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Mars
2017
Comment voyager avec un saumon (Nouveaux pastiches et postiches) : bulle légère et pétillante
[Carozine dévore le roman Comment voyager avec un saumon (Nouveaux pastiches et postiches) - Umberto Eco]
J’ai la voix nasillarde, le nez digne d’une cheminée mal ramonée, mais rien ne m’arrêtera ! (Quoique… l’homme vient de lancer un documentaire sur l’un de mes groupes préférés participant aux 70.000 tonnes de métal, donc la concentration de tomate n’est pas vraiment au rendez-vous… Mais je résisterai à la tentation !) Bref ! Je suis sur les rails. Et aujourd’hui, je vous parle (enfin ?) de l’espèce de chose qui ne ressemble aucunement à un roman : Comment voyager avec un saumon, Nouveaux pastiches et postiches de Umberto Eco. Chose inclassable s’il en est. Mais hautement jouissive également. (Bon, alors, oui, précision de taille : nous sommes à mille lieues du célèbre Le nom de la rose. En territoire vierge et inconnu. Oui, oui. Ou presque.)
Prenons le cas précis des Carottiers de Pluton et des Boos d’Uranus. Initialement, on avait pensé les intégrer au Corps Mixte Lunaire qui, par règlement, se compose de patrouilles motorisées sur tracteur formées de deux Terriens (un bersaglier et un garde royal de la police montée canadienne) et de deux extraterrestres : l’exiguïté de l’espace oxygéné de la section antérieure du tracteur rendait impossible la coexistence des militaires qui avaient tous deux des chapeaux à larges bords ; en outre, il s’est avéré que les plumes de bersaglier contenaient des allergènes auxquels sont très sensibles les chevaux… Comment voyager avec un saumon (Nouveaux pastiches et postiches) - Umberto Eco
Comment voyager avec un saumon (Nouveaux pastiches et postiches) : un saumon, un mini-bar, Internet et un catalogue d’art…
… trouvez le point commun. Vous l’avez ? Oui ? Bravo ! Il s’agissait bien de l’esprit hautement survolté et espiègle de Umberto Eco. Avec Comment voyager avec un saumon, Nouveaux pastiches et postiches, vous rencontrerez donc une correspondance burlesque entre les membres de l’armée intergalactique au sujet de la masturbation vermifore, de plumes allergènes et de chapeaux trop larges (j’avais prévenu). Mais vous croiserez également le fameux saumon du titre, acheté à Stockholm et qu’il faut garder au frais sauf q’une panne informatique monstrueuse fait des siennes et empêche l’équipe de savoir quelles chambres sont libres ou occupées (du pur Ionesco). Mais vous apprendrez également comment inventorier du papier hygiénique (il suffit finalement de porter plainte contre X à chaque fois qu’il est utilisé et qu’il disparait donc des stocks) ou répondre à l’épineuse question « et tu les as tous lus [des livres] ? ». Instructif au possible.
À en croire les journaux, notre époque est troublée par deux grands problèmes : l’invasion des ordinateurs et l’inquiétante expansion du Tiers-Monde. C’est vrai, et moi je le sais.
Dernièrement, j’ai fait un voyage bref, un jour à Stockholm et trois à Londres. À Stockholm, j’ai eu le temps d’acheter un saumon fumé énorme, à un prix dérisoire. Il était soigneusement emballé dans du plastique, mais on m’a conseillé, puisque j’étais en voyage, de le garder au frais. Facile à dire. Comment voyager avec un saumon (Nouveaux pastiches et postiches) - Umberto Eco
Comment voyager avec un saumon (Nouveaux pastiches et postiches) : Umberto Eco au mieux de sa forme
Vous l’avez compris, il est impossible de résumer Comment voyager avec un saumon, Nouveaux pastiches et postiches. Mais on prend un immense plaisir à se promener entre ses pages. Il s’agit pour l’essentiel (Cacopédie mise à part) de chroniques parues dans L’Espresso de 1976 à 1997 et traitant (en vrac) de café, de repas en avion, d’informatique, de modes d’emploi, d’aide en ligne, de bibliothèques, de valises à roulettes, d’idiots, de télévision, de politique… j’en passe. Avec Comment voyager avec un saumon, Nouveaux pastiches et postiches, on plonge dans l’esprit espiègle et déjanté de Umberto Eco : c’est léger, érudit, brillant, drôle, hautement caustique et mordant, un poil cynique…
Que les imbéciles existent, c’est fatal. La seule chose que j’aimerais connaître, c’est le salaire des imbéciles qui s’occupent de ces choses-là. Comment voyager avec un saumon (Nouveaux pastiches et postiches) - Umberto Eco
Umberto Eco y délivre des réflexions sur absolument tout et rien, en même temps ; des sujets futiles au plus sérieux l’air de rien, et, parfois précurseurs (ah, cette vision de la religion by Apple et Windows !). Tout passe à la moulinette… Comment voyager avec un saumon, Nouveaux pastiches et postiches est une véritable tribune libre, malicieuse et perchée qui dégomme l’absurde, souligne nos petits (et grands) travers et autres paradoxes bien-pensants. Un vrai régal à lire et dévorer sans modération.
Ajoutons qu’en avion, les petits pois sont invariablement servis au moment où l’appareil traverse une zone de turbulences, quand le commandant conseille d’attacher les ceintures. Par conséquent, suite à un calcul ergonomique fort complexe, les petits pois n’ont qu’une alternative : se glisser dans le col ou atterrir au creux de la braguette. Comment voyager avec un saumon (Nouveaux pastiches et postiches) - Umberto Eco
Les détails du livre
Comment voyager avec un saumon (Nouveaux pastiches et postiches)
Auteur : Umberto Eco
Traducteur : Myriem BOUZAHER
Éditeur : Le Livre de Poche
Prix : 6,10 €
Nombre de pages : 283
Parution : 2000
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Comment voyager avec un saumon. Nouveaux pastiches et postiches
Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!
Autres lectures de Carozine : Roald Dahl, Le géant de la littérature jeunesse - hors série Lire & Gallimard Jeunesse.