Le guide de survie de l'enfant normal dans un monde magique : 100% déjanté

En ce début très ensoleillé du mois de mai (et jour férié ! que je vous souhaite excellent, d'ailleurs), qui nous rappelle que l’hiver est tout de même loin (non, parce qu’on avait presque oublié, avec les températures fraiches de ces derniers jours, qui ont carrément fait que j’ai mangé une raclette monstrueusement bonne mercredi dernier… oups. Mon ventre continue de le regretter, une semaine plus tard. Bref.), je reprends mes découvertes de l’univers jeunesse avec un roman pas franchement roman, mais vraiment réjouissant : Le guide de survie de l’enfant normal dans un monde magique, de Fabrice Colin (texte) et Manu Boisteau (dessin). Un petit régal d’humour parfois décalé et souvent déjanté, mais j’anticipe un peu trop la suite de cette chronique, donc je reprends mes billes et commence par le début de cette aventure jeunesse particulière (qui prouve que Nathan sait faire autre chose que des manuels scolaires et sait même carrément être fun ! Si !).

(…) Qu’est-ce qu’ils en savent ?
Rien du tout. Simplement, en tant qu’adultes raisonnables et têtus, ils sont persuadés de détenir la vérité. Leur logique ressemble à quelque chose du genre : « Je ne vois pas de lutins, donc les lutins n’existent pas. »
Bravo, les adultes. Vous avez juste oublié un petit détail. Si on ne s’intéresse pas aux lutins, on n’a aucune chance que les lutins s’intéressent à soi. Autrement dit : si vous n’y croyez pas, rien ne se passera. Le guide de survie de l'enfant normal dans un monde magique - Fabrice COLIN

Le guide de survie de l'enfant normal dans un monde magique : le gremlin lambda vs. le reste de l’univers (et ça en fait)

Évidemment, le fait qu’il s’agisse d’un guide complique, pour moi, singulièrement les choses, et il est donc gravement impossible de faire un résumé du Guide de survie de l’enfant normal dans un monde magique. Si, si. Je ne m’appelle pas Tom Cruise, je n’appartiens pas à une église fort louche, donc, je confirme, il s’agit là d’une épreuve insurmontable, car je n’ai pas l’intention de transpirer sur mon clavier. Le guide de survie de l’enfant normal dans un monde magique s’ouvre sur une préface qui donne le ton du reste de cet ovni jeunesse : l’humour ravage chaque page, l’ironie est plutôt mordante et le ton décalé est franchement jouissif. Avec Le guide de survie de l’enfant normal dans un monde magique, on apprend comment nourrir un yéti aux flux gastriques hautement corrosifs (qui peuvent dissoudre un professeur de maths, alors y a qu’à voir), et les différences (qui comptent) entre une mamie et une momie (N.B. : l’une d’elles est déjà morte depuis un paquet de siècles et sent le moisi)… Mais ce n’est pas tout ! On y apprend également qui se cache derrière le pneu crevé de la voiture familiale, ou de l’intérêt d’avoir un prince charmant dans sa vie (a priori, l’intérêt est très limité… pensez donc, il n’est même pas fichu de se faire cuire des spaghetti). Mieux. On saura désormais comment se débarrasser à coup sûr d’un double encombrant : il suffit d’éteindre la lumière de la salle de bains. Quand je vous dis que c’est plutôt corrosif !

S’il fallait retenir un seul défaut de la longue liste des défauts du lutin de campagne, la susceptibilité arriverait sans doute en tête. Susceptibilité envers quoi ? On ne sait pas trop. Mais si tu commandes des jeux qui n’arrivent jamais dans ta boîte aux lettres, si le bus du ramassage scolaire oublie systématiquement ton arrêt (…) ou si le robinet de la douche te reste un beau matin entre les doigts, ne cherche pas plus loin : c’est un lutin qui t’en veut. Le guide de survie de l'enfant normal dans un monde magique - Fabrice COLIN

Le guide de survie de l'enfant normal dans un monde magique : un roman qui décoiffe et fait du bien

Vous l’aurez compris, Le guide de survie de l’enfant normal dans un monde magique n’est pas vraiment un roman, mais plutôt un objet inclassable de la littérature jeunesse. Entre l’attitude à adopter si un Dieu nous invite à déjeuner ou les blagounettes à faire à la Mort histoire de la dérider (et elle n’est pas piquée des hannetons… la blague, pas la Mort, hein, tout de même), Fabrice Colin s’amuse comme un beau diable et c’est réjouissant à découvrir, malgré quelques conseils moins délirants et moins bien trouvés que d’autres. Le ton est espiègle, tout comme les illustrations de Manu Boisteau, et l’ensemble est farfelu à souhait, drôle, inventif. Le guide de survie de l’enfant normal dans un monde magique ratisse dans tous les genres, picore dans les classiques pour mieux les détourner (Alice n’est qu’une timbrée parmi tant d’autres). Je me suis énormément amusée en dévorant ce livre jeunesse et je le recommande à tous les parents affublés d’un gremlin un poil facétieux, d’un mordu d’Harry Potter qui se demande comment on pourrait bien se dépatouiller d’une épée ensorcelée. Le guide de survie de l’enfant normal dans un monde magique est complètement givré et j’aime ça.

Le crapaud n’a pas une vie sociale facile. Il est moche, il sent la vase et il a des boutons —en gros : le portrait craché d’un collégien au seuil de la puberté.
Comme la plupart des collégiens, le crapaud n’a pas de copine. Même si on a déjà vu des crapauds se transformer en prince charmant, on peut supposer que la fréquence de ce phénomène a été très largement exagérée pour des raisons pratiques : la vérité, c’est que les crapauds, à défaut d’être séduisants, sont rusés, et qu’ils aiment bien se faire embrasser par les filles. Le guide de survie de l'enfant normal dans un monde magique - Fabrice COLIN