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Le livre perdu des sortilèges : une sorcière, un vampire... et une pléthore de péripéties

[Critique du roman Le livre perdu des sortilèges - Deborah HARKNESS]

29 Juin 2012

Après quelques jours passés à dévorer Le livre perdu des sortilèges (un mini pavé, oui oui), Carozine est donc de retour pour un nouvel article sur ce premier livre de Deborah Harkness, malgré quelques neurones en moins pour cause de Fête du Vin bordelaise. Estampillé d'un effroyable macaron rouge lui attribuant le prix des lecteurs 2012, Le livre perdu des sortilèges intrigue surtout par sa couverture sombre sur laquelle se dressent de hautes tours de pierre... et son titre, évidemment ! Bref. Passons aux choses sérieuses. Plongeons dans la magie. Les sorcières... et les vampires, of course. Cela fait diablement cliché (merci la mièvrerie Twilight ou encore la chasseuse de vampires au pieu annihilateur en guise de pic à chignon, j'ai nommé Buffy) mais Le livre perdu des sortilèges est rondement mené, malgré la sempiternelle et niaiseuse (bonjour mes amis du Canada !) romance à l'eau de rose (pléonasme qui ne couvre que partiellement l'étendu de la couleur barbe à papa de la chose... fort heureusement le reste de l'aventure compense largement et il en faut pour tenir en haleine sur un tel pavé).

Le livre perdu des sortilèges : des clichés mais pas que

Le livre perdu des sortilèges - Deborah HARKNESS [Ed. Le Livre de Poche]
Il était une fois une sorcière issue d'une longue et admirable lignée de sorcières, Diana Bishop. Diana, suite à la perte de ses parents à l'âge de 7 ans, vit dans une maison qui n'en fait qu'à sa tête avec des tantes farfelues, mais surtout Diana a renoncé à la magie (du moins le prétend-elle) pour faire des étincelles dans une brillante carrière universitaire, en tant que spécialiste en alchimie. Cependant, la magie ne reste jamais bien éloignée des sorcières et Diana, au cours de ses recherches à Oxford dans la Bodléienne, met la main sur un étonnant manuscrit, l'Ashmole 782 dont la couverture palpite sous ses doigts. A peine le manuscrit sorti de son antre que démons et vampires sortent de leurs tanières pour espionner et menacer Diana. L'Ashmole 782 serait-il le livre que toutes les créatures attendent, celui qui dévoilerait le commencement et l'extinction des espèces ? Parmi ces sombres créatures, un vampire (eh oui, Deborah Harkness n'échappe pas à la mode Twilight, mais au moins ses vampires ne scintillent pas telle la robe de Dona Summer ou autre star du disco) élégant et digne d'une statue grecque, Matthew Clairmont, attire les pensées et les sentiments de Diana... qui va plonger dans de folles aventures à la découverte de ce manuscrit.

Le livre relié de cuir n'avait rien de remarquable. Pour un historien ordinaire, il était, comme des centaines d'autres manuscrits de la Bibliothèque bodléienne d'Oxford, usé et ancien. Mais je sus qu'il avait quelque chose d'étrange dès l'instant où je l'eus entre les mains. En cet après-midi de la fin de septembre, la salle de lecture Duke Humfrey était déserte et les demandes de consultation étaient rapidement traitées, maintenant que la cohue des stages d'été était terminée et que la folie de la rentrée n'avait pas encore commencé. Malgré tout, je fus surprise quand Sean m'appela au comptoir.
— Docteur Bishop, vos manuscrits sont prêts, chuchota-t-il avec un rien de malice.
Il épousseta soigneusement les traînées brunâtres des antiques reliures de cuir sur le devant de son pull jacquard.Le livre perdu des sortilèges - Deborah HARKNESS

Le livre perdu des sortilèges : de la recherche et une fin... pour une suite ?

Deborah HARKNESS [Le livre perdu des sortilèges (c) Marion-Ettlinger]
Prenons les choses dans l'ordre, je vous prie. L'histoire abrégée semble classique (car après tout les romances interdites avec les vampires fleurissent chez nos libraires) mais Deborah Harkness distille des éléments qui nous font tenir jusqu'à la dernière page : l'ADN des créatures est décortiqué pour en extraire toutes les informations possibles et imaginables sur la lignée et les capacités magiques de la chose ; le mode de fonctionnement des fratries de vampires est fascinant ; la Congrégation semble bien menaçante et il faut bien admettre que Le livre perdu des sortilèges déborde d'imagination et, en prime, est bien écrit. Mais (il faut toujours un mais, vous l'admettrez), l'héroïne est un poil agaçante par sa naïveté, son refus d'utiliser la magie (et pourtant, comment diable parvient-elle à faire tant de choses ?! mystère et boule de gomme...) mais surtout sa capacité à rester pétrifiée quand il faudrait sérieusement qu'elle s'active (ce en quoi elle me rappelle ce glandu à gros pieds qu'est Frodon). La romance avec son protecteur de vampire est prévisible ; elle n'en reste pas moins agréable à lire pour réveiller le côté fleur bleue qui sommeille au plus profond de vous. Mais alors madame Deborah Harkness, certes, la (non) consommation de l'union est palpitante, on en convient, toutefois était-ce important au point d'en oublier de faire une fin digne de ce nom ?! Je vous le demande ! Vous entamez Le livre perdu des sortilèges sur les chapeaux de roue en ouvrant des pistes à tout va, des démons machiavéliques, des sorcières pernicieuses, un manuscrit comportant l'évolution des espèces, une Congrégation despote.... et vous l'oubliez dans les dernières pages. C'est bien mignon de nous faire tourner les pages à toute allure dans l'attente de la suite des aventures de notre sorcière qui a le chic pour s'attirer tous les ennuis possibles et imaginables, mais encore faudrait-il clore décemment ses aventures ! On a pas idée de finir un roman sur une chiquenaude ! Non mais je vous jure...
En résumé, Le livre perdu des sortilèges est haletant malgré quelques facilités et vaut la peine d'être dévoré... mais n'espérez pas être comblé par la fin ! Ou peut-être suis-je trop exigeante ? Peut-être attendé-je trop une guerre Congrégation vs. Conventicule à la façon de Game Of Thrones ?!

Le manuscrit qui avait semblé retenir sa fiche de consultation était sur le dessus de la pile. Le dos était orné des armes d'Elias Ashmole, un alchimiste et bibliophile du XVIIe siècle dont les livres et documents avaient été versés au fonds de la Bodléienne par le musée Ashmoléen au XIXe, avec celui-ci, le numéro 782. Je tendis la main et effleurai le cuir bruni. Une petite décharge me la fit retirer prestement, mais pas assez ; le tressaillement remonta dans mon bras, me donnant la chair de poule jusqu'aux épaules et à la nuque. Elle disparut rapidement, mais elle me laissa une sensation de vide et de désir inassouvi. Ébranlée par cette réaction, je reculai.Le livre perdu des sortilèges - Deborah HARKNESS

Les détails du livre

Le livre perdu des sortilèges

Auteur : Deborah HARKNESS
Editeur : Le Livre de Poche
Prix : 8.60 €
Nombre de pages : 840
Parution : 2 mai 2012.

29 juin 2012

Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!

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. . Caroline D.