Dépoussiérez vos classiques : L’Ile au Trésor de R.L. Stevenson
Un immense roman d'aventure

Il y a de cela bien des années, je plongeais avec délice dans les aventures de Jim Hawkins, jeune héros débrouillard et sympathique de L’Ile au Trésor, immense et magnifique roman d’aventure signé Robert Louis Stevenson (auteur brillant ayant également pondu le formidable L’étrange cas du docteur Jekyll et de Mr. Hyde et l’impayable Voyage avec un âne dans les Cévennes). Je fus donc enchantée de découvrir un exemplaire de L’Ile au Trésor dans ma boîte aux lettres, samedi matin. Et pas n’importe quel exemplaire de ce roman de R.L. Stevenson… oh que non. La maison d’édition Gallimard s’est emparée de L’Ile au Trésor pour lui offrir un incroyable lifting, un sérieux coup de chiffon pour en faire tomber la poussière grâce à sa collection Bibliothèque Gallimard Jeunesse. Doté d’une couverture singulière parsemée de vaguelettes sur lesquelles vient se perdre un trois-mâts, d’une jaquette au toucher velouté, d’un papier raffiné mais surtout d’illustrations poétiques venant illuminer le texte de Robert Louis Stevenson, L’Ile au Trésor a pris un fougueux coup de jeune… et s’est vu offrir un écrin somptueux pour un texte inoubliable. Un plaisir à toucher, à contempler et à lire : la Bibliothèque Gallimard Jeunesse a relevé brillamment un défi de taille et L’Ile au Trésor est plus délicieuse à dévorer que jamais ! En cette période pré-Noël où l'on envisage déjà quels cadeaux offrir : cette version de L'Ile au Trésor me semble tout indiquée.

L’Ile au Trésor : des boucaniers, un trésor, une goélette et un garçon futé

Par une journée s’étalant en longueur, le jeune Jim Hawkins voit débarquer dans l’auberge de ses parents, L’Amiral Benbow, un marin au visage dévoré d’une cicatrice, le teint fortement basané par le soleil et se faisant appeler le Capitaine. Balançant quelques pièces d’or sur le comptoir et couvant son vieux coffre du regard, le Capitaine s’installe nonchalamment dans l’auberge et y prend rapidement ses aises… en ne dormant toutefois que d’un seul oeil et en exigeant du jeune Jim Hawkins qu’il surveille la potentielle arrivée d’un marin n’ayant qu’une seule jambe, et qui ne tardera pas à hanter les nuits du jeune garçon. Manque de bol, le Capitaine meurt après une altercation avec un marin à la mine patibulaire lui ayant laissé, au creux de la main, une tâche noire. Prévoyant une attaque des pirates, Jim Hawkins et sa mère farfouillent dans le coffre du vieux marin, s’y emparent de quelques pièces et d’un paquet de feuilles moisies et s’enfuient dans la nuit… juste à temps pour éviter les pirates remontés comme des ressorts et gouvernés par un sifflet strident. Soucieux de protéger sa mère et l’auberge, le jeune Jim Hawkins file retrouver un homme sage et de bons conseils : le docteur Livesey. Interrompant son dîner avec le châtelain Trelawney, le docteur écoute le récit échevelé de Jim Hawkins et ouvre le paquet de feuilles, pour y découvrir la carte d’une île où est enterré un somptueux trésor, celui du capitaine Flint, terreur des océans. Aussitôt, la décision est prise d’aller faire un tour sur l’Ile au Trésor, à bord d’une goélette affrétée par les bons soins du naïf et trop bavard Trelawney, qui a également recruté un équipage. Mais le maître coq n’ayant qu’une seule jambe et cet autre marin pourvu d’un sifflet sont-ils réellement dignes de confiance ?

C’était un homme d’un naturel très taciturne. Toute la journée, il flânait autour de la crique ou sur les falaises, muni d’une longue-vue en cuivre ; toute la soirée, il restait assis près du feu, dans un coin de la salle, à boire des grogs très forts. En général, il ne répondait pas quand on lui parlait, mais se contentait de lever les yeux brusquement d’un air farouche, en reniflant avec un bruit semblable à celui d’une corne de brume (…). L'Ile au Trésor - Robert Louis STEVENSON

L’Ile au Trésor : formidable roman d’aventure traversant les siècles sans une ride

Les illustrations de François Place, petits fragments colorés et poétiques parsemant les pages de L’Ile au Trésor, subliment ce texte, immense classique de la littérature anglo-saxonne ravissant petits et grands. Car le plus grand mérite de Robert Louis Stevenson est d’avoir fait de son Ile au Trésor un roman d’aventure qui captive les enfants par les péripéties fantastiques de Jim Hawkins et ce milieu tant fantasmé de la flibusterie, tout en ensorcelant les adultes par une écriture fluide, dynamique (rudement imagée, également !) et une intelligence délicate qui enrobe ce grand roman. Les personnages de L’Ile au Trésor sont finement analysés et présentés, dotés d’une forte personnalité : comment ne pas être subjugué par Long John Silver et son improbable perroquet ? Robert Louis Stevenson a fait de son Ile au Trésor un roman d’aventure palpitant, magique et inspiré qui fait voguer l’esprit au rythme de ses aventures rocambolesques, de ses pirates naviguant entre l’île du Squelette ou l’île de la Tortue et l’anse du Rhum, tout en ayant une valeur de témoignage : sans sombrer dans les détails fastidieux, Robert Louis Stevenson parvient néanmoins à faire vivre sous sa plume vibrante l’Hispaniola et la vie à bord d’une goélette. L’Ile au Trésor allie intelligence, passion sanguinaire, combats et cruauté, atmosphère maladive : tous les ingrédients sont présents (y compris la jambe de bois et le perroquet), il ne reste plus qu’à se laisser emporter par les pages tumultueuses de L’Ile au Trésor. « Ils étaient quinze sur le coffre du mort… Oh hisse ! et une bouteille de rhum ! La boisson et le diable avaient réglé leur compte aux autres… Oh hisse ! et une bouteille de rhum !

- Je sais pas au juste, patron.
- Mais, qu’est-ce que tu as donc sur les épaules : une tête ou un sacré cap de mouton ? Tu sais pas au juste, hein ! Peut-être que tu sais pas non plus à qui tu causais ? Allons, de quoi bavassait-il : de voyages, de capitaines, de bateaux ? Vas-y, dégoise !
- Ben, on causait de la cale humide.
- De la cale humide, hein ! C’était un sujet de conversation rudement bien choisi, je t’en fiche mon billet ! L'Ile au Trésor - Robert Louis STEVENSON