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Les enfants de Venise : roman fleuve dans toute sa puissance

[Carozine dévore le roman Les enfants de Venise - Luca DI FULVIO]

Carozine lit le roman Les enfants de Venise - Luca DI FULVIO
La semaine dernière, j’ai eu une chance inouïe : je suis tombée sur deux romans qui m’ont follement plu. Le premier, je vous en ai parlé il y a une poussière de jours, il s’agissait du roman déjanté de Jim Dodge, Stone Junction. Et le second, j’ai l’intention de vous en parler, là, maintenant, tout de suite, présentement : le roman de Luca di Fulvio, Les enfants de Venise. Le nom de Luca di Fulvio ne vous dit peut-être pas grand-chose, en revanche, si vous traînez vos yeux fatigués de temps en temps sur Instagram (ou tout au réseau social), je suis à peu près certaine que vous êtes forcément tombé sur le raz-de-marée provoquée par un autre de ses romans : Le gang des rêves (qui est, d’ailleurs, une lecture programmée et qui attend bien sagement dans un petit coin de mon salon que j’aie enfin le temps de m’y plonger). Donc voilà. L’homme n’est pas un illustre inconnu. Et j’ai eu raison de ne pas me méfier de cette déferlante Luca di Fulvio sur la petite blogosphère car Les enfants de Venise est un roman qui m’a incroyablement plu et que j’ai eu bien du mal à lâcher pour aller me coucher ou même faire à manger (et vu l’appétit d’ogre que j’ai ces derniers temps, ce n’est pas peu dire).

Le chariot des ordures, le "char à merde", comme on l'appelait dans le quartier de l’Angelo, passait une fois par semaine, le lundi. Ce lundi-là, après cinq jours de pluie ininterrompue, il peinait à avancer dans l'espace étroit du vico della Pescheria, et par moment, les moyeux des roues frottaient contre les murs des maisons. Les cinq forçats enchaînés aux brancards, de la boue jusqu'aux chevilles, ahanaient pour tirer les roues hors des trous où elles s'embourbaient. Leurs chausses de mauvaise laine, lourdes et trouées, étaient crottées jusqu’à l’aine. Les enfants de Venise - Luca DI FULVIO

Les enfants de Venise : des âmes perdues convergeant vers la Sérénissime

Les enfants de Venise - Luca DI FULVIO [ed. Slatkine et cie]
Nous sommes en 1515 et les rues bondées de Rome empestent effroyablement sous l’effet de la crasse, des marchandises avariées et autres joyeusetés macabres qui jonchent la ville. Parmi les silhouettes affairées, l’une se détache : enfiévrée et anxieuse, elle suscite rapidement l’intérêt de deux gamins dépenaillés qui ont senti la bonne affaire. Shimon Baruch, avec son petit bonnet imposé aux Juifs, tente de se frayer un chemin et d’échapper aux deux bandits pour mettre ses pièces d’or à l’abri. Manque de bol, il est tombé sur plus malin que lui : Mercurio se matérialise sous les traits d’un compatriote généreux décidant de prendre sa défense… et l’allégeant discrètement de sa bourse au passage. La petite clique de gamins des rues, composée du jeune et fringant Mercurio, de la belle et rousse Benedetta, et du frêle Zolfo se retrouve rapidement pour partager le butin. Mais Shimon Baruch n’a pas dit son dernier mot et, après l’avoir laissé pour mort dans un terrible règlement de compte, la petite bande en guenilles prend la fuite... direction Venise. A quelques kilomètres de là, la belle Giudetta (ou du moins rebaptisée de la sorte pour ne point trop attirer l’attention des Vénitiens) et son arnaqueur de père, Isacco, prennent également la route de Venise pour échapper à la réputation du père (spécialiste des amulettes ne valant pas un clou) ; croisant la route de l’armée menée par le capitaine Lanzame, le père se transforme alors en docteur de fortune jusqu’à Venise.

Il pouvait survivre dans une fosse d'égout à Rome et dans une cité aussi mystérieuse que Venise, il était capable de monter des arnaques, de se servir d'un couteau, de vider les poches de n'importe qui sans se faire prendre, de mélanger la chaux vive à la terre pour recouvrir les morts ; il s'était battu avec des hommes deux fois plus grands que lui, il avait tué un marchand, tenu tête à Scavamorto et fait la conquête d'un criminel comme Scarabello. Il savait tout de la vie. Mais il ne savait rien de l'amour. Les enfants de Venise - Luca DI FULVIO

Les enfants de Venise : un roman puissant et mélodieux

Les enfants de Venise - Luca DI FULVIO [ed. Slatkine et cie]
Bien évidemment, les routes de ces protagonistes vont se croiser, les fils des destins vont se lier pour mieux se dénouer au gré des choix de chacun, des jalousies intestines et des vengeances cruelles. Avec Les enfants de Venise, Luca di Fulvio nous offre une fresque magnifique qui nous emporte dans les ruelles bouillonnante de Venise, entre les méandres tracés par l’eau omniprésente. Les décors sont merveilleusement campés, le cadre historique absolument parfait, bref, tous les ingrédients sont présents pour nous transporter sur les traces de ces personnages charismatiques, tous menés par un objectif les faisant nécessairement converger les uns vers les autres, dans une intrigue orchestrée avec brio. Luca di Fulvio parvient à mêler habilement l’infiniment romantique avec l’infiniment cruel ; violence et amour se déchaînent entre les pages du roman Les enfants de Venise, sur fond de misère, de haine et de chaos. Les enfants de Venise est un roman fleuve dans toute sa splendeur, une magnifique fresque au souffle romanesque qui emporte et émerveille par cet apprentissage de l’Amour, de l’amitié et de la tendresse. Alors, oui, j’ai hâte de découvrir l’autre roman de Luca di Fulvio, car j’ai comme le pressentiment que je ne serai pas déçue.

La vérité n'a pas la moindre importance. Ce qui compte, c'est ce qu'on affirme, en dépit même de l'évidence. Des jeunes gens de bonne famille, à Rome, sont ordonnés évêques ou cardinaux à quinze ans parce qu'un jour ils deviendront papes. On ne demande pas à ces jeunes gens ou à ces papes de ne pas avoir des bataillons de maîtresses ou de ne pas se livrer à la perversion, mais simplement d'affirmer le contraire. Et tout l'apparat est là pour le confirmer. Rappelle-toi : dans notre monde, la vérité est celle qu'écrivent les puissants. En soi, elle n'existe pas. Les enfants de Venise - Luca DI FULVIO

Les détails du livre

Les enfants de Venise

Auteur : Luca DI FULVIO
Traducteur : Françoise BRUN
Éditeur : Slatkine et cie
Prix : 23,00 €
Nombre de pages : 797
Parution : 4 mai 2017

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Les enfants de Venise

Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!

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. 4 November 2021. Caroline D.