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Aurora Floyd : une femme dans la tourmente

[Critique du roman Aurora Floyd, de Mary Elizabeth Braddon]

16 Mai 2011

Carozine lit : Aurora Floyd de Mary Elizabeth Braddon
Vous connaissez le penchant de Caro(z)ine pour la littérature victorienne et les femmes au caractère bien trempé de Jane Austen (mais oui, les soeurs d'Orgueil et préjugé ont du caractère !), notamment, qui sont finalement bien moins prudes et quiches que nombreuses de nos héroïnes contemporaines (Bridget, tu m'entends ?! Oui, malgré ton flirt avec ton patron, je te déclare quiche !).
Je me délectais donc à l'idée de découvrir un nouveau personnage haut en couleurs et un auteur que je ne connaissais pas encore : Mary Elizabeth Braddon, avec son Aurora Floyd ; et je fus loin d'être déçue. Cela naturellement remonte à quelques années maintenant, l'agenda de votre chroniqueuse adorée étant lourdement chargé au point qu'il m'aura fallu un mois et demi (un bien sombre record) pour finir un polar de sieur Graham Hurley (Les quais de la blanche), dont je vous parlerai plus tard, parce qu'il faut bien mettre en place certaines techniques marketing (le teasing pour les plus naïfs d'entre vous) après avoir sué pendant quatre années dans une régie publicitaire, n'est-il pas ?!
Mais revenons à nos moutons victoriens : place à Aurora Floyd et à son regard ténébreux et envoûtant (du moins sur la gent masculine qui semble d'un commun accord avec elle-même se désintéresser totalement du feu en présence de Aurora Floyd, quand d'autres femmes les plongent dans une intense contemplation des flammes) !

Aurora Floyd : un lourd secret comme trame

Aurora Floyd - Mary Elizabeth BRADDON [Ed. Joëlle Losfeld]
Aurora Floyd est la (ravissante) fille choyée d'un richissime banquier ; cependant, suite à une violente dispute l'opposant à son père qui réprouve les relations que sa pupille entretient avec le palefrenier, Aurora Floyd se voit envoyée à Paris, dans un austère pensionnat, pour y achever ses études. Un an plus tard, la turbulente Aurora retourne au bercail portant dans son sillage un terrible secret. A peine revenue, Aurora Floyd, dont les yeux sombres font se pâmer d'amour maints prétendants, se voit dotée d'un premier soupirant, le placide et calme Talbot Bulstrode qui, toutefois, en apprenant que la jeune femme entendait fermement ne pas divulguer son secret, décréta que ses penchants pour les courses de chevaux et les chiens étaient trop virils à son goût et se dépêcha de reléguer aux oubliettes l'irrépressible amour qu'Aurora Floyd avait fait naître en lui... pour le prodiguer à la sage et effacée cousine Lucy. Aussitôt, surgit de derrière les fagots un nouveau soupirant : John Mellish, qui se contrefiche éperdument du secret d'Aurora Floyd et qui obtiendra ainsi la main de la jeune fille. Mais, me direz-vous, l'intrigue ne peut pas être aussi foncièrement plate, il y a nécessairement baleine sous gravillon ; et vous auriez raison : ce n'est pas pour des prunes que Mary Elizabeth Braddon fut comparée à William Wilkie Collins (Pierre de Lune) et le secret de la belle Aurora Floyd ne se dévoilera qu'en fin de roman, après un mariage et un meurtre.

Pendant qu'il demeurait nonchalamment adossé à la porte, le sous-officier Maldon s'approcha de lui, en compagnie d'une femme à la beauté impériale, en costume blanc et cerise, éblouissante à voir, enivrante à contempler. Lors de son service dans l'armée des Indes, le capitaine Bulstrode avait un jour goûté une horrible liqueur sirupeuse qui rendait à moitié fous les hommes qui en consommaient. La beauté de cette femme avait, selon lui, la puissance de ce breuvage : féroce, enivrante, dangereuse, elle ne pouvait conduire qu'à la folie. Son camarade fit les présentations et c'est ainsi que que Talbot rencontra pour la première fois Aurora Floyd, héritière de Felden Woods.Aurora Floyd - Mary Elizabeth Braddon

Aurora Floyd : une héroïne victorienne atypique

Mary Elizabeth BRADDON, auteur de Aurora Floyd
Le charme du roman de Mary Elizabeth Braddon vient de son personnage d'Aurora Floyd, tumultueuse jeune femme un peu trop moderne pour son époque et se heurtant sans cesse au carcan imposé par la bonne société. Certes, Aurora Floyd n'est pas une héroïne de Jane Austen et son charisme semble souvent se limiter à ses yeux ou à ses impétueux coups de pieds au sol dénonçant son fort agacement, mais elle n'en reste pas moins une héroïne que vous vous ferez un régal de suivre pendant ce roman bien ficelé et parsemé de réflexions sur la société victorienne, notamment à travers le portrait antinomique de la placide Lucy, parfaite et dévouée femme au foyer. Aurora Floyd est un roman victorien qui n'a pas à rougir d'avoir été écrit et qui vous envoûtera jusqu'à la dernière page.

Que le ciel vienne en aide à l'homme dont le coeur est pris au bond par une divinité aux cheveux d'or et aux yeux de colombe, dont la voix tremblante s'accorde à sa douleur ! Talbot Bulstrode vit qu'il était aimé, et, plein de reconnaissance, fit humblement l'offre des cendres de ce feu qui avait brûlé si ardemment sur l'autel d'Aurora. Ne blâmons pas cette pauvre Lucy si elle accepta avec reconnaissance et même un certain trouble intérieur, avec crainte, avec joie, l'amant oublié de sa cousine.Aurora Floyd - Mary Elizabeth Braddon

Les détails du livre

Aurora Floyd

Auteur : Mary Elizabeth Braddon
Editeur : Joëlle Losfeld - collection Arcanes
Prix : 4.85 €
Nombre de pages : 554.

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Aurora Floyd

16 mai 2011

Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!

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. . Caroline D.