2
Nov.
2018
Les chants du large : poétique et envoûtant
[Carozine dévore le roman Les chants du large - Emma HOOPER]
Le temps de récupérer un minimum de sommeil (et ce ne fut pas simple après une semaine intensive au travail et des nuits réduites à… hmmm…. voyons… ai-je vraiment envie de me faire du mal à ce point ? Oui ? Allez ! 2h de sommeil. Ah ! Voilà, c’est dit), et me re-voilà, je n’irai pas jusqu’à dire fringante, ce serait honteusement mentir, mais, du moins, le neurone à peu près câblé. Et je ne reviens pas pour rien, non non ! Aujourd’hui, après les citrouilles et autres têtes de mort flottant au plafond, maintenant que le calme est revenu (façon de parler), je vous parle du dernier roman que j’ai lu : Les chants du large, d’Emma Hooper. Il ne vous reste plus qu’à prendre votre ciré et des bottes de pluie, car nous allons affronter le vent chargé d’embruns et les tempêtes qui malmènent les bateaux.
Il était une fois une sirène dans les eaux vert-noir de la nuit, reprit Finn. Et parce que les sirènes en ont besoin, elle chantait. Des chansons tristes, des chansons sur le mal du pays, nuit après nuit, au milieu de centaines de milliers de poissons. Et la seule qui pouvait l’entendre, c’était une fille.
Une fille solitaire, dit Cora.
Oui, une fille solitaire. Une orpheline. Quand elle confectionnait ses noeuds et écoutait la sirène, elle se sentait un peu mieux. Elle passait toute la nuit allongée à tisser son filet en écoutant les chansons.
Et alors, une tempête… Les chants du large - Emma HOOPER
Les chants du large : un petit garçon prêt à sauver le monde (rien que cela)
Il était une fois (oui, pour une fois, cette amorce n’est pas usurpée, il s’agit bien d’une fable moderne), un petit garçon, Finn Connor, âgé de onze ans et vivant avec sa soeur, Cora, quatorze ans, et ses parents sur une petite île dans le grand nord canadien. Une petite île battue par les vents et la pluie. Une petite île qui est son monde, lui qui n’en connaît pas d’autre. Une petite île devenue exsangue suite à la fuite de ses habitants pour cause de disparition des poissons. Devant les finances au ras des pâquerettes et une boulangerie fermée, puisque le boulanger est parti faire de la mécanique en Alberta, les parents de Finn prennent une décision lourde conséquences : se relayer l’un l’autre, chaque mois, pour aller travailler dans les camps éparpillés au fin fond de l’Alberta. Histoire d’offrir une vie meilleure à leurs enfants. Pendant que Finn joue de l’accordéon avec Mrs. Callaghan, seule rescapée de l’île avec les Connor, et qu’il écoute, chaque soir au téléphone, l’histoire de ses parents, Cora transforme les maisons inhabitées en livres de tourisme et les parents s’absentent…
Avant de se coucher, il glissa la tête sous le rideau de la fenêtre pour compter les feux de navigation des bateaux dehors, sur l’eau. Finn avait pris cette habitude à trois ans, un soir où il avait eu très peur parce qu’il y avait des vents forts et que son père était en mer. Cora était entrée dans sa chambre pour lui dire de se taire, ses pleurs l’empêchaient de dormir. Elle lui avait conseillé de se calmer tout seul en comptant les lumières des bateaux sur l’eau. Ces feux de navigation brillants signifiaient que les bateaux étaient en sécurité.
Depuis, Finn les comptait chaque nuit, que son père soit en mer ou pas, que le vent soit faible ou furieux. Lumières brillantes égalent bateaux en sécurité. On aurait dit des étoiles à l’envers. Les chants du large - Emma HOOPER
Les chants du large : un roman au rythme des vagues
Je vous le dis tout de suite, tenez vous éloigné de la quatrième de couverture du roman Les chants du large. Oui, oui. Parce que sinon, vous passerez votre lecture à attendre. Au lieu de prendre votre temps. De savourer. Car la plume d’Emma Hooper fait tout pour vous absorber, pour vous emporter sur ce petit coin de terre isolé de tous. Les chants du large vous transporte à Big Running, petit village aux maisons éparpillées et aux habitants soudés, prêts à tout, même à écouter un petit garçon haut comme six pommes, pour ne pas quitter leur île tant aimée. Et pourtant. Cela ne suffit pas. Les placards désespérément vides sont plus forts que les appels à la résistance de Finn et l’île continue de se vider. J’ai été passionnée par cette histoire si douce, ce petit garçon cherchant à lutter contre l’irrémédiable, voulant à tout prix rendre la vie à son île natale. Mais également par l’histoire des parents de Finn, qui, à travers leur amour, font vivre le passé flamboyant de l’île, les pêcheurs et les soirées au coin du feu, les lumières des bateaux… Avec beaucoup de tendresse, Emma Hooper parvient à nous captiver, à nous envoûter avec Les chants du large, chant de sirène qui nous conduit jusqu’à la fin, émouvante, belle et tendre de ce roman singulier, un brin naïf et pourtant si puissant à travers tout ce qu’il ne dit pas. Les chants du large fourmille de musique, de légendes et de « tout », comme répond si bien Mrs. Callaghan à Finn qui lui demande « Et après ? ». « Et après, tout. » Et c’est un peu ça pour Les chants du large. « Et après, tout. » Emma Hooper, avec Les chants du large, nous chuchote une belle histoire, un brin féérique, follement envoûtante.
Cora passait presque tout son temps dans la maison vide de leurs voisins à lire des guides de voyage empruntés à la bibliothèque-bateau ou à composer des chansons lentes sur son violon. Finn, qui n'avait pas le droit d'entrer, aimait s'asseoir sur le perron pour l'écouter. En général, Cora laissait la fenêtre du salon entrebâillée, si bien qu'il pouvait lui parler. Parfois, quand il ne pleuvait pas, il apportait aussi son accordéon au cas où elle voudrait jouer avec lui, mais elle ne choisissait jamais les airs qu'il connaissait. Les chants du large - Emma HOOPER
Les détails du livre
Les chants du large
Auteur : Emma HOOPER
Traducteur : Carole HANNA (Our Homesick Songs)
Éditeur : Les Escales
Prix : 21,90 €
Nombre de pages : 368
Parution : 4 octobre 2018
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Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!
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