5
Jan.
2016
Si c’est la fin du monde [We all looked up] : quatre réponses pour une question métaphysique
[Carozine découvre le roman Si c'est la fin du monde - Tommy WALLACH]
« En retard, en retard, je suis en retard en retard, je n’ai pas le temps de dire… » Bonjour ! Bien la bonne année à vous tous et, pendant que l’on digère les excès des fêtes, je continue de lire. Of course. Le livre du jour ? Un roman américain de Tommy Wallach : Si c’est la fin du monde (We all looked up, en VO), qui devrait paraître aux éditions Nathan Jeunesse (ça, c’est un fait indéniable) le 7 janvier 2016 (là, on va faire confiance au communiqué de presse). Il est préconisé aux adolescents de 14 ans et plus… je ne suis pas entièrement d’accord, mais je vous en reparle dans la suite de cette première chronique de l’année (un peu de teasing ne fait de mal à personne... quoique) : Si c’est la fin du monde, de Tommy Wallach. Attachez vos ceintures, ce billet va secouer un peu (normal, c'est la fin du monde). Oh ! Et que vos lectures soient riches et nombreuses en cette année 2016 ! (A défaut d'avoir un portefeuille bien rempli, évidemment... Mais je vous le souhaite également, tiens !)
« C’est pas la fin du monde », déclara Stacy.
Peter baissa les yeux sur elle. Il était resté un long moment le regard vide, tourné vers le ciel, à repenser à sa brève conversation avec Mr McArthur. Il ne savait toujours pas trop comment la prendre.
« Quoi ?
—J’ai dit que ce n’était pas la fin du monde. Quelqu’un ne t’aime pas, et alors ?
—Tu crois vraiment qu’il ne m’aime pas ?
Stacy soupira. Ils en avaient déjà parlé quinze bonnes minutes, ce qui, Peter le savait parfaitement, faisait quatorze minutes de plus que ce que sa copine acceptait de consacrer à une discussion sérieuse. Si c'est la fin du monde - Tommy WALLACH
Si c'est la fin du monde : une météorite et quatre adolescents
Histoire de changer un peu des tremblements de terre, des tsunamis et autres joyeusetés, la Terre est menacée par une météorite bleue, nommée Ardor, qui devrait éradiquer notre ravissante planète dans deux mois. Si même le président Obama en perd le latin qu’il n’a jamais appris pendant que Michèle essuie discrètement des larmes, l’affaire est grave. À Hamilton, quatre adolescents se côtoient sans vraiment se connaître, chacun étant enfermé dans le carcan imposé par la société et les rumeurs du lycée, incapable de s’en libérer. Incapable ? Pas entièrement. Car Ardor va secouer ce joli monde, faire tomber les étiquettes et pousser nos quatre adolescents à se poser une seule (et essentielle) question : que faire de sa vie quand notre avenir est en péril ?! Peter Roeslin, star athlétique du lycée et beau gosse de service, se pose déjà la question après qu’un professeur lui a sournoisement demandé si une vie facile n’était pas une sorte de victoire à la Pirrhus ; ne serait-il pas autre chose qu’une bête de sport pas vraiment futée ? Anita Graves, l’intello façonnée par des parents ambitieux la percevant comme un investissement, a, elle aussi, déjà entamé le processus de métamorphose. Eliza Olivi, la passionnée de photographie, se perd entre les rumeurs qui font d’elle ce qu’elle n’est pas réellement et en oublie le plus important. Enfin, Andy Rowen, le skatteur punk un poil je-m’en-foutiste doté de parents ayant jeté l’éponge, devra également choisir sa voie. Feront-ils le bon choix ? Ah !
—Je ne lis pas tellement, vous savez. En dehors des bouquins d’école, je veux dire.
—Alors, je vais répondre pour vous. Les meilleurs livres ne parlent pas de choses auxquelles vous n’aviez jamais réfléchi avant. Ils parlent de choses auxquelles vous avez toujours réfléchi, mais dont vous pensiez que personne d’autre n’y réfléchissait. Vous les lisez, et d’un seul coup vous êtes un petit peu moins seul au monde. Si c'est la fin du monde - Tommy WALLACH
Si c'est la fin du monde : un roman jeunesse un peu trop conventionnel
Avec ses cheveux en bataille et son écharpe négligée, Tommy Wallach semble à peine échappé de l’adolescence et, à 32 ans, il signe avec Si c’est la fin du monde (We all looked up… dont, d’ailleurs, les droits cinématographiques ont déjà été achetés) son premier roman. Alors, oui, il parvient parfaitement à nous plonger dans le microcosme adolescent, ses turbulences, ses questionnements et ses quêtes parfois superficielles. Mais alors je n’ai pas franchement accroché. Et j’ai même mis un paquet de temps à terminer ce livre, ce qui est extrêmement rare… et fait donc mentir la citation précédente, car qui n’a jamais réfléchi au sens à donner à sa vie, à la fin du monde et comment vivre si elle arrivait demain ? Mais Si c’est la fin du monde est à mille lieues des « meilleurs livres » mentionnés. Je ne suis vraiment pas fan de l’écriture un peu trop pauvre de Si c’est la fin du monde, aux allures pseudo jeune (le « craignos » est-il toujours à la mode ?!) et aux phrases loin d’être élaborées. Niveau éblouissement, on repasse. Ensuite, Si c’est la fin du monde veille consciencieusement à faire évoluer ses personnages, à leur éviter le cliché qui leur est affublé en début de roman, mais j’aurais aimé que Tommy Wallach élève un peu le débat. J’aurais aimé nettement plus de réflexion sur l’importance de se trouver, de savoir quelle personne on souhaite devenir, de se libérer du carcan de la société. En revanche, j’ai apprécié l’interconnexion entre les personnages, le fait que Tommy Wallach nous offre une facette différente de la personnalité de l’un des membres du karass dans chaque chapitre (oui, la structure est classique : un chapitre par personnage). L’aspect kaléidoscope de ce roman est intéressant, d’autant qu’il permet d’exploiter différentes visions, différents choix. Si c’est la fin du monde sait éveiller un certain intérêt pour ces quatre héros engoncés dans les turpitudes de l’adolescence : on est curieux de savoir où Si c’est la fin du monde va nous conduire, d’autant que le texte reste émaillé de quelques réflexions intéressantes sur l’acceptation sociale, la contrainte parentale, la peur de rater sa vie. Verdict ? Bilan plutôt mitigé pour ce roman de Tommy Wallach ; je n’ai pas été emportée par Si c’est la fin du monde qui, malgré une intrigue qui tient la route, reste un peu trop au niveau des pâquerettes pour intéresser un adulte qui (normalement) sait déjà que nous ne sommes pas obligés de rentrer dans la norme pour trouver le bonheur. Vous me direz, ça tombe plutôt bien, puisqu’il s’agit d’un roman jeunesse. Certes.
(…) En vérité, tout ce dont nous devrions nous inquiéter est déjà à l’oeuvre sur la planète Terre.
—Je croyais que tu me disais de ne pas avoir peur.
—Je t’ai dit de ne pas peur de l’astéroïde. Nous sommes au vingt-et-unième siècle. Les océans débordent. Des dictateurs tarés ont accès aux armes nucléaires. Le corporatisme et le nivellement par le bas des médias ont détruit jusqu’aux fondations de la démocratie. Pour ne pas avoir peur, il faudrait vraiment être débile. Si c'est la fin du monde - Tommy WALLACH
Les détails du livre
Si c'est la fin du monde
Auteur : Tommy WALLACH
Éditeur : Nathan Jeunesse
Prix : 17,90 €
Nombre de pages : 237
Parution : 7 janvier 2016
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Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!
Autres lectures de Carozine : Deux manchots sur un glaçon : un album pour tout-petits non dénué d’humour. Pour les ados : La Passe-miroir, tome 2, Les disparus du Clairedelune : une suite qui emporte et tourbillonne.