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Harry Brown : l'enfer des cités fait film

[Critique du film Harry Brown de Daniel Barber]

28 Sept. 2010

Carozine regarde Harry Brown
La veille du départ de ce petit coin de paradis que fut la station balnéaire grecque Tyros, l'idée saugrenue de revenir à la réalité de la civilisation a traversé nos esprits endormis par la torpeur de la sieste, activité nationale grecque, et nous avons donc décidé de regarder le film Harry Brown, de Daniel Barber, sorti en 2009 en Grande-Bretagne. Mal nous en pris, car loin de nous remonter le moral en cette veille de jour funeste et détestable qu'est le retour au quotidien, Harry Brown nous a franchement démoralisé et nous aurait bien poussé à devenir sans papier sur les plages de galets non confortables de Tyros (heureusement qu'un vieil épisode de Mon oncle Charlie à l'humour caustique trainait dans un coin pour nous empêcher d'attraper des bleus à n'en plus finir à force de galets nous rentrant dans la peau). Harry Brown est un film éprouvant par son réalisme forcené mais mérite largement d'être vu, ne serait-ce que pour son sujet dérangeant qui, toutefois, démangerait probablement chacun d'entre nous dans une telle situation.

Harry Brown, un film à la noirceur dérangeante

Harry Brown [Daniel Barber]
Daniel Barber ouvre son film (Harry Brown, donc, au cas où vous auriez omis de lire le titre) sur l'introduction d'un gamin dans la bande de caïds d'une cité britannique et, accessoirement, sur le meurtre d'une jeune mère célibataire promenant bien gentiment son bébé dans un parc, choisie au petit bonheur la (mal)chance par deux compères à scooter, tel un pigeon à dégommer d'un toit.
Le ton est donné, il ne vous reste plus qu'à vous accrocher.
L'histoire ? Celle d'un retraité, ayant servi dans les Marines en Irlande du nord, amoureux d'échecs et venant de perdre successivement sa femme et son meilleur ami, retrouvé mort sous la torture dans le tunnel de la cité. N'ayant plus rien à perdre et face au désarrois d'une police incapable de mettre les coupables derrière les barreaux, Harry Brown, incarné par le magnétique Michael Caine, décide de faire sa propre justice et s'attaque à la bande de caïds semant la terreur. Et pour un petit vieux frôlant l'arrêt cardiaque dès qu'il court, il faut dire qu'Harry Brown ne manque ni de ressources, ni d'imagination !

You failed to maintain your weapon, Son!

Harry Brown, la justice porte les traits d'un petit vieux

Harry Brown & Michael Caine
Daniel Barber profite de son Harry Brown pour dépeindre de façon brutale (voire dérangeante afin de nous forcer à réfléchir sur nos cités, la justice, la tolérance face à la violence) des cités au bord de l'implosion, mais également une police dépassée par les événements qui finit par se tourner vers notre papy justicier pour lui imputer les meurtres des caïds, à défaut de pouvoir faire revenir l'ordre en inculpant des jeunes multirécidivistes pour qui tout cela n'est qu'un jeu et dont les interrogatoires ne mènent absolument nulle part. Le tout est plutôt bien filmé, dans des teintes sombres venant accentuer l'impression de malaise qui ne vous lâchera pas avant le dénouement du film ; quant à Michael Caine, il a trouvé un rôle en or et incarne à merveille le vieux justicier désabusé, faisant remonter à la surface sa violence et son machiavélisme d'ancien Marine, qu'il avait pris soin d'ensevelir pendant ses années de mariage en jouant les autruches. Harry Brown, de Daniel Barber, est un film à ne pas manquer et sans être particulièrement novateur, il n'en perd pas moins sa force dénonciatrice, malgré un scénario prévisible et quelques clichés.

La bande-annonce du film Harry Brown

Les détails

Petits secrets : Harry Brown

Réalisateur : Daniel Barber
Harry Brown : Michael CAINE
D.I Alice Frampton : Emily MORTIMER

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Harry
Brown

28 septembre 2010

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. . Caroline D.