Les secrets de Toutânkhamon : plongée dans l’Égypte ancienne

Alors que je fais négligemment l’autruche en détournant le regard pendant que la Crevette est en train de nous retourner l’appartement (non, mais alors, je vous explique : elle était tranquillement en train de jouer avec un jeu de cartes en cartons… c’était il y a une minute. Et elle a décidé que, vraiment, jouer tranquillement n’était pas son truc, les cartes ont valdingué à travers tout le salon avant qu’elle ne se dirige vers une autre cible, et je préfère ne pas savoir laquelle), que je stresse un peu en entendant des bruits un peu trop fracassants s’échapper de la pièce d’à côté, je me dis que, après tout, même si le moment n’est pas forcément idéal, il faut bien que je trouve un moment pour vous parler de ma dernière lecture jeunesse (non, parce qu’un ami m’a sorti que, tout de même, Carozine était en mode croisière très ralenti… et comme il n’a pas complètement tort, je me suis dit que j’allais m’activer un peu) : Les secrets de Toutânkhamon, d’Emma Carroll. Un petit peu d’histoire, donc, pour bien entamer ce week-end à la météo aléatoire. Allez Prosper, on hop-la-boume avec bonne humeur entre les pages du roman jeunesse Les secrets de Toutânkhamon !

Un mercredi matin gris et maussade, ma vie bascula dans l’absurde. J’aimerais pouvoir dire que je m’y attendais, comme ces gens qui sentent venir les orages ou les raz de marée, mais il n’en fut rien.
Nous prenions notre petit-déjeuner, maman et moi, genoux à touche-touche sous la minuscule table de la cuisine, et nous terminions jusqu’aux dernières miettes de pain. Les secrets de Toutânkhamon - Emma CARROLL

Les secrets de Toutânkhamon : une égyptologue en herbe

Nous sommes à Londres, en novembre 1922, et Lilian (que tout le monde appelle Lil… tout le monde ? Non ! Son grand-père, lui, l’appelle Lily) dévore le journal dans la toute petite cuisine du minuscule appartement parental. Et pour cause : un éminent professeur est entré en auto-combustion sur le tapis de son salon, ne laissant que ses pieds derrière lui. Autre événement majeur, le célèbre archéologue dont la presse raffole, Howard Carter, reprend ses fouilles en Égypte et se rapproche de la tombe de Toutânkhamon. Du moins, l’espère-t-il. Lil file à son école pour jeunes filles bien élevées, mais, à son retour, une triste nouvelle l’attend : son grand-père adoré, féru d’égyptologie, est au plus mal et a été admis à l’hôpital. Lil se dirige vers l’appartement bordélique de son grand-père pour y nourrir la chatte Néfertiti quand son regard s’arrête sur un colis déposé sur le perron de son grand-père et dont l’expéditeur n’est autre que le professeur carbonisé. À l’intérieur se trouve un vase d’une beauté inégalée mais, surtout, le récit de Lysandra qui, 3000 ans plus tôt, nous raconte les derniers jours du pharaon mort beaucoup trop jeune. La malédiction qui l’entoure est-elle réelle ? Alors que l’état de son grand-père s’aggrave, Lil fait la rencontre de Tulipe et de son frère, Oz… tous les trois s’organisent afin de se rendre en Égypte pour remettre le vase à sa place.

Les secrets de Toutânkhamon : les mystères fascinants de l’Égypte

Je ne connaissais pas encore Emma Carroll qui est pourtant, si je me fie au dossier de presse, l’une des auteures les plus vendues dans ce genre captivant qu’est le roman historique à destination de la jeunesse. Et je comprends parfaitement pourquoi. Emma Carroll, avec son roman Les secrets de Toutânkhamon a su apprivoiser ce qui rend Toutânkhamon si passionnant : les mystères qui l’entourent. Et entre le coeur qui manquait à l’appel, la mort venue le prendre bien trop tôt ou encore la malédiction, ils sont nombreux ! Entre vérités historiques et intrigue romancée, Emma Carroll revisite le mythe de Toutânkhamon avec intelligence grâce à sa petite héroïne, Lil, et à ses acolytes. On y retrouve les éléments classiques du roman jeunesse, notamment sur l’identité, la relation aux parents… mais la dimension historique apporte également une réflexion intéressante sur la propriété des objets découverts lors de fouilles sur sol étranger et de l’héritage culturel. Les secrets de Toutânkhamon est parsemé d’une touche de féminisme, sans trop en faire, et d’un petit soupçon d’impertinence qui est très agréable. Mon premier est donc un pharaon nimbé de mystère qui suscite la fascination des foules. Mon deuxième est une héroïne pleine de ressources et entourée d’une fine équipe. Mon troisième est une romancière qui sait parfaitement trouver l’équilibre en réalité historique et fiction. Mon tout est un roman historique jeunesse qui m’a franchement beaucoup plu (et fait réviser mes dieux égyptiens au passage) et qui se dévore avec grand plaisir. Et qui, pourquoi pas ?, pourrait peut-être donner des idées de vocation à la prochaine Christiane Desroches-Noblecourt.