En haut !

Butter : l'Amérique profonde et ses statues... en beurre

[Avis : le film Butter de Jim Field Smith]

26 Fév. 2013

Carozine regarde le film Butter
Après ces quelques flocons de neige, et pour vous éviter de vous retrouver fort déconvenu une fois les foules bravées et installé plus ou moins confortablement dans votre fauteuil de cinéma (car je suppose que Butter finira bien par sortir dans les salles obscures bien qu'aucune date ne soit clairement définie), il est temps de vous parler du (très) peu jouissif film Butter, comédie américaine pas franchement hilarante destinée à dépeindre les affres de la société outre-Manche, comme nos amis Américains aiment tant à le faire, sauf que cette fois-ci, c'est plutôt raté... ou du moins un peu trop politiquement correct pour être corrosif. Et quand on a pour objectif de faire une satire, il faut bien admettre que manquer de mordant peut se révéler éliminatoire. On imagine assez bien un professeur de collège s'énerver au stylo rouge sur le bulletin trimestriel de l'élève Jim Field Smith : "Résultats décevants ! Peu mieux faire !! Prestation terne". Et l'on en vient même à se demander ce que diable est venue faire dans cette galère la pétillante Jennifer Garner. Mais trêve de bavardages, passons au vif du sujet : le film Butter.

Butter : des sculptures et une ville en effervescence

Film : Butter [avec Jennifer Garner]
Il était une fois, dans l'Iowa (quel Etat plus pedzouille aurait-on pu choisir ?!), une petite fille, Destiny de son prénom, abandonnée par une maman qu'elle ne déteste pas mais comprend tout à fait du haut de ses dix ans (bah voyons), qui se retrouve, après bien des familles d'accueil toutes plus farfelues les unes que les autres, dans la famille bien blanche (dixit Destiny elle-même personnellement) d'Ethan et Jill Emmet. Au cours de ses déambulations, elle tombe devant la reconstitution fidèle (et taille réelle) de la Cène (oui oui, le dernier repas de Jésus, nous sommes dans l'Iowa, ne l'oublions pas) de Léonard de Vinci... en beurre. Car figurez-vous que la sculpture sur beurre fait fureur dans l'Iowa qui possède même son sculpteur en chef, l'indétrônable Bob Pickler. Indétrônable ? Peut-être pas tant que ça. Car le comité chargé d'attribuer le prix de la meilleure sculpture de beurre (vous comprenez mieux le titre du film, déjà, non ? Butter, butter, butter...) commence à se dire qu'il serait temps de passer la main et de laisser passer un peu de sang neuf dans ce concours. C'est, cependant, sans compter la machiavélique et ambitieuse femme de Bob : Laura Pickler. Coincée entre une adolescente ronchon et un mari volage (et harcelé par la strip-teaseuse avec laquelle il s'offre du bon temps), Laura Pickler n'a pas l'intention de baisser les bras et de laisser le prix de la meilleure sculpture de beurre à un novice ; elle a peut-être épousé un homme qui n'a pas la même ambition politique qu'elle, mais cela ne l'empêchera pas de tambouriner du poing et de participer au concours à la place de son mari (qu'elle a manifestement castré au cours de leurs exquises années de mariage). Le grand jour, Laura Pickler se voit donc contrainte d'affronter Destiny, petite prodige de la sculpture sur beurre et s'attirant la sympathie du public par un discours larmoyant, mais surtout la strip-teaseuse de son mari, bien déterminée à extorquer de l'argent au benêt. La place est libre aux coups bas et autres déclarations asssassines... du moins en théorie.

Butter : une méchante et une gentille bien trop caricaturales

Film : Butter [Jim Field Smith]
Le souci de Butter est que jamais, ô grand jamais, le film n'ose entrer dans le politiquement incorrect, dans le grand remue-ménage et dans le corrosif. Butter reste un film aussi lisse qu'une plaquette de beurre et aussi peu savoureux que du beurre doux, et pour une Bretonne, ce n'est pas peu dire. Certes, Laura Pickler (Jennifer Garner) est délectable dans son rôle de femme délaissée, manipulatrice et ambitieuse... mais caricaturale. Quant à Destiny (Yara Shahidi), elle est d'une mièvrerie affligeante, adorable bout de chou sirupeux et dégoulinant de bons sentiments, horripilante en somme. Le film Butter n'aurait-il pas largement profité de personnages moins manichéens ? D'une dénonciation sociale un poil plus poussée et un peu moins orientée (après tout, Desperate Housewives a largement ouvert la voie) ? Butter manque de mordant, de cette volonté de rentrer dans le lard, pour parler franchement, et, enfin, d'une bonne dose d'humour ou ne serait-ce que d'ironie (car, finalement, le seul moment vraiment amusant du film est quand la strip-teaseuse rockeuse et rebelle enfourche... son VTT rouge). Les réparties bien senties sont trop peu nombreuses : comparé à un Thank You for Smoking qui tirait dans tous les coins, Butter est bien insipide. Une comédie satirique condescendante et moralisatrice, il n'y a rien de pire.
P.S.: le film devrait sortir au cinéma, en France, en mars 2013.
P.S[2]: pour ceux qui en douteraient encore, oui, je me fiche comme d'une guigne que l'on n'apprécie pas mes critiques !

La bande-annonce du film Butter

Les détails

Petits secrets de Butter

Créateurs : Jim Field Smith ; Jason A. Micallef
Laura Pickler : Jennifer GARNER
Bob Pickler : Ty BURRELL
Brooke : Olivia WILDE
Jill Emmet : Alicia SILVERSTONE
Destiny : Yara SHAHIDI
Boyd Bolton : Hugh JACKMAN

26 février 2013

What's the gist, physicist?

Plus de cinéma avec Carozine : Young Adult ou le refus de grandir

. . Caroline D.