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La vieille qui voulait tuer le bon dieu : polar décapant

[Carozine s'amuse avec le polar La vieille qui voulait tuer le bon dieu - Nadine MONFILS]

27 Jan. 2014

Parmi la (longue) liste de livres que j’avais discrètement soumise au débonnaire Père Noël (et qui me servait également de liste d’anniversaire, autant faire d’une pierre deux coups) figurait le dernier roman /polar de Nadine Monfils (que j’avais découvert avec La petite fêlée aux allumettes… et, promis, je vais tenter d’arrêter les parenthèses jusqu’à la fin de cette introduction, ce sera le défi de ce jour... mais je terminerai celle-ci en remerciant bien bas le tonton Avrel de la famille qui a mis ce polar entre mes mains) : La vieille qui voulait tuer le bon dieu. Changement de style radical après le délicieux et merveilleux Les fiancés de l’hiver, mais je dois dire que j’ai retrouvé avec plaisir le style inimitable de Nadine Monfils, ce mélange incomparable d’argot, de beaufitude et de vulgarité qui est franchement réjouissant. Et puis bon, Mémé Cornemuse est tout simplement impayable et vaut, à elle seule, le déplacement parmi les pages de La vieille qui voulait tuer le bon dieu.

La vieille qui voulait tuer le bon dieu : le retour de Mémé Cornemuse

La vieille qui voulait tuer le bon dieu - Nadine MONFILS [Ed. Belfond]
Par une soirée comme toutes les autres, dans la petite ville (presque -vous remarquerez, d’ailleurs, que le défi de l'introduction fut relevé avec brio) inexistante de Pandore, Ginette décide de prendre le chemin des écoliers, chargée comme un mulet par les litres de bières qu’elle rapporte à son bedonnant mari qui se trouve désormais bien loin de l’image glamour qu’elle en avait, et tombe sur une petite boutique qui vend, ô miracle, une paire de chaussures jaune canari, je vous prie, qui appartenait à Lady Di. Il n’en fallait pas moins pour que Ginette les embarque malgré leur prix exorbitant. Chaussée de jaune et légère comme une plume, Ginette rencontre un rôdeur avec qui elle s’envoie en l’air sur un parking sordide… pendant que son Marcel se fait trucider allègrement et découper en petits morceaux. Et que faire de ce cadavre encombrant ? Pas de panique, Mémé Cornemuse, qui vient d’emménager dans l’immeuble en tant que concierge qui vaut son pesant de cacahuètes, a la solution : l’empaqueter, le mettre en combustion dans la chaudière et l’affaire est réglée. Sauf que le beau-frère décide également de se faire assassiner et découper en petits morceaux. Flûte. Mémé Cornemuse prend à nouveau les choses en main, tout en préparant un braquage forcément foireux, en renouant avec un fils dont elle avait oublié l’existence… et que Ginette mène l’enquête (et ce n'est pas peu dire).

La vieille se rendait régulièrement chez son voisin, prétextant que sa montre, à laquelle elle était très attachée, puisqu’elle lui venait de sa tante Berthe, ne marchait plus. Aussitôt réparée, Mémé Cornemuse la détraquait, ne se privant pas de traiter d’incapable le bijoutier confus. Ainsi, elle pouvait en toute quiétude repérer les lieux et faire des croquis à Jef, qui n’y comprenait rien vu qu’elle dessinait comme un pied. La vieille qui voulait tuer le bon dieu - Nadine MONFILS

La vieille qui voulait tuer le bon dieu : déjanté (comme souvent avec Nadine Monfils)

La vieille qui voulait tuer le bon dieu - Nadine MONFILS [Ed. Pocket /parution le 20.02.2014]
Mémé Cornemuse, la vieille bique (que l'on pourrait rapprocher de Tati Danielle ou de Ma Dalton, d'ailleurs) nymphomane amoureuse de Jean-Claude Van Damme, reprend donc du service dans des aventures pas piquées des hannetons : encore une fois, avec La vieille qui voulait tuer le bon dieu, Nadine Monfils nous emporte dans un tourbillon de grand n’importe quoi, mais qui, néanmoins et de façon fort paradoxale, tient la route. Savoir qui a osé découper les gros benêts, pas si gentils garçons, est moins important (voire secondaire) que de s’imprégner du décor et des personnages (il y a d’ailleurs une sacrée galerie de locataires, tous plus improbables les uns que les autres et la vie de l'immeuble est dépeinte de façon fort délectable pour qui a connu et souffert des joies du voisinage) ; et, dans le genre personnage qui dépote, Mémé Cornemuse se pose là. Autant dire qu’elle ne se repose absolument jamais ! Elle dézingue à tout va, sans se soucier des dommages collatéraux, élabore des plans fumeux et, effectivement, cherche à dégommer le bon dieu. Mémé Cornemuse est une sacrée trouvaille, une perle des personnages de polar avec sa gouaille et son caractère incisif. La vieille qui voulait tuer le bon dieu décape furieusement grâce à ce personnage central, soutenu par une intrigue abracadabrante et une variété rocambolesque de personnages secondaires.

- Je ne mens pas. Je suis jeune parce que je l’ai décidé et c’est ce qui compte. Voilà. Et si ça vous plait pas, j’me casse et j’vais voir une autre agence. Y en a des tas.
- Ce sera pareil, croyez-moi ! Il faut assumer votre âge ! même pour vous, vous vous sentirez mieux, vous verrez.
- Ah oui ? Tu penses, patate, que ça va me réjouir de me dire que j’ai l’âge de Mère Teresa quand elle sucrait les fraises à Calcutta ?
- Ne vous énervez pas, chère madame. Ce n’est pas une tare d’être âgée, certifia la punaise.
- Nooon ! T’as pas idée comme c’est comique d’être vieux ! Bon, moi, je me casse. Si t’es pas cap de me dénicher un mâle bien membré, j’ai plus rien à faire ici. La vieille qui voulait tuer le bon dieu - Nadine MONFILS

Les détails du livre

La vieille qui voulait tuer le bon dieu

Auteur : Nadine MONFILS
Editeur : Belfond
Prix : 19 €
Nombre de pages : 247
Parution : mars 2013.

27 janvier 2014

Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!

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. . Caroline D.