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Légende d'une vie : un vaudeville métaphysique

[Critique du roman Légende d'une vie - Stefan ZWEIG]

21 Mars 2012

Les giboulées de Mars s'en donnent à coeur joie en ce lendemain de printemps et il est temps de vous faire découvrir la dernière publication Zweig en date : Légende d'une vie. Pour les plus fantasques d'entre vous, non, Stefan Zweig n'est pas revenu parmi les vivants (et le pauvre a tout de même bien mérité de se reposer tranquillement outre-tombe) mais les éditions Grasset s'amusent depuis quelques temps à rééditer certaines oeuvres de Herr Zweig, alors profitons-en. Après la Pitié dangereuse et Le voyage dans le passé, c'est donc au tour de Légende d'une vie, petit vaudeville métaphysique, de faire peau neuve et d'attirer tous les regards (du moins les miens) dans les librairies. Et finalement, nous pouvons remercier bien bas les éditions Grasset, oui oui ! bien que cela ne soit pas de la pure philanthropie (loin de là, même), ces rééditions nous permettent de redécouvrir les oeuvres de Stefan Zweig et de tomber sur des pépites que nous n'avions pas encore dévorées (honte sur moi et ma descendance... qui ne se bouscule pas au portillon !), ce qui fut le cas de Légende d'une vie.

Légende d'une vie : un père illustre, un fils doué mais écrasé, un passé qui revient à grands pas...

Légende d'une vie - Stefan ZWEIG [Ed. Grasset]

Nous nous trouvons dans la demeure de Leonore Franck, la veuve admirable du non moins admirable écrivain Karl Amadeus Franck, où règne l'effervescence : le soir même, le fils du célèbre écrivain doit présenter au public ses premières oeuvres poétiques. Dans la pièce, le biographe du père tant apprécié des intellectuels peuplant la bourgeoisie tente vainement d'apaiser un fils irrité et contrarié de devoir sans cesse marcher dans les pas d'un père qu'il ne connait pas et dont le charisme le réduit à néant. Tandis que tout ce petit monde s'agite entre une vieille dame dont la seule présence suffit à clouer le bec de Leonore pendant quelques secondes, le temps de se reprendre et de fulminer conter ses domestiques pour que l'on reconduise la vieille dame peut-être pas si respectable à la porte. Le lourd passé de l'écrivain encensé refait surface par bribes, anéantissant les non-dits et rétablissant la lumière sur les souvenirs épars d'un fils qui ne demande qu'à aimer un père qui ne serait pas aussi parfait que Leonore souhaite le faire croire. Qui est donc cette vieille dame que Leonore tente avec tant d'acharnement de réduire au silence ? Pourquoi l'avoir effacée du passé du prestigieux écrivain ?

Légende d'une vie : initiatique comme si sait si bien le faire Zweig

Stefan ZWEIG [Légende d'une vie] (c) Intelligent Life Magazine
Stefan Zweig, encore une fois, déjoue la simplicité pour y intégrer des questionnements qui sont toujours d'actualité : comment doit-on traiter l'oeuvre d'un grand artiste disparu ? Doit-on censurer, encenser, transformer la réalité pour ne pas briser le mythe ? A travers un fils fiévreux et mal à l'aise dans cette maison vénérant un homme dans lequel il ne se reconnait pas, Légende d'une vie nous montre que les grands écrivains sont loin d'être des modèles de perfection et qu'ils aspirent souvent la vie des autres pour mieux nourrir la leur, que les biographes se font aisément manipuler... que la réalité est souvent autre, en somme ! Certes, on s'en doutait déjà, tout comme on sait pertinemment que George Clooney ne ressemble pas tout à fait à la publicité Nespresso le matin au réveil. Mais bon, Stefan Zweig est toujours un bonheur à lire et sa plume si légère est une merveille.

Les détails du livre

Légende d'une vie

Auteur : Stefan ZWEIG
Editeur : Grasset
Prix : 11.20 €
Nombre de pages : 180
Parution : 2 novembre 2011.

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Légende
d'une vie

21 mars 2012

Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!

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. . Caroline D.