25
Avr.
2017
Apprentie Sorcière : roman d’apprentissage bien ficelé
[Carozine dévore le roman jeunesse Apprentie Sorcière - James NICOL - dès 11 ans]
L’avalanche jeunesse se poursuit, en ce début de semaine plus tellement ensoleillé et même un peu frisquet (mais, en même temps, nous étions prévenus : "en avril, garde ton fil". Et paf), avec un roman (jeunesse, donc, hein, en toute logique, cela semble normal) franchement sympathique et destiné, cette fois, aux juniors version pré-ado, quand l’acné n’est pas encore au rendez-vous mais que les yeux se lèvent quasi systématiquement au ciel à la moindre réflexion parentale : Apprentie Sorcière. Bon, oui, alors forcément, on a tendance à se dire « bahf, encore un roman de sorcier, mais Harry Potter a déjà tout inventé, ça va être barbant comme une pluie d’hiver ». Figurez-vous que non. Allez, on chasse la morosité et le côté blasé d’un coup de balai… que l’on enfourche pour se plonger dans les aventures d’Apprentie Sorcière, de James Nicol.
« Sorcières de Hylund, votre pays a besoin de vous ! Engagez-vous AUJOURD’HUI ! » disait l’affiche.
Arianwyn regarda la femme élégante qui la contemplait fièrement de la photo. Elle avait des cheveux blonds qui flottaient au vent derrière elle et des lèvres rouge vif. Elle portait l’uniforme bleu marine et l’étoile argentée d’une sorcière diplômée. Arianwyn baissa les yeux vers son manteau, où sa propre étoile serait bientôt épinglée. Apprentie Sorcière - James NICOL
Apprentie Sorcière : des sorciers débordés et des villages démunis
Par une matinée pluvieuse (en même temps, nous sommes dans un pays climatiquement fort proche du Royaume-Uni, donc ce n’est pas franchement une surprise), Arianwyn Gribble s’apprête à passer son évaluation de sorcellerie, celle qui la qualifiera de sorcière diplômée et lui permettra de se mettre à la disposition du pays. Car la guerre gronde et les esprits maléfiques pullulent, au point que chaque petite commune d’Hylund souhaite avoir sa sorcière, histoire de faire face aux forces du Mal qui rôdent. Sauf que voilà. Arianwyn, alors qu’elle tente de se concentrer sur les quatre glyphes cardinaux utilisés par les sorcières pour invoquer la magie, ne parvient pas à lutter contre l’image persistante d’un glyphe inconnu, mystérieux et potentiellement dangereux (oui, oui, celui qu’elle a déjà rencontré quelques instant avant la mort de sa mère)… et elle casse le magicomètre. Aussitôt, le résultat tombe : elle n’est pas admise. Trop incompétente. Fâcheux. Quid de cet avenir radieux dont elle rêvait ? C’est sans compter l’intervention de sa puissante grand-mère, qui s’empresse de remettre le directeur de l’école Hylund sur les rails : le pays a besoin de toutes les sorcières disponibles et Arianwyn a le mérite d’être là. Sous le regard narquois de son ennemie jurée, la populaire et désagréable Gimma Alverston, Arianwyn se voit remettre une lune de « peut mieux faire », la laissant croupir au rang d'Apprentie Sorcière, au lieu de la lumineuse étoile de sorcière diplômée qu’elle espérait tant. Néanmoins, elle reçoit son affectation et se retrouve catapultée dans la petite ville de Lull, à quelques mètres à peine de la célèbre et magique Grande Forêt, et qui subit les assauts répétés des créatures maléfiques.
Une fois de plus, son coeur se serra.
Quand elle poussa la porte de la boutique, il y eut un tintement, et Arianwyn sentit une onde de magie la traverser tandis que les six clochettes accrochées à des rubans rouges dansaient au-dessus d’elle. Une ancienne amulette grunnéenne contre la magie noire. Les amulettes étaient la spécialité de sa grand-mère, avant qu’elle renonce presque entièrement à la magie pour s’occuper d’Arianwyn, qu’elle achète cette libraire et qu’elle délaisse une bonne partie de ses charges officielles au Conseil des doyennes. Apprentie Sorcière - James NICOL
Apprentie Sorcière : un univers enchanteur pour une plume très plaisante
Oubliez l’univers d’Harry Potter pendant quelques instants. Je sais. C’est difficile. Mais vous verrez, en plongeant dans les pages d’Apprentie Sorcière, vous y parviendrez aisément. Car, bien que reprenant les classiques du genre (et cela va de Mary Poppins aux légendes celtes de la forêt de Brocéliande, notamment), James Nicol parvient à créer un univers qui lui est propre, qui suinte la magie à chaque page, et qui envoûte. Les balais, les grimoires et autres amulettes sont au rendez-vous. Seuls les chapeaux pointus (turlututu) manquent à l’appel. Le monde d’Arianwyn Gribble est peuplé de magie qui sourde et absorbe l’atmosphère, de créatures étranges (mais pas toujours maléfiques) qui côtoient les humains : en somme, il s’agit là d’un univers connu, mais exploité dans ses moindres recoins et parfaitement maîtrisé. La plume de James Nicol est fluide et mélodieuse, le rythme soutenu (grâce, notamment, à des chapitres assez courts)… et, surtout, le personnage d’Arianwyn, pleine de doutes, mais surtout de courage et de générosité, est particulièrement attachant. Alors, oui, évidemment, on ne peut s’empêcher de penser à Harry Potter, avec ces apprenties sorcières fraîchement sorties de l’école, ces créatures à affronter, et cette thématique de l’amitié indéfectible. Mais Apprentie Sorcière prend rapidement ses marques et éclipse le sorcier à lunettes le temps de la lecture. Apprentie Sorcière creuse le thème de l’échec et de cette culpabilité qui nous ronge en songeant aux attentes déçues de nos proches… et, bien sûr, il évoque cette capacité, en chacun de nous, à passer outre, à grandir, à s’accomplir et à prendre son destin en main. Magie, mystère, aventure : les ingrédients sont au rendez-vous de ce premier roman de James Nicol et, très franchement, j’aimerais assez que cette Apprentie Sorcière ait une suite, car ce serait un immense plaisir que de retrouver cet univers ensorcelant, et certains aspects mériteraient d’être approfondis. Un joli coup de coeur pour cette Apprentie Sorcière rafraîchissante et magique, dont on tourne les pages avec avidité !
La gare de Flaxham était vide et lavée par la pluie. Arianwyn se tenait sur le quai, seule, entourée de ses bagages, son balai attaché sur le dessus de sa plus grosse malle. Le train qui s’éloignait siffla dans le lointain. L’odeur de charbon et de métal chaud flottait encore dans l’air.
L’après-midi touchait à sa fin. Elle était enfermée à bord de ce train depuis le lever du soleil, en compagnie d’hommes, de femmes et d’enfants voyageant aux quatre coins d’Hylund. Arianwyn étira ses muscles engourdis et consulta l’horloge de la gare. Apprentie Sorcière - James NICOL
Les détails du livre
Apprentie Sorcière
Auteur : James NICOL
Traducteur : Faustina FIORE (The Apprentice Witch)
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Prix : 15,00 €
Nombre de pages : 416
Parution : 30 mars 2017
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Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!
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