26
Mai
2017
Les Puissants, 1, Esclaves : toile d’araignée envoûtante
[Carozine dévore le roman Les Puissants, 1, Esclaves - Vic JAMES - dès 14 ans]
Il fait une chaleur monstrueuse, au point que mon neurone apathique se liquéfie telle une glace à la mangue en plein soleil, mais ce n’est pas grave, j’ai décidé de braver les fortes températures, de me lever de mon canapé (bon… soyons honnête, c’est également parce que je sature d’être assise et que mon popotin s’en trouvait aplati comme une crêpe, ce qui n’est jamais bien agréable) et de vous présenter, sous vos yeux ébahis et peut-être comateux, le livre du jour, bonjour : Les Puissants, tome 1, Esclaves… grâce auquel nous revenons sur les terres du roman adolescent /young adult. Il est signé Vic James, petite nouvelle dans la sphère littéraire, et s’annonce comme le premier volume d’une trilogie. Au moins, vous voilà averti. Allez. On s’évente un petit coup histoire de chasser la goutte de sueur qui menace de vous aveugler dans les prochaines secondes, et on file pour une Grande-Bretagne un poil revisitée avec ce premier tome des Puissants : Esclaves.
Elle entendit d’abord la moto, puis le cheval au galop —deux bruits convergeant vers elle alors qu’elle courait dans l’obscurité.
Outre le claquement de ses bottines sur le sol, Leah ne faisait pas un bruit, pas plus que le bébé qu’elle tenait tout contre elle. Mais leurs poursuivants n’avaient pas besoin de les entendre pour les retrouver. Sa seule destination possible était le mur d’enceinte de Kyneston et son espoir de fuite, quand elle y parviendrait, résidait dans le nourrisson enveloppé dans ses bras, sa fille Libby. Les Puissants, 1, Esclaves - Vic JAMES
Les Puissants, 1, Esclaves : une famille éclatée pour dix ans d’esclavage
Nous sommes dans l’une des nombreuses versions parallèles de notre univers, en Grande-Bretagne. Bien des années auparavant, il a été décidé que les Égaux, ces aristocrates Doués, écrasaient le reste de l’humanité de leur Don mystérieux et puissant et que, en vertu de la prétendue paix sociale, le commun des mortels était prié de leur consacrer dix années de leur vie, sans salaire et sans répit, une version d’esclavage, en somme. Libre au simple mortel de choisir quand perdre ainsi dix années de sa vie, de remplir un dossier et d’espérer ne pas terminer dans l’une des sordides villes d’esclaves. La famille Hadley, justement, a choisi de partir en esclavage : leur petite dernière, Daisy, vient d’avoir dix ans ; le cadet, Luke, âgé de seize ans devrait forcément être avec eux, puisque mineur et leur aînée, Abigail, dix-huit ans, petit génie de la famille, s’est arrangée pour que tout le monde soit ensemble. Dans la ravissante cité de Kyneston, où vit et siège la Famille Fondatrice, les Jardine. Sauf que voilà. Les Doués en ont décidé autrement : Luke se voit séparé des siens pour atterrir dans la pire ville d’esclaves possible, la cité industrielle de Millmoor… où, entre deux journées trop bien remplies, il fait la rencontre de Renie, jeune femme de treize ans, et de Doc, tous deux activement impliqués dans un groupe de rébellion cherchant à anéantir le système d’esclavage et à rendre plus supportable le quotidien à Millmoor. Pendant ce temps, Daisy se voit confier l’enfant illégitime de l’Héritier Gavar Jardine et Abigail découvre les coulisses du pouvoir et de cette fratrie particulière…
C’était de la folie. C’était terrifiant. Il s’agissait toujours de jours d’esclavage et, puisqu’il avait moins de dix-huit ans, il n’avait de toute façon pas le choix. Ses parents pouvaient l’emmener où ils voulaient.
Au moins, ils ne l’emmenaient pas à Millmoor.
Le lendemain matin, ses parents annoncèrent la nouvelle à Daisy, qui réagit avec un stoïcisme qui fit honte à son frère. Pour la première fois, il s’autorisa à penser que leur stratégie était peut-être la bonne, et qu’ils passeraient leurs jours en douceur, en famille. Les Puissants, 1, Esclaves - Vic JAMES
Les Puissants, 1, Esclaves : un roman riche et captivant
Il est difficile de résumer Les Puissants, tome 1, Esclaves, tant ce premier roman est dense. L’intrigue est menée d’une main de maître par Vic James, jusqu’au rebondissement final qui relance (forcément) la machine et laisse un abysse ouvert sous nos pieds de lecteur désormais frustré et impatient d’avoir la suite. Au gré des pages du roman Les Puissants : Esclaves, les personnages s’étoffent, s’affirment… ou se contredisent. En cela , Luke Hadley est celui dont la personnalité est la plus travaillée, celle qui subit la plus grande transformation rapprochant ce premier tome d’un roman d’apprentissage : à Millmoor, il apprendra à se prendre en charge, mais, surtout, à se révolter contre le système établi, quitte à obéir aveuglément à Doc. Cela n’empêche pas Gavar Jardine de se détacher de sa trame initiale de brute épaisse pour s’orienter vers une psychologie (un peu) plus fine. En revanche, le plus fascinant de tous ces (nombreux) personnages reste également le plus mystérieux : le machiavélique Silyen, qui semble suivre sa propre voie, atome destructeur et libre. D’une écriture habile et rythmée, Vic James dévoile les rouages de son univers dans lequel chacun semble être un pion, une minuscule marionnette activée par l’ambition familiale et l’envie dévorante de s’accaparer le pouvoir. Malgré quelques faiblesses et quelques clichés manichéens, Les Puissants, tome 1, Esclaves est un premier roman saisissant et captivant par cette vision brutale de la politique et, parfois, de la fratrie… bon, si on ajoute les questions philosophiques (mais évitez de vous en servir comme référence au baccalauréat, vous risqueriez de frôler la bulle rouge bien ronde sur votre copie) comme de savoir s’il est vraiment possible de disposer de la vie de quelqu’un, sans oublier le thème de la soumission et des coutumes que l’on applique sans plus se poser de question, on obtient un roman foisonnant et intrigant. Ah ! Je vous avais dit que c’était dense ! Bref. Les Puissants : Esclaves est un premier tome superbement bien construit, qui parvient parfaitement à poser les bases de l’univers de Vic James tout en donnant envie de lire la suite. Avec Les Puissants, tome 1, Esclaves, Vic James signe une dystopie sombre et captivante. Qui se dévore en une bouchée.
À travers la minuscule vitre crasseuse et rayée de la camionnette, Luke aperçut Millmoor. Il ouvrit pour mieux voir, mais cela ne changea pas grand-chose. Ce n’était pas la vitre qui était souillée, mais l’air lui-même, baigné dans une lumière blême et sale.
Ils se trouvaient à vingt minutes de la maison, mais même à Manchester, on sentait l’odeur de Millmoor quand le vent soufflait dans la mauvaise direction. Il s’agissait parfois d’une puanteur âcre et chimique en provenance de la zone industrielle. Les Puissants, 1, Esclaves - Vic JAMES
Les détails du livre
Les Puissants, 1, Esclaves
Auteur : Vic JAMES
Traducteur : Julie LOPEZ
Éditeur : Nathan
Prix : 17,95 €
Nombre de pages : 440
Parution : 4 mai 2017
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Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure.... pour lire. So what?!
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