de l’oeuvre originale (du moins, on le suppose !) et, par moments, m’ont rappelé les premiers Disney (Blanche-Neige, notamment). Cette version de la Reine des Neiges est un excellent moyen d’initier les petits à la véritable nature du conte, à cette beauté cruelle qui le rend indispensable (car, oui, un bon conte se doit de faire peur ! Le loup n’est-il pas toujours notre personnage préféré ?!). Reste à savoir si, auprès des gremlins lobotomisés par Elsa et Olaf, cette vision du conte de la Reine des Neiges saura éclipser la version guimauve de Disney. Je n’ai pas encore la réponse, mais je vous tiendrai au courant !