1
Oct.
2016
[Dépoussiérez vos classiques !] Le BGG (Le Bon Gros Géant)
[Carozine dévore le roman jeunesse indémodable Le BGG, Le Bon Gros Géant - Roald DAHL - illustrations de Quentin BLAKE - de 7 à 117 ans]
Oui ! En littérature jeunesse, aussi, il existe des classiques. Je doute fort que Roald Dahl soit le genre d’auteur dont on oserait utiliser les romans afin de caler une armoire bancale, mais il est peut-être en train de croupir dans un recoin sombre de votre modeste demeure. Et là, je m’offusque. Ou peut-être l’avez-vous lu en l’empruntant à la bibliothèque car votre argent de poche de l’époque avait été consacré à l’achat d’un sac de billes. Allez savoir. Toujours est-il que là, tout de suite, les éditions Gallimard Jeunesse vous mâchent le travail. Oui, oui. Car, à moins de sortir de votre grotte néandertalienne ou d’avoir eu les oreilles remplies de cire d’abeille, vous êtes au courant : nous fêtons cette année le centenaire de la naissance de Roald Dahl (né en Norvège, d’ailleurs). C’est pourquoi les éditions Gallimard Jeunesse publient les ouvrages en couleur de ce fantastique (et fantasque) auteur jeunesse avec, aux premières loges, l’excellent roman Le BGG, Le Bon Gros Géant. En couleur, je vous prie. Et avec les éternelles illustrations de Quentin Blake. Que demander de plus ?! Une mise en contexte ? Allez. Nous sommes en 1982 et Roald Dahl vient juste de pondre Le BGG, Le Bon Gros Géant, qui deviendra rapidement son conte préféré, celui qu’il relate à ses enfants inlassablement… et qui le poussera même à grimper, la nuit tombée, sur une échelle pour souffler à pleins poumons en direction de leur lit, à l’aide d’une trompette que seul son cerveau déjanté peut voir.
Sophie ne parvenait pas à s’endormir.
Un rayon de lune s’était faufilé entre les rideaux et projetait sur son oreiller une lueur oblique.
Dans le dortoir, les autres enfants dormaient depuis des heures. Sophie ferma les yeux et resta immobile. Elle essaya très fort de s’assoupir. C’était peine perdue. Le rayon de lune tranchait dans l’obscurité comme une lame d’argent et tombait droit sur son visage. Le BGG, Le Bon Gros Géant - Roald DAHL
Le BGG, Le Bon Gros Géant : un géant au langage loufoque et une petite fille pour sauver l’humanité
Par une nuit bien noire, une fillette peine à s’endormir. Pas de lit parental à escalader en quête de réconfort. Seul le silence l’entoure. Et pour cause : Sophie est orpheline. Soudain, elle entend un bruit saugrenu, qui réveille les battements de son coeur. À peine le temps de poser ses lunettes sur son nez qu’elle aperçoit une longue ombre noire flotter dans la rue et faire des choses douteuses à l’aide d’une trompette dans la chambre de ses petits voisins. Terrifiée, Sophie n’est pas assez prompte à se cacher quand le sombre géant se retourne. Aussitôt, celui-ci s’approche à pas feutrés et enlève Sophie pour la fourrer dans sa poche. Le géant l’emporte chez lui, au fin fond d’une caverne dont les murs sont recouverts de rangées de bocaux. Heureusement pour elle, Sophie vient de croiser le chemin du Bon Gros Géant, au langage loufoque et à la volonté farouche de ne pas imiter ses confrères cannibales en mangeant des « hommes de terre ». Ouf. Sauf que voilà. Les autres géants dévastent les villes, et risquent bien de détruire l’humanité à force de s’empiffrer d’« hommes de terre ». Que faire ?
C’était à n’en pas douter l’heure des ombres. La grande silhouette mince allait son chemin. Elle marchait en rasant les façades, de l’autre côté de la rue, et en se cachant dans les recoins sombres, à l’abri du clair de lune. Elle s’approchait de plus en plus près, en avançant par à-coups. Elle s’arrêtait puis repartait, puis s’arrêtait encore.
Que pouvait-elle bien faire ? Le BGG, Le Bon Gros Géant - Roald DAHL
Le BGG, Le Bon Gros Géant : une fable espiègle et merveilleuse
J’ai retrouvé avec un bonheur incommensurable la plume facétieuse de Roald Dahl… cela faisait bien trop longtemps que je n’avais pas plongé le nez dans l’un de ses romans jeunesse ! Heureusement, les éditions Gallimard Jeunesse ont pris les choses en main et avec ces éditions pleines de couleurs, pour le centenaire de Roald Dahl, elles poussent à la tentation. Et qui saurait résister à ce Bon Gros Géant qui « blablatifole » avec les mots et trouve les « hommes de terre » « délexquisavouricieux » ? Dès qu’il ouvre la bouche, ce Bon Gros Géant nous offre un festival de mots tourneboulés et contre-employés, un vrai bonheur. Et, niveau insulte, Le BGG, Le Bon Gros Géant arrive amplement à la hauteur du Capitaine Haddock. Si, si. Pensez donc : « Fiente de myrmidon rabougri » ou encore « Petite épluchure d’avorton ratatiné ». Il y a de quoi enrichir son lexique. Avec Le BGG, Le Bon Gros Géant, Roald Dahl signe une fable poétique, tendre et drôle… qui n’en oublie pas, pour autant, d’aborder des sujets flirtant avec la philosophie, comme la notion de relativité, d’intelligence et de culture, d’empathie. Mais, surtout, Le BGG, Le Bon Gros Géant évoque la magie et la puissance des rêves, la perméabilité de la réalité. Entre les thèmes évoqués et l’écriture fluide, recherchée, Roald Dahl a le chic pour nous rappeler qu’on peut écrire pour la jeunesse sans être niais ou tomber dans la facilité. Merci ! Avec Le BGG, Le Bon Gros Géant, on entre à pieds joints dans l’univers merveilleux de Roald Dahl, dans son imagination débridée et son espièglerie sans limite… à laquelle répondent parfaitement les illustrations pétillantes (ou crépitantes ?!) de Quentin Blake. Pour ce centenaire, Gallimard Jeunesse nous offre un magnifique écrin pour Le BGG, Le Bon Gros Géant, c’est le moment d’en profiter, car votre bibliothèque serait bien dénudée si ce génial roman de Roald Dahl n’y figurait pas. Et puisque je suis une fille sympathique, avant de vous quitter, je vous offre l’une de mes interpellations préférées du Bon Gros Géant (à la reine d’Angleterre) : « Freine des quatre fers, reine des cafetières ! J’ai la réponse du berger à la mégère ». Alors !
Il se mit à sourire, en découvrant d’immenses dents carrées. Elles étaient très carrées et très blanches et semblaient plantées dans ses mâchoires comme d’énormes tranches de pain de mie.
—S’il… s’il vous plaît, ne me mangez pas… bredouilla Sophie.
Le géant éclata d’un rire retentissant.
—Alors, parce que moi, c’est un géant, tu crois que c’est un gobeur d’hommes canne à balles ? s’exclama-t-il. Hé ! tu as raison ! Les géants, c’est tous cannibalaires et patibules ! C’est vrai : ils mangent des hommes de terre ! Et ici, on est au pays des géants ! Le BGG, Le Bon Gros Géant - Roald DAHL
Les détails du livre
Le BGG, Le Bon Gros Géant
Auteur : Roald DAHL
Illustrateur : Quentin BLAKE
Traducteur : Jean-François MÉNARD
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Prix : 14,90 €
Nombre de pages : 213
Parution : 1 septembre 2016
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Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure.... pour lire. So what?!
Autres lectures de Carozine : [Dépoussiérez vos classiques] Trois contes d’Andersen (dès 7 /8 ans).